Cependant, une année auparavant, le 5 mai 1949, un autre événement avait marqué l’actualité: la création du Conseil de l’Europe à Strasbourg suite au Congrès de la Haye et le discours de Churchill, dans lequel il appelait à la création d’un Conseil de l’Europe pour prévenir les atrocités de la guerre.
Quel bilan pour cette organisation de Strasbourg qui réunit aujourd’hui 47 démocraties européennes y compris la Russie, la Turquie et les pays du Caucase?
L’Europe réconciliée. Le Conseil de l’Europe a réussi son élargissement à l’Est, en étant la première structure à avoir répondu positivement au voeux des pays ex-communistes à rejoindre la grande famille européenne.
La coopération. On a besoin de structures de coopération intergouvernementale en Europe à l’image du Conseil de l’Europe. Dans un continent où on a de plus en plus tendance à croire que les lois sont imposées par Bruxelles par le biais de réglements et de directives, il existe une place pour une structure dans laquelle les pays coopèrent, et font avancer l’idée européenne à travers des conventions et des accords que les pays sont libres de signer et de ratifier.
Les valeurs. L’Europe représente aussi un concept de valeurs partagées et ne se limite pas au grand marché unique. Les valeurs défendues par le Conseil de l’Europe telles que les droits de l’homme, la démocratie pluraliste et l’Etat de droit relèvent pour certains de l’imaginaire et dans cette sphère (malheureusement) les gouvernements ne sont pas prêts à investir. Pourtant dans un monde de plus en plus globalisé, mais aussi de plus en plus atomisé, et dans un monde où le marché a le dernier mot, ces valeurs devraient être mises en avant comme matière consolidatrice de nos sociétés.
Les symboles. Qui sait que le Conseil de l’Europe a été à l’origine du drapeau européen en 1955, de l’adoption de la 5ème symphonie de Beethoven en tant qu’hymne européen, et qu’il a autorisé par la suite (30 ans plus tard) leur utilisation par l’Union européenne? Ces symboles ont un sens et ne remplacent pas les symboles nationaux comme certains pays le craignent, mais les complètent par le haut.
L’action. Ce formidable laboratoire d’idées que représente le Conseil de l’Europe, a produit près de 200 conventions dans des domaines du droit international frappés par un vide juridique. Des conventions dans le domaine de la protection des minorités, protection du paysage, domaine culturel, protection des enfants, protection des données etc. Son domaine d’excellence reste la protection des droits de l’homme avec entre autres la Convention européenne des droits de l’homme et la Cour européenne des droits de l’homme. La Cour, qui procure aux Européens une ultime chance de protection de leurs droits, fêtera en 2009 ses 50 ans d’existence.
Il est à regretter aujourd’hui que le budget de l’organisation de Strasbourg est équivalent, à titre de comparaison, au montant consacré par l’Union européenne au titre de ses activités de traduction et d’interprétation, à savoir quelques 200 millions d’euros. Ce manque de moyens signe la mort pour des activités essentielles pour le Conseil de l’Europe. Le manque de rentabilité pourrait-il justifier les coupures de budget? La culture pourrait-elle être rentable? Et les droits de l’homme?
Dans l’espoir de ne plus voir l’Europe en guerre, prévenir ne vaut-il mieux que guérir?