Les fils de Dieu sont convaincus de la tendresse du Père . On en connaît qui, s’ils ont beaucoup de peine, osent faire à Dieu des reproches affectueux. Devant les grandes misères dont il est témoin, l’Abbé Pierre ose écrire un chapitre qu’il intitule, parlant à Dieu : « Pourquoi ? » Et telle sainte canonisée, mais en son temps éprouvée, ose faire filialement des reproches à Dieu, lui disant : « Vous êtes dur, Seigneur, pour vos amis ! C’est pour cela que vous en avez si peu ! ». Et telle fille de Dieu au cœur apostolique, qui n’arrive pas aux résultats qu’elle souhaite, ose dire avec respect filial, mais avec force : « Pourquoi ne m’aides-tu pas ? Pourquoi permets-tu cet échec ? Montre-moi ton amour ! »
Saint Paul avait bien dit : « Poussés par cet Esprit, qui fait de nous des fils de Dieu, nous crions vers notre Père en l’appelant : ’Abba’ », c'est-à-dire en lui donnant le nom de tendresse que les enfants donnent au père dont ils se sentent aimés.
Se découvrir fils de Dieu avec Jésus, c’est un émerveillement. La première lecture de ce jour nous donne le ton dans notre émerveillement devant l’amoureuse unité de la Trinité, et notre participation à cette unité. Nous y entendons un prophète s’écrier, dépassé par la merveille : « Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu ! »
Mais il y a un suivi à la découverte de cette merveille : c’est la mission. Vous qui vous laissez conduire par l’Esprit, vous qui vous savez fils de Dieu avec le Christ, sa mission est la vôtre : « Allez, de toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ! ». Se savoir fils de Dieu avec Jésus, c’est recevoir sa mission avec lui, c’est partager sa mission. Les pères et mères de familles qui sont fils et filles de Dieu conduiront leurs enfants à la foi ; les travailleurs conduiront, comme Bakanja, leurs compagnons de travail à la découverte du Père, du Fils et du Saint Esprit, pour qu’ils se laissent conduire eux aussi. La vie des consacrés, si elle est fidèle à leur consécration, montrera l’unité de la Trinité, donnera envie d’en connaître les racines, de s’y trouver intégré.
Dans la maison du Père, il y a beaucoup de demeures. Et il y a beaucoup de manières d’être fils de Dieu, conduits par l’Esprit. Il n’est pas de condition humaine qui n’ait la sienne. Contempler mon Père du ciel, contempler mon frère Jésus, accueillir l’Esprit Saint comme celui qui me conduit, s’émerveiller de l’unité amoureuse du Père, du Fils et de l’Esprit, au sein de laquelle il m’est donné de vivre, c’est la voie de chacun, là où il se trouve. Que chacun, sur cette voie étende les deux mains, pour entraîner avec lui, sur cette voie, tous ceux et celles qui cherchent leur chemin. (fin)
Jean M. Van Parys
DIA