Un ensemble de faux problèmes, estime Peter Olson, ancien président de Random House... Selon lui les vraies questions seraient plutôt les suivantes :
Contenus enrichis et matériel amélioré
Du très lourd... Car Peter ne fonde pas ses réflexions sur les baby-boomers, mais plutôt les générations suivantes, qui ont 15 ou 6 ans aujourd'hui. Si la concurrence améliorera et stimulera la lisibilité pour les appareils, tout en faisant baisser les prix plusieurs points restent à transformer. Les innovations apportées aujourd'hui aux appareils sont mineures : tactile, couleur, WiFi, etc. Autant de points qui seront réglés à l'avenir et simplifieront la vie.
Mais ces apports techniques doivent reposer à l'avenir sur des ajouts et des enrichissements des livres : à la fin de ma lecture de Lolita, il serait tout naturel de disposer de bonus comme c'est le cas pour un DVD. Comment Nabokov écrivait, sa biographie, des extraits manuscrits, et ainsi de suite. Le livre numérique doit devenir un portail vers autre chose, et apporter des recommandations sur d'autres lectures pour inciter à la découverte.
Le problème de la tarification : moins cher
Mais le problème du prix n'est jamais loin et le tarif d'un ebook devrait réellement être indexé sur les coûts réels de créations, loin des discours fallacieux. Faire la promotion d'un livre papier épargne de la refaire pour la version électronique : moralité, les coûts baissent. « Environ la moitié des coûts disparaissent dans le monde de l'ebook, depuis le loyer du libraire et son personnel », explique Peter.
Pour un livre qui coûterait 10 $ en version papier, on peut donc en sabrer au moins 4,5 $ : pardon d'enfoncer des portes ouvertes. Et ce n'est pas déconsidérer la valeur des livres numériques ni le travail de l'éditeur que de dire cela : juste de comprendre que le livre numérique coûte moins cher. Mais ainsi qu'on nous l'a expliqué hier un acteur important du numérique en France, le marché est encore petit et on préfère maintenir des prix hauts pour compenser l'absence de volume des ventes.
« Environ la moitié des coûts disparaissent dans le monde de l'ebook, depuis le loyer du libraire et son personnel »
En outre, Peter imagine, chose impossible chez nous, un prix dégressif avec le temps et estime que tout ce qui est de l'ordre du domaine public devrait être très peu cher. Voire gratuit...
L'avenir de l'éditeur : travailler intelligemment
Venons-en enfin à l'évolution des rôles dans l'industrie. Si de nouveaux entrants arrivent sur le marché, comme éditeurs, distributeurs et autres, nul doute qu'Amazon, encore lui, a déjà pris une avance considérable. Mais dans ce nouvel univers, la fonction des éditeurs ne va pas disparaître, elle va simplement évoluer. Et certaines fonctions n'auront simplement plus de raison d'être : la gestion des stocks, l'inventaire, etc. En quoi ces éléments ont un intérêt pour l'univers numérique ?
« Il y a une vie après la mort pour les éditeurs, mais seulement dans une configuration simplifiée, recentrée et en travaillant de façon constructive avec les distributeurs en ligne et les auteurs pour s'assurer que la lecture de livres n'est pas l'ultime perdant de la révolution numérique », conclut Peter. Mais il sera toujours bon que l'on dispose de personnes pour choisir les livres que le public découvrira...