Voici l'article paru vendredi dernier dans L'Equipe en présentation des Championnats de France de triathlon de Belfort. L'idée des papiers consacrés aux "petits sports" étant désormais de pouvoir intéresser les lecteurs étrangers aux subtilités de la discipline, il s'agissait d'être le plus didactique possible.
C'est que pour les gens qui ne gravitent pas dans notre (tout) petit milieu, il est parfois bien difficile de s'y retrouver entre toutes nos appellations (sprint, CD, LD, Ironman, drafting, B, C etc). Or, pour espérer se développer, mieux vaut être le plus lisible possible. Et y a du boulot ! Car quand on m'explique le format envisagé pour l'étape de Grand Prix de Tours, je fais des bonds ! On nous a pondu une sorte de super sprint en plusieurs manches digne d'Intervilles (il ne manque que les vachettes). Je me dis que ce n'est pas gagné. Etre spectaculaire ok, mais à condition d'être compréhensible et ne pas dévier vers les Jeux du cirque. C'est-à-dire que le mec qui passe la ligne d'arrivée le premier soit le vainqueur par exemple et sur un format clairement identifié auquel le lecteur puisse s'habituer.
La multiplicité des formats de compétition pénalise parfois la lisibilité du triathlon. Décryptage.
Un sport de dingues ! Telle est l’image qui a longtemps collé à la peau du triathlon. Pourtant, l’essentiel de la pratique est aujourd’hui tourné vers des distances bien plus raisonnables qu’à son origine où l’on voyait parfois des athlètes franchir la ligne d’arrivée à quatre pattes. Ce week-end, à Belfort, adeptes des formats long et court se retrouveront pour les Championnats de France. L’occasion de confronter deux " familles " de pratiquants parfois très cloisonnées. Même s’il s’agit à la base du même sport requérant sensiblement les mêmes qualités (contrairement par exemple à l’athlétisme où le sprinteur de 100m est bien loin du champion du marathon), rares sont ceux qui brillent sur les deux tableaux à haut niveau. Difficile pour autant de définir une hiérarchie entre les deux pratiques. Analyse des spécificités de chacun des formats.
L’histoire
Même si ses origines historiques remontent aux années 20 sur des petuites distances, c’est à Hawaii, que l’on situe la vraie naissance de la discipline. Le 18 février 1978, est organisée une course de 3,9km de natation, de 179km de vélo et d’un marathon à pied. L’Ironman d’Hawaii est né. La discipline arrive ensuite en Europe avec le premier Triathlon de Nice, en 1982, toujours sur longue distance. Il faudra attendre 1989 pour voir le premier championnat du monde courte distance, à Avignon, remporté par l’Américain Mark Allen.
À son origine, le triathlon se veut avant tout un sport individuel où toute aide extérieure est bannie. Sur les épreuves longue distance, il est ainsi interdit de rouler en peloton, dix mètres minimum devant séparer chaque cycliste. À la suite de l’intégration du triathlon aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000, la création de la Coupe du monde, en 1995, sur courte distance, a introduit les courses en peloton (le drafting) et favorise ainsi les nageurs-coureurs. Les bons nageurs, sortis aux avant-postes et donc dans le premier peloton, peuvent ainsi être moyens en vélo et se protéger, avant d’exploiter leurs qualités de coureur. Choquant au regard des puristes.
L’argent
Le vainqueur de chacune des sept Séries mondiales CD empoche 18 000 dollars (12 600 euros), contre 10 000 dollars (7 000 euros) pour celui du prochain Ironman de Nice (38 500 euros pour le champion du monde CD, contre 6 500 euros pour le même titre sur LD). Seule exception à l’avantage du long :l’Ironman d’Hawaii, avec un chèque de 110 000 dollars (78 000 euros) puis de grosses retombées sponsoring à son lauréat, contre seulement la moitié au champion du monde CD. En France, le court est en plus beaucoup plus rémunérateur grâce aux clubs. Il est aussi plus aisé de répéter les courses sur distance olympique, moins exigeantes.
Les qualités nécessaires
" Il n’y a pas d’énormes différences entre les deux formats, estime Pierre Houseaux, entraîneur national du groupe LD et entraîneur de Frédéric Belaubre sur le court. Les volumes horaires d’entraînement sont à peu près similaires. Mentalement, le long nécessite des qualités d’effort en solitaire et de guerrier. C’est un effort par rapport à soi alors que sur CD, c’est plus tactique par rapport aux autres. Certains s’orientent vers le long car ils ont une VMA (vitesse maximale aérobie) limitée et seront forcément limités à pied sur le court où il faut maintenant courir le 10km en moins de 30’. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont moins forts. Généralement, par le fait que les épreuves de longue distance se disputent en contre-la-montre en vélo, ceux du long sont meilleurs en vélo. "
Le prestige
Un titre olympique d’un Français sur CD, par la loupe médiatique offerte par les Jeux, amènerait une grosse exposition de la discipline pour le grand public. Infiniment plus en tout cas que les titres mondiaux LD obtenus récemment par Julien Loy (2007, 2008) ou, avant lui, par Cyrille Neveu (2002). En revanche, le milieu des pratiquants amateurs est beaucoup plus admiratif d’un Patrick Vernay, vainqueur de plusieurs Ironman.
Julien Loy (33 ans, champion du monde longue distance 2007, 2008)
" Ces deux formats ne sont pas antagonistes mais plutôt complémentaires. Sur le CD, il y a le côté punchy et ludique et son accessibilité. Le long ne s’inscrit pas dans la même philosophie. Il entre dans un projet sur lequel on se projette sur une saison. Il est davantage question de régularité, de motivation et de dépassement de soi. Et dans notre société où on nous rend tout accessible, c’est intéressant. Difficile de choisir entre le titre olympique et une victoire à l’Ironman d’Hawaii. Par défaut, je dirai Hawaii pour son côté mythique mais sans son côté mercantile. Ou alors le titre olympique mais sans ce drafting que je bannis complètement car cela va à l’encontre de l’idée de mettre en valeur son potentiel sans aide extérieure. "
Frédéric Belaubre (29 ans, triple champion d'Europe courte distance)
« Sur un Ironman, faire 180km de vélo en solo à ces moyennes (40 km/h pour les meilleurs) puis courir un marathon en 2 h 45 ça me semblait complètement autre chose. Dans la mentalité et l’effort. Mais en m’entraînant avec des triathlètes qui préparent ce type de course, j’y ai aussi pris du plaisir. Ce n’est pas si surhumain que ça. Alors après Londres pourquoi pas m’y essayer en commençant par le 70.3 (format équivalent à un semi-Ironman). Quant au drafting, même si je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus d’échappées à vélo et de scénarios de course, je ne suis pas là pour me poser la question de savoir si c’est bien ou pas. On doit surtout s’adapter et donc travailler à pied. »
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En vrac
. Un mot de hockey sur gazon pour vous signaler ce week-end les demi-finales du Championnat de France masculin entre Saint-Gzermain-en-Laye et le Racing Club de France d'une part, et Montrouge face à Lille d'autre part. Matches aller samedi à 16h30 et matches retour dès le dimanche, à 15 heures. La finale aura lieu le 21 juin à Saint-Germain.
. Un peu de squash avec l'Open d'Alexandrie femmes. Camille Serme, notre n°2 française (n°34) mondiale) a réalisé une très belle perf en sortant en quart de finale l'Egyptienne Engy Kheirallah (n°22). Mercredi, en demi-finale, la jeune Camille (20 ans), a de nouveau brillé en se payant la Britannique Sarah Kippax (n°25). Elle affronte en finale ce jeudi, une autre Egyptienne Omneya Abdel Kawy, tête de série n°1 et n°7 planétaire.
Angie, je suis heureux d'avoir croisé ta route et je te souhaite bonne route. (toute l'épopée d'Angie à Issy sur le site du club : http://www.ffissy.net/article.php3?id_article=451) (j'associe à cette pensée Cédric Allain qui disputera dimanche son dernier match en tant que coach des filles de Colombes, adversaires d'Issy... Cédric est lui aussi un passionné (parfois un peu trop même ;)) un de ceux sans qui le sport 'd'en bas" ne pourrait exister)