Auteur complet né en Algérie le 12 décembre 1955, Jacques Ferrandez démarre dès 1984 la série Carnets d'Orient. Le premier cycle de cinq albums terminé en 1995 sera suivi après une longue pause par un second cycle, également en cinq tomes, paru entre 2002 et 2009. Dépeindre et peindre l'Algérie sujette à l'influence française constitue pour l'auteur, non seulement une recherche de sens, mais aussi un vrai plaisir esthétique. À l’occasion de la sortie de Terre fatale, ultime opus des Carnets d’Orient, Jacques Ferrandez revient spécialement pour Auracan.com sur la grande saga qui marquera son parcours d’auteur…
L'ensemble de l'entretien vient d'être publié sur Auracan.com. Comme toujours voici un extrait avec des visuels spécifiques.
Qu’est-ce qui vous a décidé à créer un deuxième cycle des Carnets d'Orient ? J’étais confronté à une question très, très sensible, à savoir la Guerre d’Algérie qui était difficile à traiter et que je ne me sentais pas capable d’aborder. Je suis donc parti sur autre chose, sur Pagnol [le diptyque l’Eau des collines, Casterman, ndlr], sur des histoires policières avec Tonino Benacquista [l’Outremangeur, Casterman]. Et chemin faisant, je me suis senti davantage d’attaque pour aborder la Guerre d’Algérie à proprement dite.
Pour quelles raisons ? D’abord, j’avais l’impression d’avoir abandonné moi-même mes personnages au milieu du gué juste avant l’insurrection. Parce qu’aussi dans les années 1990 se sont déroulés des événements qui étaient des résurgences de ce qui s’est passé dans les années 1950-1952. L’histoire n’avait pas non plus été purgée du côté algérien. Et puis parce qu’on a eu une floraison de livres sur le sujet qui permettaient d’en savoir plus, qui ont remis les années de guerre en Algérie dans la lumière. Et aussi la reconnaissance officielle par le Sénat du terme Guerre d’Algérie en 1999 [5 octobre 1999 : proposition de loi n°418, 1998-1999, adoptée par l'Assemblée Nationale, relative à la substitution, à l'expression « aux opérations effectuées en Afrique du Nord », de l'expression « à la guerre d’Algérie et aux combats en Tunisie et au Maroc », ndlr]. Tout cela a fait que j’ai mûri et je me suis senti capable de reprendre mes personnages et de les mener jusqu’à l’indépendance de l’Algérie._____________
Photo Jacques Ferrandez © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Carnets d'OrientT.10, extraits © Ferrandez / Casterman