Depuis dimanche, je ne me satisfais pas de l’absence de commentaire ou du côté convenu de la plupart des réactions concernant l’abstention, en particulier chez les plus jeunes. Des partis qui se satisfont d’un score n’atteignant pas 12% des électeurs inscrits pour le « grand vainqueur » des élections européennes, cela ne m’étonne malheureusement plus.
Par contre que l’abstention soit défendue comme sans importance ou, mieux, comme un choix politique, cela m’atterre. Comment cela est-il possible ? Une piste. Ne serait-ce pas l’expression ultime d’une vision complètement utilitariste des élections, du vote ? Vision cohérente avec un domaine public saturé par les préoccupations privées (à l’image de ces transports en commun envahis par les conversations intimes passés sur mobiles entre acteurs distants). Vision cohérente avec le remplacement du politique, du souci de l’intérêt général et du commun par la gestion et le management des intérêts privés.
Abstentionnistes, par « désintérêt » ou par choix, et politiciens professionnels se rejoindraient ainsi dans l’abandon du domaine public aux seuls intérêts privés. Le sens du vote comme expression de la liberté, raison d’être du politique, ne serait-il plus perceptible que par une minorité ? L’existence d’un espace public où se confrontent et s’expriment des perceptions différentes de notre monde commun ne serait-elle plus considérée comme essentielle ?
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