Pour justifier la pertinence de ses propos, un lecteur a écrit :
"Si vous lisiez avec plus d'attention ce que je peux écrire avec mon cerveau certifié licence sciences po Paris, études en cours, vous ravaleriez sûrement votre jugement péremptoire."
Et je me demande si l´on peut avec intelligence mettre en avant des diplômes universitaires ou des grandes écoles pour prétendre valider un " dire" qui ne permettrait aucune objection.
La question est légitime parce que ce type d´argument consiste à légitimer un discours politique et/ou à authentifier une vérité en vertu d´une formation académique délivrée par des professionnels du Savoir, que celui-ci relève de la science politique ou autre.
Il ne s´agit pas ici de remettre en question le prestige des grandes écoles, ni le caractère pluridisciplinaire de leurs formations mais bien davantage, de se demander s´il suffit d arguer d´un diplôme en poche pour faire taire les opposants et prétendre détenir la vérité.
Au-delà du cas d´espèce que je vous cite, je me pose les questions suivantes :
1) le Savoir est-il en soi un gage de l´intelligence ?
2) Permet-il assurément de dispenser la bonne parole politique?
3) Peut-on, les yeux fermés, s´en remettre à nos jeunes diplômés et nous déresponsabiliser de la chose publique ?
Le bon sens qui n´a nul besoin de diplôme répondra aisément :
1) On peut être titulaires de nombreux diplômes et cependant franchement idiots, voire ignorants des règles de vie les plus élémentaires;
2) La vérité en politique ne saurait être un dogme qui s´enseigne;
3) Le devoir de chaque citoyen est de se sentir responsable de ce qui se joue dans la Société civile et d´y participer.
Mais alors dirait Candide, s´il n´existe pas de vérité politique et que nos Hautes Ecoles ne dispensent qu´un Savoir académique, comment éviter les erreurs, que faut-il faire et à qui s´en remettre ?
La vérité politique est un chemin personnel semé d´embûches mais elle ne saurait correspondre à un dogme.
Comme toute recherche, elle nécessite un questionnement propre à nous faire bouger de nos certitudes, pour les vérifier à l´aune des faits et des analyses. La bonne foi est de rigueur.
Bien sûr, elle nécessite de ne pas jouer du Savoir, ne pas brandir un diplôme à venir, pour laisser entendre que l´on détient la Vérité et glorifier ainsi son égo.
Plus simplement, ne peut-on dire que l´intelligence en général et l´intelligence politique en particulier, nécessite des qualités de cœur, des vertus qui s´acquièrent en premier lieu par le respect de l´Autre ?
Ne peut-on dire que cette intelligence s´accompagne d´une écoute de qualité ?
Ne peut-on dire que le cheminement authentique dans la réflexion et l engagement politique passe par l´acceptation d´un dialogue qui se veut ouvert et non en assénant des insultes pour disqualifier ceux qui pensent autrement ?
Il est vrai que cela nécessite du courage.
Rachel Franco
Jérusalem le 12 Juin 2009