« Le problème c’est que les gens ne savent pas que la Techno ce sont des gros noirs qui l’ont inventé », voilà ce que nous disait Grems en février dernier lors de notre face à face. Personnellement je dirai que la Techno de Détroit m’a emmené vers la musique électronique et m’a permis d’ouvrir des portes que je n’aurai jamais cru pouvoir atteindre. Alors lorsque j’ai écouté le dernier album de Octave One « Summers on Jupiter », ce fut un véritable plaisir de redécouvrir cette énergie omniprésente depuis leurs débuts, et le titre « Blackwater » paru en 2001. Une énergie symbole de la passion de cinq frères pour la Techno, qui ne passe pas inaperçue lors des prestations live de Lenny et Lawrence Burden… Je pense que ceux d’entre vous présents au Rex le 10 avril dernier auront pu le remarquer !
Ils reviennent donc, pour nous, sur la scène de Détroit, leur vision de la Techno, et leur dernier album « Summers on Jupiter ». Une interview en guise de focus sur ces précurseurs, fers de lance de la seconde génération des producteurs de Détroit aux cotés de Underground Resistance, Robert Hood ou encore Carl Craig…
« The problem is that people still don’t know that Techno has been created by black guys», here is what the french Hiphop artist Grems said in an interview to us last february. Personally i would say that Detroit’s Techno took me to electronic music, and permit myself to open some doors that i never thinked i could ever reach. So, when i heard the last Octave One’s Album « Summers on Jupiter », it was a real pleasure to rediscover the energy that make their succes, with songs as the legendary « Blackwater » published in 2001. An energy symbol of a passion of three brothers for Techno music, that couldn’t be unoticed when you have ever assist to one of theirs shows… And you can’t say the contrary if you were at Rex club last April in Paris !
They go back on, for us, the Detroit scene, their vision of Techno music, and their last album « Summers on Jupiter ». An interview by way of focus on thoses old timers, spearhead of the second generation of Detroit Techno producers beside Underground Resistance, Robert Hood or Carl Craig…
Lorsque l’on se penche sur votre carrière, depuis ses débuts dans les années 80, on pourrait la comparer à une espèce d’organisme en constante mutation, se nourrissant et évoluant au gré du temps et des courants, absorbant sur son passage des éléments allant de la Techno à la House en passant par le Hiphop. Cependant avec votre dernier album « Summers on Jupiter », on a l’impression que cet organisme a fait un bond en arrière pour revenir aux bases de la Techno de Détroit, seriez-vous nostalgiques du bon vieux temps ?
Les choses paraissent toujours plus reluisantes lorsqu’on les regarde avec du recul.
Mais je ne voudrai pas retourner au temps où nous ne savions pas à quoi nous en tenir, parce que nous dépensions tout notre argent dans des équipements musicaux.
When we focus on your career, we can heard that your music universe is a kind of constant mutation organism, feeding itself and evolving with elements from techno to house and even Hiphop. But, with your last album « Summers On Jupiter », we got the impression that this organism have made a step back to what he was younger, to your basics Detroit’s techno roots, so my first question, did the Burden’s brothers feel a kind of nostalgia about the good old days ?
Things seem to always look better in retrospect. But I wouldn’t want to go back to the days when we literally didn’t know where the next meal was coming from because we spent all the money buying musical equipment.
Nous assistons actuellement à un énorme « come back » de la Techno de Détroit, et tous les yeux semblent une nouvelle fois braqués vers la Motor City, ressentez-vous ce regain d’énergie là-bas ? Et en quoi cela affecte-t-il la scène locale ?
Nous ne sommes vraiment pas les bonnes personnes à qui il faut demander ce qu’il se passe à Détroit car nous vivons depuis deux ans à Atlanta. Par contre ce que je peux te dire, c’est que nous rentrons tout juste du « Mouvement Festival » où nous jouions il y a quelques jours, et il me semble que l’essence de la ville cherche véritablement à retourner aux sources du son. C’est toujours bon de voir des gens s’amuser sur de la « Funky electronic music ».
We are going through a huge coming back to the basics of Techno, all eyes are once again turned to Detroit, so did you feel this revival of interest over there ? And does it affect the local scene ?
We really aren’t the guys to ask about what’s going on in Detroit, we have lived in Atlanta for the last 2 years. But I will tell you we just got back from playing the Movement Festival in Detroit a few days back, and the spirit of the city is very much reaching to the roots of the sound. It’s always good to see folks gigging to funky electronic music.
Qu’est-ce qui, selon vous, rendrait les producteurs de Détroit intemporels ?
Ceci est probablement dû au fait que durant de longues années, les artistes de Détroit n’étaient pas influencés par les tendances. Or ne pas évoluer dans ce milieu de la « Dance » rendait difficile de savoir ce qui était dans le vent, du moins c’était comme ça avant qu’internet ne rende le monde plus petit.
Les temps ont bien changé maintenant, mais dans un passé pas si lointain, la plupart d’entre nous faisions de la musique pour impressionner les autres producteurs de Détroit. Nous essayions toujours de faire quelque chose d’original, quelque chose de « HOT ».
What do you think Detroit’s artists have, that make them timeless ?
Probably the fact that Detroit artists for years really were not influenced by trends in dance music. Not being in the middle of dance scene, it’s very difficult to know what’s hot at the time, at least it was before the internet made the world smaller. Times are different now, but in the not so distant past, most of us making music in Detroit just made music to impress the other producers in Detroit. We were always trying to do something original, something HOT.
Vous faites partie de ce que l’on appelle « la seconde génération » des producteurs Techno de Détroit, ce qui signifie que vous étiez au coeur du cyclone lors de la rivalité qui opposait la Motor City à l’Europe au début des années 90. Aujourd’hui les pionniers, comme vous, jouent beaucoup dans le vieux continent. Peut-on donc considérer cette histoire comme définitivement oubliée ou ressentez-vous toujours une sorte de compétitivité envers les producteurs européens ?
Pas vraiment. Nous avons toujours admiré le fait que les producteurs européens soient capable de bâtir une puissante scène électro, nous en sommes plus reconnaissant que tout. Nous n’avons jamais vraiment eu le support nécessaire pour pouvoir faire la même chose aux Etats-Unis.
You’re also part of the second generation of Detroit’s techno producers and you’ve been in the storm center of the music history with this Europe/Detroit rivality in the early 90’s. Nowadays pionners, like you, play a lot in Europe, so is this past, or do you still feel a kind of competition with Europe’s producers ?
No really. We always admired that fact that producers in Europe were able to grow a massive scene for Electronic Music, more greatful than anything. We never really got the support to make this mainstream in the USA.
Au passage, quels sont vos artistes français favoris ?
Laurent Garnier et Agoria sont vraiment de très bons producteurs.
By the way, what are right now your favorites french artists ?
Laurent Garnier and Agoria, really great producers.
En parlant des années 90, il y avait à cette époque un précepte positionnant le DJ comme un simple intermédiaire entre le son et l’audience, quelle est donc votre opinion sur l’ascension actuelle du DJ au statut de mythe, comme dans le rock ?
Avec l’expansion de la musique électronique, comme dans toute évolution musicale, l’apparition de « stars » est inévitable, cela fait partie du processus. Dans la Dance, le DJ a toujours était l’équivalent du chanteur dans un groupe de rock. Quand le public et la presse se sont mis à chercher un visage à mettre sur une musique, c’est naturellement vers le DJ que leurs yeux se sont tournés. C’est cool, car sans les DJ’s cette musique n’aurait jamais existé. Hey, trois des cinq frères Burden (Octave one est une grande famille) sont DJ’s !
I was talking before about the 90’s, at this period there was a precept that the DJ was an intermediary between the sound and the audience, so what is your opinion of the current ascent of the DJ to myth figure, like in rock music ?
With the growth of electronic music, like the growth of any genre of music, ‘stars’ a bound to rise, its part of the process. In dance music, the DJ has always been like the lead singer in a rock band. When the audience and press looked for a face to put to the music, the DJ was the natural choice. It’s cool, without DJs, this music would not exist. Hey, 3 out of 5 of the Burden brothers are DJs.
Lors de vos performances live vous transmettez énormément d’énergie à votre public, c’est tellement impressionnant qu’à la fin du show je me demandais… Comment ces mecs font-ils pour toujours être autant impliqués et passionnés par leur musique après autant d’années ?
Nous aimons composer et jouer cette musique sur scène, c’est notre vie. Se connecter en « live » avec les gens est un sentiment unique en son genre, spécialement lorsque tu joues ta propre musique. Il t’arrive des fois d’être fatigué, mais quand tu penses à toute l’énergie que la foule peut te retransmettre, tu sais que ça en vaut la peine !
I have attented to two of your « lives », in Paris and in Barcelone, and each time you’ve transmited so many energy to your public, it was amazing, at the end of the show i was asking myself… How this guys are doing, to still be that much energetics/passionated after all thoses years ?
We love making and performing this music. Its our life and connecting live with people is a feeling like no other, especially when your playing your own music. You may get tired sometimes, but as soon a you get the energy back from the crowd, you know its a worth it.
Et comment vous sentez-vous après vos performances ? Satisfaits ?
Personnellement je pense que j’aurai pu mourir heureux le lendemain, sans aucun problème…
Extrêmement motivés ! C’est comme si nous finissions avant même d’avoir commencé ! Physiquement nous sommes épuisés, et cela prend un certain temps pour redescendre de sa « perche ». Mais plus que tout, nous sommes prêts pour jouer de nouveau !
And how do you feel after a performance ? Satisfied ?
Me, i’ve feeled like i could die peacefully the day after…
Very pumped up, its like it ends before it begins. Physically, we’re exhausted, but it takes a long time to come off the “high”. More than anything, we’re ready to play again.
Tout compte fait je compte bien rester vivant, du moins jusqu’à la fin de l’été ! Mais en parlant de mort, en regardant les titres et l’artwork de votre dernier album « Summers on Jupiter », cela m’a fait penser à une sorte d’interprétation de l’apocalypse, éclairs, pyramide, etc… Connaissant le penchant des pionniers de la Techno de Détroit envers le mysticisme et les théories fantastiques, il doit bien y avoir un message derrière tout ça, non ?
Nous essayons de ne pas donner d’explication à notre musique. Il est important que celle-ci soit définie par la personne qui l’écoute, et le travail artistique se doit d’être provoquant. C’est une bonne chose d’entendre plusieurs interprétations différentes de nos chansons de la part de différents auditeurs. « Summers on Jupiter » est une évasion ultime pour tous, une merveilleuse façon de s’échapper, c’est un voyage de la pensée. Il faut prendre l’album à partir de là.
Speaking of death, when I looked at the names of the songs and furthermore the artwork of your last album (with the pyramid), it reminded me the 2012’s Mayas mythology, about the end of the time, the apocalypse… We know that Detroit’s pionners like to include fantastic or scientific theories around their songs so… what is the one of « Summers on Jupiter » ?
We really try not to explain our music. Really, music should be defined by the listener, and the artwork should be thought provoking. It’s a great thing when you hear many different interpretations of your tracks from many different listeners. ‘Summers on Jupiter’ is the ultimate escape for us, an amazing getaway. A mind trip. You take it from there.
Peut-être aurons-nous un jour la chance de voir les cinq frères Burden réunis sur scène ?
Peut-être un jour, qui sait ce que l’avenir nous réserve…
Maybe one day will we have the luck to see all the Burden’s brothers together in a live set ?
Maybe one day. Who knows what the future hold…
Un mot de la fin ?
L’entrevue fut agréable, autant que de jouer à Paris. Nous espérons pouvoir y revenir très bientôt !
The interview was great fun as was playing in Paris. We hope to return soon !
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