Festival de Deauville 2007, Frank Oz, sortie le 19 septembre
Qui a fait courir le bruit que les Marx Brothers étaient morts ? On nous avait vendu cette arnaque depuis des décennies et voilà que le deuil se lève : ont-ils été sélectionnés pour présenter leur nouvelle production en avant-première à Deauville en marge du festival 2007?
A l’occasion d’une cérémonie de funérailles, plusieurs groupes se dirigent vers la maison du défunt sur une musique pimpante de comédie.
Andy Nyman et Matthew MacFadyen
© Metro Goldwyn Mayer (MGM) Galerie complète sur AlloCiné
Premier groupe, Daniel (Matthew Macfadyen), le fils aîné responsable, et sa femme Jane (Keeley Hawes) sont déjà sur place pour accueillir le corbillard, puis, les invités. Les croque-morts débarquent et installent le cercueil, Première catastrophe, ils se sont trompés de défunt ! Daniel les réexpédie fissa réparer leur erreur et tout rentre dans l'ordre avant l’arrivée des premiers participants. Parmi eux, Sandra (Jane Asher), la veuve éplorée.
Dans une voiture, Martha (Daisy Donovan), la cousine de Daniel, et son fiancé Simon (Alan Tudyk), jeune avocat bien sous tous rapports, font une halte sur le trajet des funérailles pour prendre le frère de Martha, Troy (Kris Marshall), un grand échalas étudiant en pharmacie bien plus intéressé par l'opportunité de se procurer divers psychotropes que par l'enseignement officiel. Troy s'est d'ailleurs mis en retard en préparant quelques gélules d'avance planquées dans un flacon étiqueté Valium. Stressé par ce retard, Simon, le fiancé, avale une première gélule sur le conseil de Martha. Mais les effets hallucinogènes du produit commençant à se faire sentir avant qu'ils n'atteignent le lieu des obsèques, Troy comprend la méprise et l’explique à Martha, atterrée. Tandis qu'ils rejoignent Victor (Peter Egan), le père de Martha et frère du défunt, qui a déjà peu de considération pour le pauvre Simon, Martha et Troy font alors ce qu'ils peuvent pour lui cacher son état .
Troisième groupe en route : Howard (Andy Nyman), un autre cousin, et un copain, Justin (Ewen Bremner), reçoivent un appel téléphonique de Daniel pour s'arrêter prendre en chemin Oncle Alfie (Peter Vaughan) dans sa maison de retraite, un vieux grincheux en fauteuil roulant. Arrivant sur les lieux après un trajet éprouvant sous les invectives d'Alfie, Howard se fait griller une place de parking proche de la maison et doit se coltiner une longue côte à pousser le fauteuil roulant jusqu'à l'entrée où il arrive épuisé. Son copain Justin, lui, s'est précipité à la rencontre de Martha, une ex avec qui il aimerait bien renouer.
Dernier arrivant, alors que le Révérend (Thomas Wheatley) harcèle Daniel pour que la cérémonie démarre, le frère Robert (Rupert Graves), play-boy et fils prodigue préféré, parti jouer les écrivains à succès à New York pendant que Daniel et Jane se sacrifiaient pour vivre dans la maison familiale. Jane, la femme de Daniel, exaspérée par cette promiscuité, tanne Daniel pour passer un coup de fil urgent destiné à réserver l'appartement de ses rêves. Pour en rajouter à la tension nerveuse, le petit speech d’oraison funèbre que Daniel a préparé, tablant que son frère débarqué de NY, n'aura pas eu le temps de le faire, déçoit l’assistance qui espérait entendre l’écrivain célèbre.
Soudain, un dernier personnage entre en scène, un nain inconnu tournant autour du cercueil et se présentant comme Peter (Peter Dinklage), un grand ami du défunt, qui cherche rapidement à s'entretenir en privé avec un Daniel débordé.
A partir de cet écheveau vont se tisser toutes sortes de quiproquos, situations croisées, catastrophes, erreurs en tous genres, dans un jeu de portes qui s'ouvrent et se referment, d'escaliers qu'on monte et qu'on descend, de fenêtres qu'on passe dans un sens puis dans l'autre. Le récit prend place pendant toute la durée des obsèques, unité de temps au cours d'une journée où chaque minute ou presque est l'occasion d'un nouveau rebondissement.
Mais le plus important n'est pas dans ce résumé déjà bien long correspondant grosso modo au premier quart d'heure du film. Car les événements continuent sur ce rythme quasiment jusqu'à la fin de la projection. Du Marx Brothers, je vous le dis! Dans la grande veine de ces histoires délirantes dont le fil conducteur est le nombre de rires à la minute (Ici, j'ai rapidement arrêté de compter). D'autant que, tour de force, il y a quelque chose de crédible dans cette histoire alambiquée : l'accumulation de catastrophes dont on pourrait craindre qu’elle nous frappe aussi, la tête des personnages qu'on se dit avoir déjà vus quelque part, l’obsession de chacun des personnages pour son problème (le cousin hypocondriaque qui colle l’oncle médecin, l’épouse obnubilée par l’achat d’un appartement pour quitter la maison, l’ex de la fille qui tente de la séduire à nouveau )… Bien sûr, ce n'est pas un gage de qualité, mais ça donne un gentil mélange de proximité et de connivence qui porte naturellement à la sympathie.
La réalisation n'a rien de très original. La mise en scène vaudevillesque type Feydeau a depuis longtemps fait ses preuves. Les portes qui claquent et les cadavres dans les placards sont des classiques depuis longtemps bien rodés. Tout est balisé, depuis le générique graphique d'entrée jusqu'au bêtisier final (fameux). Pourtant, et peut-être justement à cause de cette expérience, la réalisation trouve ici en peu d'effets le chemin qui soutient l'attention. Elle tend à s'effacer au profit d'une histoire qui, pour être pleine de rebondissements, en reste néanmoins limpide et les acteurs ne sont pas pour rien dans cette limpidité
Il est difficile de ne pas évoquer quelques classiques du genre, au premier plan desquels «Quatre mariages et un enterrement», encore que la parenté porte bien plus sur le contexte des funérailles et sur la tonalité british du résultat. British par le lieu de l'action, par l'humour, pince sans rire par instants, iconoclaste par moments, sans jamais se départir d'une bienséance rapidement mise à mal. British aussi par la grande majorité du casting. Mais si l'on excepte cette analogie, on est bien plus proche des illustres Groucho and Co que de toute autre chose. Nonobstant une certaine lourdeur qu’on lui pardonne pour avoir tant ri, on a le sentiment avec ce film d'avoir redécouvert un enfant perdu de ces zigotos mythiques superbement allumés.
Note CinéManiaC : 5/5*
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