Le taux d'abstention qui continue d’augmenter depuis l'instauration du vote au suffrage universel en 1979, témoigne du désintérêt croissant des citoyens envers une institution qu'ils peinent à comprendre et qu'ils jugent éloignée de leurs préoccupations, même si les prérogatives du parlement se sont légèrement accrues ces dernières années.
Les européens ne croient plus à l'Europe et à son fonctionnement onéreux, privilégiant l’ultra-libéralisme et une commission dont les membres ne sont pas élus démocratiquement, creusant les inégalités entre pauvres de plus en plus pauvres et riches de plus en plus riches…
La Slovaquie, la Slovénie, la République Tchèque, la Roumanie et la Pologne ont enregistré les plus forts taux d'abstention, supérieurs à 70%.
Forte abstention également en Suède, où 65% des électeurs ont boudé les urnes, alors que ce pays va prendre la présidence tournante de l'UE le 1er juillet prochain…
La Hongrie (63,72%), le Portugal (63,52%), les Pays-Bas (63,5%), la Bulgarie (62,5%), l'Autriche (57,6%), la France (59,95%), l'Allemagne (57,8%) et l'Estonie (56,8%) terminent la liste des pays où l'abstention a été supérieure à la moyenne européenne.
En 1979, le taux d'abstention n'était que de 37% !
La fausse victoire de l'UMP
En dépit d’une mise en scène médiatique trompeuse et d'une UMP à 27,87 %, le total des voix de la majorité présidentielle est minoritaire en France. L’UMP est Isolée dans sa forteresse, sans alliés, sans soutiens autres qu’elle-même.
D’ailleurs, le total des voix de gauche est supérieur à celui des voix de droite, montrant que si la gauche se transformait un jour, elle serait à nouveau capable de proposer une alternative au pays.
Au sujet de ce résultat, on lit quelquefois dans la presse des commentaires surprenants. Ainsi, dans une dépêche Reuters : « Avec 28% des suffrages - seulement deux points de moins que Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle de 2007 - l'UMP et ses alliés du Nouveau centre réalisent le meilleur score d'un parti de droite au pouvoir depuis 30 ans. »
Ceci est faux. La liste menée par Simone Veil, en 1984 récoltait 43% des voix ! Par ailleurs, la "droite de gouvernement" a toujours été composée de plusieurs partis, notamment l’UDF sauf que pour cette élection, ce qui provient de l’UDF, le MODEM, se situe clairement dans l’opposition.
Objectivement et par rapport au nombre de voix obtenues par les différentes listes, il est probable que jamais aussi peu d’électeurs ont voté pour le parti au pouvoir. Jamais dans aucune élection, la «droite de gouvernement» n’a fait un aussi faible score.
A la dernière élection présidentielle, Nicolas Sarkozy faisait 18 938 000 voix, aux européennes, seulement 4 798 921. Plus de 14 millions de voix se sont volatilisées ! Où est le triomphe de l'omni président ? Où est sa "réserve" de voix pour les élections futures ?
Si l’on prend en compte les pourcentages de chaque liste par rapport aux électeurs inscrits, les chiffres sont encore plus édifiants :
- Abstention : 59,35 %
- UMP : 11,3 %
- Parti socialiste : 6,7 %
- Verts : 6,6 %
- MoDem : 3,4 %
- Front National : 2,6 %
- Front de gauche : 2,5 %
- NPA : 2,0 %
- Libertas : 2,0 %
En comptant les électeurs non-inscrits, cela fait encore moins...
Le succès des Verts et la déroute du PS
La liste des écologistes a connu un gros succès mais c’est un vote refuge (« Home »). L’écart entre le libéral-libertaire Daniel Cohn-Bendit et l’écologiste social de gauche José Bové, est très grand…A propos du référendum sur le TCE par exemple, pendant que Bové disait : «Pour moi, c’est Non ! Ce traité est dangereux et inacceptable" (Le Monde, novembre 2004) Cohn-Bendit répliquait : «Nous avons intérêt à faire campagne ensemble pour créer une dynamique du Oui, y compris avec l’UMP" (Libération mars 2005)
Et ce n’est pas la première fois qu’aux Européennes, il y a une percée d’une liste composite qui ne structure pas la vie politique ensuite. Les Européennes ont servi déjà à des échappatoires pour des votes éphémères. Cela laisse les écologistes entièrement devant leur choix face à la gauche demain et notamment aux alliances en vue des prochaines élections régionales.
Mais si la confrontation de fond pour répondre à l’immense crise du système financier, entre une Europe de droite, libérale et une Europe de gauche, sociale, n’a pas eu lieu, c’est avant tout la faute du PS, de son programme trop timoré et hésitant et à l’immense hypocrisie de Martine Aubry.
En effet, comment le Parti Socialiste Français pouvait-il se désolidariser des choix économiques européens faits depuis 25 ans ? N’a-t-il pas majoritairement soutenu l’Acte Unique, le traité de Maastricht, le traité de Nice, le Traité Constitutionnel Européen puis le traité de Lisbonne ? Tous ces traités ont obtenu une très large majorité des suffrages des élus du PS.
Et ce sont ces traités qui ont fait avancer la déréglementation dans tous les domaines, qui ont rendu le pouvoir monétaire indépendant des politiques. Ce sont ces traités qui ont tenté de faire de la « concurrence libre et non faussée » un objectif de l’Union Européenne.
Ce sont ces mêmes socialistes qui ont accepté la libéralisation des anciens services publics sous Lionel Jospin. Bref, les socialistes sont largement co-responsables du bilan calamiteux de l’Europe.
Et pour s’en prendre à la fois à Barroso et à Sarkozy, ce qui était la bonne orientation, le PS ne devait pas avoir les pieds pris dans le tapis du PSE et les mains liés sur l’opt out par Gordon Brown et sur Barroso par le SPD.
Il fallait au moins un candidat du PSE pour la présidence de la commission. Le lien étroit avec le PSE que Martine Aubry avait plaisir à souligner pendant la campagne, n’a pas fait gagner de voix au PS mais lui en a fait perdre au contraire 2 000 000 par rapport à 2004.
Le PSE a été un boulet et d’ailleurs partout en Europe les sociaux-démocrates ont perdu faute d’offrir une alternative à la crise.
En essayant de faire croire qu’en votant socialiste, les Français pourraient changer la direction de l'Europe, les arguments du PS étaient largement cousus de fil blanc…En réaction, une forte proportion d'électeurs socialistes a voté pour les listes d’Europe-Ecologie, une petite minorité ayant voté pour le Front de Gauche
Afin d'analyser ces résultats et essayer de faire des propositions pour l’avenir, Martine Aubry a pris soin de proposer rapidement un Conseil national placé sous le signe d'une xième "refondation", dès mardi dernier et non un week-end pour mieux limiter le nombre de participants et empêcher toute coordination éventuelle des opposants...
Elle a ensuite promis de nouvelles conventions thématiques dans les six mois qui viennent ; une veille recette utilisée maintes fois par tous les premiers secrétaires pour surmonter les périodes de crise et faire diminuer la pression en laissant les militants se «défouler» dans des commissions de travail…
Photo Flickr-cc : Parlement européen par Codl (http://www.flickr.com/photos/codl/)
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