ESCROQUERIE RATEE
Un paysan petit fermier de son état spécialisé en cultures maraichères, sentit le besoin de changer de méthode de travail. Il devait moderniser son affaire s’il voulait arriver à mieux produire et arriver à rivaliser avec ses voisins et concurrents !
Il se devait d’acheter un mini tracteur pour faire tous les travaux agraires bien pénibles physiquement pour sa personne et il devait surtout creuser un puits dans une de ses parcelles pour avoir de l’eau en abondance. De la sorte réfléchit-il ; même si au départ il devait débourser des sous, il allait surement rentrer dans ses frais et faire à nouveau des bénéfices grâce à l’extension de son activité.
Il privilégia parmi ces deux projets, celui de creuser un puits. Cependant, comme il ne pouvait pas se payer un vrai forage au camion sondeur qui revient trop cher, il choisit de creuser son puits à la traditionnelle. Le travail consiste à creuser à la pelle et à la pioche, faire sortir la terre ainsi enlevée et avancer mètre après mètre jusqu’à trouver l’eau.
Il entendit parler d’une petite entreprise qui en réalité n’est que l’association de trois ou quatre manœuvres qui a force de creuser des puits par ci par là chez les fellahs sont arrivés à en faire leur spécialité.
En une rencontre brève et circoncise le projet de notre paysan fut attribué à cette soi-disant entreprise avec toutes les garanties possibles accordées au fermier.
Parmi ces garanties : l’entreprise devait trouver de l’eau à 12 mètres de profondeur selon ses propres mesures et estimations, la circonférence de l’œuvre fut fixée à deux mètres cinquante centimètres. Le prix fut débattu et accepté par les deux parties. Le paiement se fera dès la constatation de la présence effective de l’eau dans le puits.
Et l’entreprise se mit aussitôt à l’ouvrage.
Quelques semaines s’écoulèrent et les douze mètres de profondeur furent creusés, le mur construit et ne restait plus que…….l’eau qui a, en fait, cruellement raté le rendez-vous !
Qu’à cela ne tienne dit l’un des membres de l’ « entreprise », nous n’avons qu’à la ramener, cette eau, et l’injecter, voilà tout !
Ainsi fut fait : une grande citerne fut louée par « l’entreprise » et fut vidée de nuit à deux ou trois reprises dans le nouveau puits qui dès lors paraissait bien rempli!
Le lendemain, une petite cérémonie fut organisée et le puits « clés en mains » fut réceptionné par notre fermier tout content d’avoir eu affaire à une entreprise qui a tenu ses promesses : le puits était bel et bien là : creusé, mur circulaire construit et surtout à moitié plein d’eau, ce don de la nature !
L’entreprise, une fois l’argent encaissé, se disloqua rapidement et chacun de ses membres s’en alla vers des horizons meilleurs, sachant que tôt ou tard le pot aux roses allait être découvert lorsque, inévitablement, l’eau qu’ils ont injectée dans le puits sera puisée entièrement ou se sera tout simplement évaporée.
Des années passèrent le chef de la bande de l’entreprise fut tenu pour un quelconque motif de revenir vers le lieu du fameux puits et rencontra fortuitement et avec fort appréhensions le propriétaire fermier !
Etonné par la réaction de bienvenue de ce dernier il alla constater de visu que le puits était toujours en service et toujours à moitié plein.
Il s’enquit auprès du fermier qui lui répondit que son puits a toujours été bien utilisé et que l’eau en est prolifique.
Il ne savait pas que par un effet de vases communicants, l’eau de la citerne qu’il avait lui-même injectée dans le puits à capté l’eau de la nappe phréatique pour désormais alimenter d’en bas, le puits en permanence.
Morale de l’histoire : un escroc peut être aidé dans ses basses œuvres par la nature elle même.
ADOUR ABDELMADJID