Magazine Beaux Arts

Venise in, off ou out

Publié le 11 juin 2009 par Anne Malherbe

Venise in, off ou out - épisode 2
Nous avions donc un contact — un contact incertain, issu d'un pays lointain, spécialiste en fêtes genre sex & drugs, et qui se trouvait alors nécessairement à Venise, puisqu'il semble que pendant ces quelques jours toute personne indispensable sur la terre doive être à Venise. Avec un peu chance, nous le verrions en personne. Nous n'attendions que son appel.
En attendant nous flairions les bons plans.
Or les Biennaleux se repèrent vite grâce aux sacs en tissu récupérés à divers cocktails et vernissages (sacs qui permettent, beaucoup mieux qu'un Marc Jacobs, de distinguer un VIP de la Biennale d'un touriste lambda, et qui aura ensuite pour utilité de permettre le passage à la caisse "nature" de Monoprix). Après trois ponts et quatre canaux, nous avions vite fait de repérer un couple à sac en tissus. Ils avaient l'air de savoir où aller. Nous les suivîmes. Cela dura le temps de deux ponts et trois porches. Après quoi, ils s'arrêtèrent. Prenant l'air assuré, nous nous engageâmes dans une ruelle. Quelques secondes plus tard, le couple au sac s'engouffrait derrière nous.
Il fallut bien nous rendre à l'évidence: ils nous suivaient.
Point positif: nous étions désormais sûres d'avoir la tenue adéquate.
La soirée avançait. Toujours pas de message. Aurions-nous arboré notre gloss Dark Prune pour rien ? Oh, enfin des connaissances ! oups, le gloss a l'air de déplaire à Madame et beaucoup plus à Monsieur. Le conflit d'interêt semble insoutenable. Ils nous saluent. Nous ne saurons rien.
A Venise, comme il y a des ponts, des palais et des canaux partout, on peut avoir le sentiment de n'aller nulle part. Des foules à l'allure biennaleuse nous rassurent cependant sur le fait que nous nous dirigeons bien vers le bon endroit. La stratégie est efficace ! Nous arrivons vers un palais illuminé. Enfin ! Il y a des serveurs en veste blanche, un buffet dévasté, des personnes à sac en tissu et à coupe de Champagne. Ah, tiens, il y a des oeuvres aussi, quelques photos et une vague installation perdue dans un couloir où personne ne va. Le Champagne n'est malheureusement pas du Billecart-Salmon. On s'en va (point positif : nous avons nous aussi notre sac en tissu).
Finalement, texto salvateur. "Apéritif peut-être dans demi-heure."
D'ici là, repérons.
Etrange... les têtes connues semblent errer, perdues et solitaires. Ici, deux galeristes qu'on n'aurait jamais imaginé se promener ensemble. Là, un collectionneur et sa maîtresse. Sans doute attendent-ils tous l'heure fatidique où tout commence vraiment. Ou alors, c'est qu'ils se dirigent déjà vers les places secrètes de la Biennale.
Ce qui est particulier, aussi, à Venise, c'est que l'étroitesse des rues et le silence presque absolu font résonner les voix de la même façon que dans une pièce vide. On y perd le sens du but — comme si l'on était déjà arrivé quelque part. Mais où ?
La demi-heure se passe.
"Désolé. Apéritif impossible. Suis avec des gens. Vous rappelle plus tard." Ah bon, serait-il donc d'une coterie si sélective ? avec des gens qui rendent impossible d'en voir d'autres?
Ce n'est pas grave. Il est tard, nous avons faim. Et voilà la terrasse sympathique d'une pizzeria. Bien joué ! les deux galeristes repérés plus tôt s'attablent derrière nous. On est dans le bon coin. Et la pizza est touristique mais pas trop mauvaise. On est tout près de trouver le bout du fil d'Arianne, celui qui nous conduira dans le labyrinthe de Venise, à la soirée tant attendue.
A nos côtés, un couple, l'air averti. Et puis soudain ils nous adressent obligeamment la parole: "Nous aussi nous sommes à Venise jusqu'à dimanche ... Oui, nous logeons dans un hôtel près du Rialto ... Pourquoi venez-vous à Venise?... Ah ? pour la Biennale ? Alors vous allez pouvoir nous expliquer enfin ce que c'est que cette Biennale dont les gens parlent tant!"
(Heureusement, il y a une suite ...)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anne Malherbe 26 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog