Regardez-les, ils se penchent tous sur le lit du mourant. Les larmes de crocodile coulent à flot. Arnaud Montebourg (secrétaire national à la rénovation !) en rajoute qui a trouvé une jolie formule assassine : « Européennes PS, la dernière station avant le désert. »
Tous, pourtant félicitent le PS et la social-démocratie d'avoir gagné idéologiquement puisque, paraît-il, la droite se serait gauchisée. Ils remercient la Gauche de gouvernement d'avoir proposé ou défendu le salaire minimum, l'assurance-chômage, la retraite, le RMI, l'assurance maladie, d'avoir supprimé la peine de mort, d'avoir instauré le PCAS…j'en passe et des meilleurs. Mais ils ne leur viendraient pas à l'idée de voter pour lui. La mode c'est l'écologie politique. « Va pour les Verts » comme dirait quelqu'un que je connais bien. Les Verts ont cinq élus, les neuf autres d'Europe-Ecologie sont des altermondialistes, des membres de la gauche alternative…un rassemblement, pas encore une structure.
Et Sarkozy en rajoute : un euro pour le développement durable, un euro pour le nucléaire ! Petit clin d'œil à Dany. Quant au film « Home » « merci, dit-il, au service public d'avoir fait œuvre utile » (note du blogger : comprendre d'avoir réduit le score du PS). Faut-il pour autant que le PS se mette la tête dans le sable ? Faut-il ignorer le message du peuple ? Sûrement pas. Avec ses presque 17 %, Le PS a pris une belle claque. Les spécialistes invoquent l'abstention des couches populaires, des jeunes, la fuite des bobos, des intellectuels, des classes moyennes vers les listes écologistes, devenues les listes refuges des déçus des socialistes avec leurs égos et leurs querelles intestines. D'autres (6 %) sont partis avec Jean-Luc Mélenchon et le PCF. La plupart de ceux qui ont voté non au référendum européen ne se sont pas déplacés. A quoi bon, se disent-ils, puisqu'avec 55 % des suffrages, on n'en a tenu aucun compte. Le traité de Lisbonne, c'est le projet de traité constitutionnel simplifié avec un contenu identique, « la concurrence libre et non faussée.»
Les socialistes critiques mettent en cause une campagne molle, terne, manquant de pep's à l'image du bulletin de vote, en noir et blanc et quasi illisible. J'ai de la peine à le dire mais avec ces institutions, le PS va-t-il devoir se résoudre à franchir une ligne jaune ? Ce parti a-t-il besoin rapidement d'un vrai leader présidentiable qui entre dans la logique de la 5e république avec chef charismatique, parti structuré, alliances claires (à gauche pour ma part) une communication efficace, simple, moins abstraite, plus combative ? Je lis, ce matin, que Martine Aubry ne serait plus hostile à l'idée de primaires ouvertes pour désigner le ou la présidentiable à Gauche ? Les Ségolénistes en font une condition du changement.
Évidemment, ce serait le contraire de ce que souhaitent les authentiques hommes et femmes de Gauche (dont je suis) attachés à la délibération collective, au débat, à la primauté du groupe sur le chef. Denis Lefebvre, historien, l'a bien dit à Evreux lors de sa conférence sur l'histoire du socialisme : l'un des principaux handicaps du PS est de ne pas avoir clairement accepté les règles du jeu de la 5e République. Seul François Mitterrand a su en profiter. Son expérience, sa stature, sa culture, le lui permettaient. La droite a Sarkozy, le MODEM a Bayrou, Le Front de Gauche a Mélenchon, les écolos ont Cohn-Bendit, le NAP a Besancenot. Et le PS ? Il a Aubry, Delanoë, Fabius, Valls, Strauss-Kahn, Royal…autant de langues, autant de discours.
Le Conseil national du PS se donne six mois — c'est trop long six mois — pour trouver le chemin de la sortie de crise. Cette crise, elle dure depuis 2002 tout de même. Dans un an, les régionales seront une nouvelle épreuve pour le PS. La politique c'est le flux, le reflux. Une des conditions essentielles pour gagner : que les futurs candidats renoncent au cumul des mandats. J'ai fait ma campagne cantonale sur ce thème. Celui-ci est cher aux écolos (n'est-ce pas Dominique Voynet ou Noël Mamère ?). Il nous faut des élus qui se consacrent uniquement à la Région et fassent de leur mandat une passion. Autre condition, un engagement militant vraiment actif sur le Net, sur le terrain, dans la rue. Dernière condition, pas d'adversaire à gauche. Il n'y a rien de mortifère à travailler avec ceux et celles qui sont du bon côté du manche. Sur le fond enfin : les services publics publics avant tout !