La parole de Fergus ( Bog Child )
Siobhan Dowd
Traducteur : Cécile Dutheil de la Rochère
Gallimard - Scripto - 01/09
348 pages - à partir de 14 ans - 12,50 euros
Frontière irlandaise en 1981, en plein Troubles où vit Fergus McCann. Adolescent comme les autres qui doit composer avec des situations compliquées.
Il y a son frère affilié à l’IRA qui vient juste d’entamer une grève de la faim en prison, son examen d’entrée à la fac et son oncle Tally qui vit de petits trafics.
Fergus se voit même y participer en l’aidant à voler de la tourbe sur un chantier privé, ce qui va l’amener à rencontrer Mel.
Une jeune femme venue tout droit de l’âge de fer coincée presque intacte dans la tourbe depuis cette époque-là ; avec elle vont suivre deux autres femmes : Cora et sa mère l’archéologue.
A partir de ce moment-là Fergus va rêver de Mel, de sa situation de femme compliquée par son apparence physique. Elle est naine dans un pays où règne une famine abominable, et où cette difformité va la mettre au centre des peurs de ses compatriotes.
Fergus va alors se mettre à penser à sa vie différemment, relativisant tous les évènements dramatiques qui lui tombent dessus.
Et de là il va réussir à trouver en lui la force nécessaire, en puisant dans le courage de Mel, tout en trouvant par lui-même le chemin de vie qui lui convient.
Bouleversant roman que cet Enfant de la tourbe (titre original).
Parce que ces enfants de la tourbe ce sont à la fois Fergus, Mel mais aussi tous les irlandais d’hier et d’aujourd’hui. Avec cette histoire si riche qui en fait un peuple très touchant, plein de courage et de fierté.
Les Troubles sont vus de l’intérieur de cette famille mise à mal par la décision de l’un de ses membres d’entrer en grève de la faim, avec pour choix d’aller jusqu’au bout. Un point de vue très touchant qui évite la leçon d’histoire, en ne faisant passer que la douleur de ces familles concernées.
Fergus est vraiment un personnage très touchant, doté d’une profondeur magnifique.
Siobhan Dowd est disparue en 2007, partie trop rapidement après le succès de Sans un cri. Ce Parole de Fergus est un de ses deux romans posthumes, et vient compléter une œuvre trop succincte mais pleine d’une lumière irlandaise particulièrement splendide et inoubliable.