Le gouvernement invoque « la liberté des employeurs » pour s’opposer aux propositions du PCF et du PG, qui font valoir « la liberté des travailleurs » pour stopper les licenciements...
Embarrassé, le gouvernement. Comment ne pas donner l’impression de fuir le débat sur les propositions alternatives des députés communistes et du Parti de gauche sur les salaires et l’emploi, tout en donnant quitus à la majorité de droite pour déserter l’Hémicycle ? Hier, le président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), Jean-Claude Sandrier (PCF), a d’emblée protesté contre les conditions dans lesquelles s’est ouvert le débat sur la proposition de loi de Marie-George Buffet.
Arguant du besoin de débattre au fond des mesures proposées, le ministre des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, a en effet tout à la fois demandé au groupe UMP de ne pas s’opposer à la discussion de chacun des articles, et obtenu la « réserve » du vote sur les trois propositions de loi, reporté à mardi prochain. « Vous ne prenez pourtant aucun risque, vous êtes majoritaires. Pourquoi permettre ainsi au groupe UMP de ne pas participer au débat ? » s’est insurgé Jean-Claude Sandrier, dénonçant « une atteinte à la démocratie ».
En dépit de cet incident, et de la censure de plusieurs articles de la proposition en vertu de l’interdiction faite aux députés d’accroître la dette publique (article 40 de la Constitution), le débat a pourtant bel et bien eu lieu, hier, entre deux projets de société clairement opposés. Cette crise est celle d’un système : le capitalisme.
Hier, on nous disait qu’il était le seul capable de produire des richesses. Il en détruit aujourd’hui par dizaines de milliards de dollars. Ce système est incapable de répondre aux besoins de l’humanité, a déclaré Marie-George Buffet en introduction. Le ton était donné. « Votre gouvernement et l’Union européenne laissent faire, en abandonnant en rase campagne les salariés et en accélérant les politiques libérales qui ont mené au désastre ».
Le texte de la secrétaire nationale du PCF propose notamment de porter le SMIC à 1 600 euros brut, d’interdire les licenciements dans des entreprises qui ont touché des aides publiques, distribuent des dividendes ou font des profits, et d’accorder aux salariés de nouveaux droits d’opposition aux plans de licenciements. « C’est le seul moyen dont nous disposons pour stopper net la casse industrielle. Interdire les licenciements, ce serait la démonstration faite aux financiers que la fête est finie ».
Mais, tout en saluant le « vrai travail, le sérieux et la constance » des propositions communistes, le secrétaire d’État à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a opposé le veto du gouvernement. « Nous ne sommes pas d’accord », a-t-il argué, invoquant notamment « la liberté de l’employeur » de licencier.
Mais que faites-vous de la liberté des travailleurs de travailler ? lui a répliqué Jean-Claude Sandrier. Combien cette liberté de licencier coûte-t-elle aux salariés, à leurs familles, aux territoires et aux contribuables ? L’avez-vous évaluée ? Non.
Où sont passés les 8 milliards d’euros accordés au secteur automobile ? Ce qui coûte cher à la France, ce sont les 500 grandes fortunes qui s’accaparent 14% du PIB.
Le débat devait se poursuivre dans la soirée sur les deux autres textes PCF-PG, l’un proposant une autre répartition des richesses, et l’autre s’opposant à la mise en concurrence des services sociaux.
L’UMP, le Nouveau Centre et le Modem ont rejeté le mardi 2 juin 09, les propositions de loi déposées par les députés communistes et le Parti de gauche visant à plus de justice sociale.
Voir sur ce blog le billet du mardi 26 mai 2009 en page 2 ou cliquer ici : Sur « Soutenez les propositions de loi des parlementaires communistes et du Parti de gauche contre la crise »