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Le temps de la monocratie est arrivé

Publié le 12 juin 2009 par Juan
Le temps de la monocratie est arrivéJeudi soir, le grand coup que nous préparait le président fut dévoilé : le 22 juin prochain, il parlera devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Et le 23, il changera son gouvernement. "Enfin seul" titrait le Point. Pas sûr !
Masquer l'échec
Nicolas Sarkozy a tenté, par cette annonce opportunément "fuitée" dans la presse de reprendre l'avantage. la semaine avait si bien commencé. Les médias dans leur ensemble, à l'exception de Marianne, France Inter et quelques autres, célébraient la victoire UMPiste dimanche soir. Il a fallu 2 jours au Monde pour publier un article de Patrick Roger sur l'ampleur de l'abstention populaire. L'UMP dimanche a perdu quelques 6 millions de voix par rapport au scrutin présidentiel. Quand aux autres partis ...
Mercredi vers 17 heures, le Conseil Constitutionnel infligea une gifle sans borne au projet HADOPI. Les opposants à cette loi se réjouissent. Trop tôt sans doute, car la décision constitutionnelle  de retirer à l'HADOPI la faculté de sanctionner au profit d'un juge ... pénalise la sanction. Qui a gagné ? Mais pour les médias, dans leur ensemble, encore une fois, la messe était dite: Sarkozy était désavoué. Il fallait reprendre l'initiative.
Cette maîtrise du calendrier politique est la marque de fabrique du sarkozysme au pouvoir : le président français est désormais seul à bord. Il parle seul, débat seul, remanie seul, contrôle et déstabilise seul. Le clan UMP lui est dévoué. Il lui a sauvé la mise dimanche dernier. Le 22 juin prochain, le président français a préparé un ordre du jour sur mesure. Il convoque les députés et sénateurs en Congrès à Versailles, "pour présenter ses propositions en matière de politique européenne ainsi que son projet économique et social" après le scrutin européen du 7 juin. On attend de savoir si les députés de l'opposition auront le courage de boycotter ce déplacement inutile. 
Jeudi, Nicolas Sarkozy rencontrait à nouveau Angela Merkel. Conscient de la victoire du PPE lors des élections européennes, ils ont apporté leur soutien à la candidature de José-Manuel Barroso à sa propre succession à la tête de la Commission européenne en novembre. "Nous soutiendrons la candidature de M. Barroso, sans ambiguïté", a affirmé le président français. Il a aussi tenter de convaincre que ce soutien n'était pas sans contre-partie: Barroso doit défendre un "programme". Les écologistes, les socialistes (sauf les espagnols et les portugais) et même les centristes appellent à d'autres candidatures contre Barroso. Un appel insuffisant au regard du rapport de force électoral au Parlement né du scrutin du 7 juin...
Déstabilisation politique
Le 23 juin, Nicolas Sarkozy devrait annoncer son remaniement gouvernemental. Il cherche l'ouverture. A défauit de trouver des "gros poissons", il se rabattra sur du menu fretin, quitte à le cantonner à des missions (comme Martin Hirsch, Jack Lang ou Michel Rocard). Dernière idée en date, nommer  Paul Giacobbi, député radical de gauche de Haute-Corse, dans le prochain gouvernement. Quelle prise ! Les proches du chef de l'Etat s'emballent. Pour mieux masquer une ouverture qui ne vient pas, ils choisissent la déclaration d'amour  : «Je ne verrais aucune objection à ce que Daniel Cohn-Bendit entre au gouvernement», a ainsi déclaré la secrétaire d'État Fadela Amara. Brice Hortefeux rêve de Marielle de Sarnez (MODEM). Le Figaro avoue que "Nicolas Sarkozy veut porter le coup de grâce à Bayrou". A moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle manœuvre pour déstabiliser le landernau socialiste.
Un journaliste politique de France 3 a rapporté comment il a été traité de "crétin" et de "honte de la profession", pour une simple raison : il a écrit un bouquin, "L'Enfant terrible", dans le lequel il rapport quelques anecdotes désagréables, comme la fréquentation régulière d'un "gourou" qui procure des "ondes positives" au président. A l'entendre, on pourrait croire qu'il parle de scientologie.Sarkozy est comme ça: mystique, et manipulateur.
La réalité économique reprend le dessus
Après Hadopi mercredi, la crise se rappelle au bon souvenir du monarque jeudi. Le directeur du pôle emploi s'alarme de la prochaine rentrée de septembre. Quelques 187 800 emplois ont été détruits au premier trimestre 2009 d'après l'INSEE (175 000 d'après le pôle emploi).  Tous les secteurs ont souffert (industrie, tertiaire) comme tous les statuts (intérim, CDD, CDI).  Un million de chômeurs de plus devraient venir grossir les files d'attente du service "public" surchargé. Pôle Emploi embauche quelques dizaines de CDD pour faire face, avant d'installer une sous-traitance privée dès septembre. Charpy a annoncé 500 recrutements précaires pour renforcer les plates-formes téléphoniques de son service...  Le même directeur, Christian Charpy, a été violemment critiqué. Alain Lecanu, président du comité d'évaluation de Pôle emploi, a critiqué la désorganisation du service public de l'emploi. En période de crue du chômage, cela fait désordre : selon lui, les personnels sont «bousculés» (conjoncture, RSA, perspective d'inscription massive à la rentrée). Il a surtout fustigé le directeur général : «Il nous faut à la tête du service public de l'emploi un vrai patron, qui vienne du privé car Pôle emploi n'est pas une administration comme l'était l'ANPE mais une entreprise». Le pauvre et stressé directeur du pôle emploi a dû répondre aux critiques: il a expliqué que son mandat "relevait du président de la République"...
Nicolas Sarkozy pourrait s'inquiéter également de la possible faillite de ... Thomson. L'ancien fleuron français des écrans de télévision et d'électronique grand public n'a plus que quelques jours pour éviter le dépôt de bilan. La réalité éthique de Sarkofrance reprend aussi le dessus: le 16 juin prochain, Nicolas Sarkozy assistera aux obsèques d'Omar Bongo, l'ancien président du Gabon, décédé le weeek-end dernier, et grand supporter de la Françafrique.
Finalement, le président français a-t-il raison de se préoccuper ainsi de sa survie à l'Elysée ? On imagine déjà sa réaction inquiète, dans quelques semaines, quand les séquestrations de cadres dirigeants reprendront, quand des agriculteurs énervés bloqueront les grandes villes.
"L'insurrection qui vient" n'est pas le livre de chevet du Monarque.
Peut-être a-t-il tort.&alt;=rss

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