On sait la geste rugbystique propice aux épopées, contées des décennies après par des écrivains trempant leur plume dans le sang, la sueur et les larmes. Et si Dumas avait été contemporain d'Emile N'Tamack, nul doute qu'il aurait trouvé l'inspiration dans l'essai inscrit par Jean-Luc Sadourny à l'ultime minute du second test match entre la Nouvelle-Zélande et la France à l'Eden Park d'Auckland, un fameux 3 juillet 1994.
Et si nos bleus sont un peu plus nombreux que les mousquetaires d'Alexandre, on aimerait bien les voir écrire une nouvelle page de la glorieuse histoire du XV de France, comme il y a 15 ans.
15 ans après, ça sonne comme du Dumas qui aurait chaussé les crampons.Nos cadets de Gascogne (et d'ailleurs) s'avancent sans crainte, avec néanmoins ce qu'il faut de trouille au ventre pour affronter les troupes d'un rugby point cardinal de l'ovalie. Damien Traille ne dit pas autre chose qui affirme que les bleus "peuvent le faire".
Certes, on ne sera pas dans les mêmes conditions qu'il y a quinze ans. Le commando de Pierre Berbizier, constitué de joueurs arrivant à leur apogée, ne ressemble pas ce groupe d'individualités débarquées à Dunedin, qui se cherche encore une cohésion sous l'égide d'un trio de sélectionneurs en quête de certitudes. Du type de celles qui étaient chevillées au corps d'un "Berbize" construisant un huit de combat assorti à des gazelles aux semelles de vent.
Mais pourquoi ne pas rêver un peu. Pourquoi ne pas se rappeler que cette équipe de France n'est jamais aussi surprenante que lorsqu'on ne l'attend pas. Loin de ses bases, le XV de France peut réaliser des miracles, pour peu qu'il ne se sente pas en vacances et qu'il puisse compter sur les meilleurs éléments. L'échec de Toulouse en demies du Top14 a offert à Marc Lièvremont l'occasion de partir en tournée avec un bataillon d'habitués du maillot bleu. Sans compter ses Anglais, ses Biarrots ou ses Parisiens.
Depuis l'avénement du professionnalisme, les tournées d'été n'ont plus le même lustre. Mais, de loin en loin, la France s'offre un petit exploit. On pense à ce match de juin 2006 en Afrique du Sud, au terme duquel on s'était pris à rêver d'un destin de champions du Monde.
Champions du Monde, les Français ne l'ont pas été. Les
Blacks non plus. La faute aux bleus, d'ailleurs. Le quart héroique
de 2007 est, à ce jour, la dernière confrontation entre les deux
équipes. Il y aura sans doute de la revanche dans l'air...comme en
94, après le premier succès des Français à Christchurch une semaine
avant Auckland.
De
quoi écrire une bien joli page d'histoire, XV ans après, n'est-ce
pas ?