Tormented de Jon Wright

Par Geouf

Résumé: Justine est une des meilleures élèves de son lycée, et c’est donc tout naturellement elle qui est chargée de l’oraison funèbre d’un de ses camarades de classe, Darren Mullet, qui s’est récemment suicidé. Une tâche qui lui donne l’opportunité de se faire inviter à une fête organisée par le très populaire Bradley. Alors que Justine apprend à connaitre sa nouvelle bande d’amis, ceux-ci sont assassinés un par un par Mullet, revenu d’entre les morts et  les accusant d’être responsables de son décès…

 

Il y a parfois des films qui vous énervent prodigieusement et vous donnent envie de quitter une salle de ciné en claquant la porte. Tormented est de ceux-là. Présenté comme le renouveau du slasher et encensé par la critique britannique, le premier film de Jon Wright n’est en fait qu’une grosse arnaque irrespectueuse des fans du genre.

Pourtant le projet faisait saliver, les britanniques ayant prouvé plus d’une fois ces dernières années leur capacité à innover dans le cinéma de genre. Tormented était présenté comme un slasher réaliste influencé par la série Skins (série britannique dépeignant de manière crédible la vie de lycéens normaux). Un slasher réaliste ? Voila qui semblait motivant… Mais bien évidemment on est très loin du compte au final. Visuellement tout d’abord, Jon Wright adopte un style naturaliste qui aurait pu jouer en sa faveur si le film n’était pas aussi hideux. La photographie est d’une laideur à toute épreuve et il est vite difficile de se motiver à regarder le film jusqu’au bout. D’autant que là où on nous promettait des personnages réalistes, on a en fait un ramassis de clichés : le beau gosse qui se croit au-dessus de tout le monde, la bonne élève un peu insignifiante mais en fait super mignonne, le geek aux grosses lunettes et aux cheveux en pétard, les poufs aux jupes ras la touffe, le sportif benêt qui suit le bellâtre dans tout ce qu’il fait, etc. En plus, tous sont au pire détestables, au mieux transparents et insignifiants (l’héroïne y compris). Difficile dès lors de s’intéresser à leur triste sort, ce que tente tout de même de faire Wright par tous les moyens, d’où un sérieux manque de rythme. On s’ennuie donc ferme, d’autant que tous ces jeunes acteurs qui en veulent jouent comme des pieds. Plus grave encore, le réalisateur essaie de jouer au plus malin en voulant faire passer des messages. Une intention noble et logique, le cinéma d’horreur ayant toujours été un terreau fertile pour la critique sociale. Sauf que quand on dénonce la discrimination et le harcèlement moral au lycée, il convient de ne pas se moquer bêtement de ses personnages sous peine de se prendre les pieds dans le tapis. Car en effet, si la bande de Bradley est composée de personnes toutes plus pourries les unes que les autres, les autres personnages ne sont pas mieux lotis et le réalisateur se fout ouvertement de leur gueule (voir le traitement réservé aux bonnes élèves, forcément niaises et fans de Keira Knightley, ou aux gothiques complètement stupides et vénérant la mort, vivent les clichés !). C’est ce qu’on appelle faire preuve de mauvaise foi…

C’est bien joli tout ca, me direz-vous, mais en tant que slasher, que vaut le film ? Il faut avouer qu’il se rattrape légèrement à ce niveau-la. L’idée des mystérieux messages sur les portables n’est pas neuve, mais utilisée de façon efficace. Et puis surtout, dès que Wright se décide à décimer son casting (après de longs tunnels remplis de dialogues insipides), il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Les mises à mort sont bien sanglantes et surtout pour la plupart très originales. Tête empalée sur une barrière, crayons enfoncés dans les narines jusqu’au cerveau, douloureuse remise en place d’un œil sorti de l’orbite, mains sectionnées au massicot, tout est bon pour faire jaillir de grandes gerbes de sang à l’écran. Dommage que le tueur n’ait pas plus de présence et de charisme pour effrayer le spectateur, cela aurait été un plus non négligeable.

Mais au final, Tormented reste un mauvais slasher et un très mauvais film, énervant de bout en bout, et tout juste rattrapé par quelques meurtres bien sanglants. C’est malheureusement beaucoup trop peu pour faire oublier le gout amer que laisse en bouche le reste du film.

Note : 2/10

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