Crépuscule socialiste ?

Publié le 10 juin 2009 par Jfa

L’ensemble des commentateurs se dit déçu des propositions de M. Aubry au Conseil National de mardi qui a suivi la déculottée des Européennes. Personnellement, je pense pourtant que si son constat: “les français n’ont pas envie de nous soutenir” est le bon, l’analyse du “pourquoi” serait encore meilleure. Je crois que son souhait d’un “tour de France” porté par des “ambassadeurs” issus de la société civile est intéressant, à la condition que les barons locaux n’en fassent pas les Nièmes tribunes pour eux et leurs affidés, chacun arc-bouté sur son pré carré et lorgnant sur celui du voisin…

Je crois par contre, malgré le fait que les ségolénistes aient très largement voté pour la liste verte, que leur entrée de leur état-major dans la direction du parti et surtout que la création d’une instance “rassemblant les grandes figures du PS”: Ségolène Royal, François Hollande, Laurent Fabius, Bertrand Delanoë -Le Monde- marquent la volonté que rien ne change: il faut que ce parti reste définitivement aux mains des grands élus et de leurs écuries (qui ont conduit le PS a cet état), simple machine électorale à leur service exclusif, vidée de toute substance idéologique et ayant oublié ses anciennes valeurs, sourde aux militants et aux électeurs qui quittent ce navire.

Et on le voit bien, tous les élus qui, depuis dimanche, se pressent pour se montrer dans la presse avec, des pleurs dans la voix pour dire qu’il faut réagir, oubliant qu’ils ont tous été parti-prenantes du Congrès de Reims, que tous se sont affichés dans les meetings de cette campagne, se bousculant pour être du Spectacle de Rézé. Et ce sont ceux, qui comme V. Peillon, ont obtenu les résultats les plus calamiteux, ou qui, depuis des mois, s’obstinent à soutenir N. Sarkozy, qui crient le plus fort.

Comme le cite La Mouette, ce “parti n’est plus gouverné que par la peur de tout perdre”. Comme le dit E. Plenel: “Puis vous revenez à vos affaires, sans rien changer de vos habitudes – manœuvres d’appareil, divisions intestines, rivalités personnelles. Avec la conviction tranquille qu’un retour de balancier vous assurera, de nouveau, places, postes, réseaux. Comme si vous étiez définitivement la seule alternance possible à la droite et naturellement les propriétaires des suffrages qui vont avec”. Hélas pour le PS, cette élection marque la possibilité de la fin de cette hégémonie.

Restons avec E. Plenel en 3 extraits:

- “Car le résultat électoral du 7 juin 2009 n’est pas un accident, mais une confirmation : celle de votre incapacité collective à vous réinventer un avenir, un projet, une vision. Contrairement aux commentaires convenus, ce n’est pas l’opposition déterminée à Nicolas Sarkozy qui a été sanctionnée dans les urnes, mais votre impuissance à incarner une opposition crédible”…

- “Toutes générations confondues, vous êtes ainsi devenus un parti de professionnels, où l’individualisme carriériste l’emporte sur la fraternité militante. A tel point que, dans un paradoxe audacieux, les plus rénovateurs d’entre vous ne voient d’autre moyen de sortir de l’impasse que de trancher au plus vite cet enjeu présidentiel en contournant votre propre parti par des primaires ouvertes à toute la gauche”…

- “Eric Besson, le symbole même du transfuge sans principes, traître à ses électeurs comme à ses convictions, était jusqu’au tout début de 2007 votre secrétaire national aux études. Désormais numéro deux de l’UMP et ministre de l’identité nationale, ce converti zélé au sarkozysme, dont la dérive n’est sans doute pas achevée, était donc officiellement chargé de vos réflexions, pensées et analyses – c’est tout dire”.

Tout est dit et je croirais peut-être à un renouveau du PS le jour où il aura commencé à virer tous ceux qui, encore dans ses rangs, éblouis par les récompenses accordées à E. Besson, montrent qu’ils sont eux aussi dans l’attente, comme par hasard, ceux qu’on entend le plus ces jours-ci… Cela aurait au moins le mérite d’un début de clarification politique.

Je pense, hélas (j’avais adhéré à ce parti en 1974, le quittant peu après les dernières Municipales quand le PS niçois s’était mis dans la tête de co-gérer la ville avec C. Estrosi), que cette élection, après l’alerte de 2002 qui avait abouti, avec F. Hollande, à ce que rien ne change, est quelque part semblable à celle de 1981 pour le PCF: le seuil d’un douloureux déclin. Ce qui me rend optimiste est que, avec les précautions d’interprétation d’usage dûes à un tel taux d’abstention, la gauche est redevenue majoritaire,et que la population est dans l’attente, à la fois d’une vraie opposition de gauche, et de perspectives politiques.

- “Hadopi: le Conseil constitutionnel censure la riposte graduée”. Le Monde. Il estime que “c’est à la justice de prononcer une sanction lorsqu’il est établi qu’il y a des téléchargements illégaux”. “Le rôle de la Haute Autorité (Hadopi) est d’avertir le téléchargeur qu’il a été repéré, mais pas de le sanctionner”. Ce n’est pas faute de l’avoir dit et répété…

- “Osram, filiale éclairage de Siemens, envisage de licencier 108 salariés de son usine de Molsheim (Bas-Rhin) qui refusent une baisse de salaire jugée nécessaire pour assurer la compétitivité du site”. Reuters/Le Monde.

- La toile de M. Valls. Rue 89.

- “Un modèle social-démocrate anticrise : courage Martine !”. Eco 89.

- “On peut mettre un bonnet vert sur une chèvre, ça reste toujours une chèvre”. Reuters/Le Monde.