Lors des éléctions, pour qui vote le slasher ?

Publié le 11 juin 2009 par Ignatus


En premier lieu, il faut différencier le slasher movie du serial killer movie. D'emblée, on peut considérer le slasher comme un "monstre" au pouvoir surnaturel, il est pure invention de l'esprit et répond à une métaphore. Il est préférable de regarder ce genre de film dans un cinéma en plein air avec une cheerleader à ses côtés et un pot de pop corn alors que le serial killer movie se regarde seul, dans le noir et est une réelle épreuve physique et mentale. Le processus d'identification est aisé dans un slasher car le point de vue que l'on nous offre est adoubé aux jeunes décadents (ce que nous sommes tous évidement, punk is not dead motafucker) à l'instar du serial killer qui lui est le premier rôle. Ce qui est beaucoup plus troublant pour le spectateur car celui ci reste justement spectateur et n'est jamais acteur. L'un crée le sentiment de peur, l'autre crée l'éffroi. Le serial killer movie ne montre pas un monstre imaginé sortit d'un comte tordu mais bel et bien un humain qui est encré dans la réalité et qui vit dans nos villes. Il est proche géographiquement (voir Maniac, Henry portrait of a serial killer, The last house on the left etc). Sa motivation est cahotique et incompréhensible liée à des névroses toutes personnelles tandis que les motivations du slasher sont claires et simples voir "compréhensibles".

Cette différenciation essentielle faite, je me dois de faire un petit retour historique et sémantique :

Slasher signifie taillader, le tueur utilise la plupart du temps des armes blanches très tranchantes. Le meurtre à l'arme blanche est toujours plus effrayant et douloureux dans l'esprit du public qu'un meurtre à l'arme à feu, pour la simple raison que nous savons ce que fait physiquement une coupure de couteau alors que la douleur d'une balle nous traversant la peau nous est - je vous le souhaite - totalement étranger.

Le genre est apparu au Canada en 1974 avec Black Christmas (Bob Clark), la même année Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper) puis  Halloween (John Carpenter) en 1978. Halloween est consideré comme le film phare du genre, hors – histoire de remettre les pendules à l'heure - nombre d'idées étaient déjà dans Black Christmas comme la camera subjective à la place du regard du tueur par exemple (quand je penses qu'on dit que c'est Carpenter qui a inventé ce procedé...), ou encore l'intrusion d'un individu étranger dans un espace intime etc. Je souligne que le genre arrive dans un contexte politique complexe, celui du Watergate.

On pourrait dire que Psychose était l'avant garde du slasher movie, mais il n'en est pas vraiment un, le genre s'affirmera avec les oeuvres cités plus haut.

Pour l'anecdote, Carpenter fera de multiples clins d'oeil à Psychose, effectivement, le couteau du tueur est le même, la musique, ainsi que la mise scène se rapproche de ce dernier. L'actrice enfin, Jamie Lee Curtis est la fille de Janet Leigh qui n'est autre que l'acrice se faisant poignarder dans la douche.

Les codes du slasher movie sont simples et quasiment toujours les mêmes. Il opère toujours dans un périmètre restreint. Son enfance fut en général difficile. (Jason Voorhees de vendredi 13 se noie à cause de la négligence des maitres nageurs qui au moment de la noyade étaient en train de faire l'amour, tous le croyait mort mais il vécu en fait seul dans la forêt parmis les bêtes. Michael Myers d'Halloween était violenté par sa famille etc) .Le motif de son envie de meurtre est toujours l'assouvissement de sa soif de vengeance. Ainsi, il tue les gens (et leur descendance) responsable de la maltraitance dont il a souffert des années plus tôt.

Chaque slasher à sa personnalité, personnalité visuelle appuyée par un masque (le masque de Jason est un masque de hockey sur glace, celui de Freddy Krueger est un masque de peau brulée, ou encore Leatherface et son masque de cuir 100% humain et fait main s'il vous plait, mais pas par Louis Vuitton).

Il s'attaque toujours à un groupe d'adolescents décadents qui boivent , fument des cigarettes et du cannabis, baisent et font la fête. Dans ce groupe il y a une héroine, la plupart du temps vierge d'un point de vue sexuelle. Celle ci a souvent une relation plus proche avec le tueur car en effet, elle est la plupart du temps la fille du responsable ayant déclenché la vengeance sanglante du tueur. Et c'est évidement elle qui arrêtera la boucherie.

On peut en déduire que le salsher à une incapacité à avoir des rapports sexuelles, très certainement liée à un certain syndrôme de Stockolm car celle-ci lui rappelle sa mère pure et innocente. J'ai l'impression que le tueur éprouve toujours un poil d'empathie envers l'héroine qui représente le bien dans toute sa splendeur morale et chrétienne.

Elle sera en générale la seule à survivre, plus fortes que toutes et tous grâce à sa pureté et sa foi bien déguisée (Car en réalité, on sent derrière cette apparente pureté une vraie sacrée petite délurée qui ne s'est pas encore revéllée).

Justice est faite, mais par le sang. Le but peut être est de revéler – voir de pervertir les personalités des spectateurs dans le sens où par exemple, un bon catholique  pourrait prendre plaisir à ces boucheries par justice et oublierais peut être ce qui fait l'un des pilliers de la religion, et de la morale c'est à dire le "pardon" ou la justice, mais jamais la vengeance. Ces films sont d'ailleurs sévèrement non recommandés par l'église. Car oui, il faut préciser que ces slasher movies sont apparus pendant l'investiture de Nixon. Ce Nixon qui a gagné une partie de la population en s'adressant à "la majorité silencieuse" et en diabolisant les hippies, les anti-guerres, ainsi que tout ce qu'ils représentent c'est à dire la contre culture.

Autant dire tout simplement que celui qui se cache derrière ce masque de hockey sur glace ou ce masque de peau n'est autre que le pouvoir politique en place.

Je peux donc facilement imaginer le slasher comme une entité moralisatrice de droite anti hérétique qui tue à tour de bras pour les raisons cités ci dessus. Il tue les jeunes décadents qui ne respectent rien, s'amusent même d'une manière affreuse, baffouent les lois de la Bible, baisent avant le mariage, se fichent des lois de l'Etat, se droguent, boivent avant la majorité, de vrai petites salopes anti Nixonienne somme toute. Eux vont tous crever éventrés, décapités avec divers ustensiles plus ou moins extravagant mais toujours tranchant.

Le slasher vote donc à droite et voici ce qui va vous arriver si vous ne respectez pas la morale mise en place.

Il est intéressant d'ailleurs de faire le rapprochement avec l'actualité politique du moment. En France par exemple, le film d'horreur classique et le slasher movie reviennent en force (avec plus ou moins de brio), ce n'est évidement pas pour rien. Ces sorties cinématographiques reflètent l'ambiance dans laquelle nous vivons. Ces productions révèlent peut être de la part des réalisateurs une peur de la disparition de certaines libertés individuelles et de la remise en cause de modes de vie dit "déviant" ou encore une peur du retour à la morale religieuse - ou bien, ce retour n'est que business -.

Les réalisateurs , eux, ils ne votent peut être pas, ils veulent simplement coninuer à fumer des joints tout en pétrissant avec amour le doux et généreux sein d'une vierge sur fond de musique psychédélique.

Dégueulasse quoi.


Ecrit par Maître Gonzo