Entretien avec Sergey Yastrzhembsky : Conseiller du Président russe, représentant spécial du Président russe pour les questions relatives au développement des relations avec l'Union européenne
1. Le Sommet UE/Russie de Samara en mai 2007 n'a pas permis de rapprocher les positions de la Russie et de l'Union européenne sur de nombreux sujets. Quels sont, selon vous, les différends majeurs actuels entre Moscou et Bruxelles ? Comment réinstaller une atmosphère de confiance réciproque entre les deux ensembles ?
(...° Il y a un fossé manifeste entre le potentiel de nos relations et leur réalité, ou celui entre la dynamique des relations entre la Russie et certains Etats membres de l'Union européenne, d'une part, et une certaine inertie des relations avec l'Union européenne, d'autre part. Au cours des dernières années, plusieurs projets ont abouti avec certains Etats membres de l'Union européenne, notamment le gazoduc sous la mer Baltique entre la Russie et l'Allemagne, l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis entre la Russie, la Bulgarie et la Grèce, et le cyclotron de Bratislava en Slovaquie. Malheureusement, je ne peux pas en dire de même sur les projets avec l'Union européenne elle-même.
En outre, pour l'opinion publique russe, l'Union européenne est soit source de problèmes, soit exigeante à l'égard de la Russie. Nous avons répété, à plusieurs reprises, que nous ne voulons pas faire éclater l'Union européenne. Ce n'est pas dans notre intérêt. Cependant, il faut trouver un mécanisme afin de formuler précisément et concrètement les intérêts stratégiques de l'Union européenne dans ses relations avec la Russie. Sinon, nous serons toujours accusés de vouloir jouer des divergences internes au sein de l'Union européenne.LIRE L'ENTRETIEN >>>>>>>>
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Après l’échec du Sommet UE-Russie qui s’est tenu le 18 mai dernier à Samara, après les récentes déclarations du Président Poutine, et alors que l’accord de partenariat entre l’Union européenne et la Russie arrive à son terme à la fin de l’année 2007, les relations entre Bruxelles et Moscou semblent victimes d’un « coup de froid ».
L’Union européenne souhaite que la Russie s'engage davantage sur le respect des droits de l'Homme, de la démocratie et de l’Etat de droit ; d’un autre côté, la Russie, nostalgique d’une influence perdue, ne croit pas en l'absence d'esprit hégémonique de l'Union européenne et ne veut pas qu'elle lui dicte sa conduite.
Ces tensions se retrouvent dans beaucoup de secteurs-clés (politique énergétique par exemple), mais aussi dans les rapports géopolitiques dans la zone des ex-pays soviétiques. Cependant, si l’Union européenne qui reste vigilante en matière de liberté, de droit et de démocratie, souhaite que la Russie soit un partenaire et cherche les moyens pour redynamiser cette relation distendue, notamment par le biais économique, mais aussi en mettant en exergue ce qui les rapproche : la lutte contre les menaces sécuritaires, terroristes, climatiques ou environnementales.
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