Paris, le 9 juin 2009 - Aujourd’hui, les ministres des finances européens ont échoué à se mettre d’accord sur le soutien financier à apporter aux pays en développement pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux impacts du changement climatique. Pire, leurs conclusions marquent un pas en arrière…
Un engagement non contraignant
En mars dernier, les dirigeants européens s’étaient engagés à examiner deux mécanismes pour générer de nouveaux financements : dans le premier, une version affaiblie de la « proposition mexicaine », les pays s’engagent à contribuer en fonction de leurs capacités et de leur responsabilité dans le phénomène du dérèglement climatique. A chacun d’entre eux de se débrouiller pour mobiliser l’argent nécessaire. Aucune sanction n’est encore prévue pour les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements. C’est donc davantage une clef de répartition qu’un mécanisme de financements. En revanche, le second mécanisme, dit « proposition norvégienne », permet une levée de fonds par la mise aux enchères des droits à polluer des pays industrialisés. Malheureusement, cette dernière option n’est plus mentionnée explicitement dans la liste des options retenues par les ministres des finances.
Pour Damien Demailly du WWF France, « l’Europe a aujourd’hui fait un pas en arrière. La proposition de la Norvège est une excellente façon de s’assurer que l’argent sera bien versé. Sans cette garantie, on risque de se retrouver avec des promesses non tenues ». Et d’ajouter : « Comment répondre aux attentes des pays en développement, et surtout des plus vulnérables, avec une telle proposition alors que depuis des années ils n’ont reçu qu’un dixième des sommes promises pour leurs besoins urgents d’adaptation ? ».
Une astuce pour limiter les efforts de réduction des émissions européennes
Autre problème, la double-comptabilisation de la compensation carbone. Les ministres des finances proposent de faire comptabiliser l’achat de crédits carbone à la fois comme une réduction de leurs émissions et comme un soutien financier aux pays en développement.
Un engagement non chiffré
Les ministres des finances ont utilisé un langage tellement alambiqué qu’il est difficile de savoir s’ils reconnaissent politiquement les besoins dans les pays en développement, plus de 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020. Ce qui est clair par contre, c’est qu’ils n’ont pas chiffré la contribution de l’Europe ou plus généralement du groupe des pays industrialisés.
Pour Morgane Créach du RAC-France : « les pays en développement souhaitent savoir, avant d’aller plus loin dans leurs engagements, s’ils pourront compter sur le soutien financier et technologique des pays industrialisés. Mais alors qu’en ce moment à Bonn se déroulent les négociations internationales sur le climat, l’Union européenne se refuse à mettre des chiffres sur la table. Son silence devient pesant au sein de la Communauté internationale à moins de six mois de Copenhague… ».
La semaine prochaine, les dirigeants européens, réunis à Bruxelles, doivent impérativement redresser le tir.
La suite le 19 juin, au Sommet des chefs d’Etat européens
Pour Karine Gavand, de Greenpeace France, « c’est maintenant aux chefs d’Etat européens qui se réunissent le 18 et 19 juin prochain d’aller au-delà d’une vague reconnaissance des besoins des pays en développement. Ils doivent afficher le montant de la contribution européenne et soutenir des mécanismes concrets de financement. Sans argent, nous n’aurons pas d’accord à Copenhague. Le paquet énergie-climat adopté sous Présidence française en décembre dernier ne contenait aucun engagement sur ce sujet et l’Union européenne avait promis de revenir au plus tard en mars 2009 avec des propositions sérieuses. Où sont-elles passées ? »
Pour plus d’information sur la mobilisation des ONG autour de Copenhague, rendez-vous sur www.copenhague-2009.com