Pas beaucoup de temps libre, pendant encore quelques jours.
Je signale juste deux papiers intéressants :
- l'un de Jacques Sapir dans Marianne 2, une bonne analyse des résultats des européennes ("Les comentateurs du 7 juin sont aveugles"). Pas encore de solution positive mais analyser correctement la situation est un excellent premier pas ;
- l'autre papier, très complémentaire, est de Malakine, sur Horizons ("L'impossible refondation du PS") ;
- le dernier est de Guillaume Bachelay, secrétaire national du PS chargé de l'industrie.
Chez ces deux auteurs, comme pour pas mal de monde d'ailleurs, il me semble que le 7 juin a été l'occasion d'un raidissement contre l'Union européenne. Aussi bien Sapir que Malakine ont tenté de promouvoir des solutions européennes et de gauche à la crise, pensant sans doute qu'une sortie de l'Union européenne était chose impossible. J'ai comme l'impression qu'après la baffe du 7 juin, ils se sont libérés des grands desseins européens.
On va pouvoir enfin réfléchir à une politique de gauche dans le seul cadre politique dont nous ayons la maîtrise ("nous" désignant les électeurs français). Même Guillaume Bachelay, cadre du PS, analysant le 7 juin dans Le Monde écrit ceci : "A cet égard, faire l'impasse sur les frontières de l'UE a été une faute collective : l'Europe à vingt-sept ne doit pas seulement être sociale, elle doit être différenciée. Redonner vie à l'ensemble européen dans la mondialisation suppose de lui fixer un cap et des limites."
On peut lire cela comme une invitation pour le PS à refuser l'entrée de la Turquie dans l'Union. J'y vois surtout le constat par un responsable de haut niveau du PS que la construction d'un état européen (réalité cachée derrière l'euphémisme de "construction européenne") n'est pas souhaitable. L'Union européenne a atteint ses limites, ce ne sera jamais au mieux qu'une structure de coopération intergouvernementale, et c'est tant mieux. Pour les démocrates européens, à l'égard de l'Union européenne - ce projet techno-tyrannique - après le containment, voici venu le temps du rollback. Comme l'écrit Sapir "Il faudra bien accepter de revenir sur les directives européennes et rappeler que, si nous ne sommes pas dans une construction fédérale, alors les lois de chaque Nation sont à nouveau supérieures."
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Il y a comme cela de légères inflexions du discours qui me semblent porteuses de bien plus d'espoir de renouvellement et de progrès que toute la mousse autour des primaires. Qu'en pensez-vous ?