« Le Grand Jeu est irrémédiable; il ne se joue qu'une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie. C'est encore à « qui perd gagne ». Car il s'agit de se perdre. Nous voulons gagner. Or, le Grand Jeu est un jeu de hasard, c'est-à-dire d'adresse, ou mieux de « grâce » : la grâce de Dieu, et la grâce des gestes »
(Roger-Gilbert Lecomte)« Roger Gilbert-Lecomte est-il un poète, un mythe, un monstre ? Il est d’abord la tête magnétique et brûlée du quatuor simpliste, le « fou furieux papa » de René Daumal et des « phréranges » du lycée de Reims, où se trame déjà, dès 1920, l’une des plus radicales des révolutions de l’Esprit. Gilbert-Lecomte est celui qui, bien avant la publication d’un certain manifeste, s’abouche jour et nuit, corps et âme au surréel… »
Lire la suite (présentation du livre que Cédric Demangeot a consacré à Roger Gilbert-Lecomte dans la collection anthologique de Jean-Michel Place
Roger Lecomte est né le 18 mai 1907 à Reims. Il fait ses
études au lycée de Besançon puis de Reims où il rencontre Roger Vailland et il
publie en 1921 ses premiers poèmes dans une petite revue. En 1922, René Daumal
se joint à leur petit groupe qui se forme réellement en 1923. Le groupe fait
ses premières expériences, onirisme et drogues. En 1925 le groupe éclate. En
1926 premiers contacts avec les surréalistes et Lecomte part à Paris où il
commence des études de médecine. Il désire regrouper ses amis et en décembre paraît
Le Grand Jeu. En 1928, il adopte le nom de Roger Gilbert-Lecomte (Gilbert étant
son second prénom). En 1929, second numéro du Grand Jeu et accueil positif de
Paulhan dans la NRF. En 1931 le groupe se fissure et Daumal s’en éloigne. Roger
Gilbert-Lecomte subit plusieurs cures de désintoxication. En 1932 il constate l’échec
du Grand Jeu et Lecomte mène une vie précaire. Il perd sa mère en janvier 33 et
est arrêté la même année pour usage de drogue. Il rencontre Ruth Kronenberg qui
sera sa compagne jusqu’à sa mort en déportation. En 1934 c’est la rupture
définitive avec Daumal. Il est de nouveau arrêté en 37 pour usage et trafic de
drogue. Il est soutenu par son amitié avec Adamov mais il est de nouveau
condamné pour usage d’héroïne. Sa vie matérielle est de plus en plus difficile,
il est mobilisé puis réformé. Sa compagne est arrêtée une première fois en 40,
elle le sera de nouveau en 42 et mourra à Auschwitz. En 1943, il vit d’aides
arrachées à ses amis, « je suis pourri, paralysé d’abcès » écrit-il à
l’un d’eux avant son hospitalisation le 23 décembre. Il y meurt seul le 31
décembre, un an avant René Daumal.
(Ces éléments sont extraits de Roger Gilbert-Lecomte, par Christian Noorbergen,
dans la collection Poètes d’aujourd’hui de Seghers, 1988.
Bibliographie
Œuvres complètes en trois volumes, publiés après sa mort :
Correspondance, Gallimard, 1971
Œuvres complètes, vol. 1 ; Proses,
Gallimard, 1974
Œuvres complètes, vol. 2, Poésie,
Gallimard, 1977 (La vie l’amour la mort
le vide et le vent, Le Miroir noir)
A noter aussi :
Testament, anthologie établie et
présentée par Adamov, Gallimard, 1955
Monsieur Morphée empoisonneur public,
Fata Morgana, 1966
Arthur Rimbaud, Fata Morgana, 1972
Tétanos mystique, Fata Morgana, 1972
L’horrible révélation… la seule, Fata
Morgana, 1973
Caves en plein ciel, Fata Morgana,
1977
Neuf Haïkaïs, Fata Morgana 1977
Poèmes et chroniques retrouvés
présentés par Alain et Odette Virmaux, Rougerie, 1982
Ont écrit sur Roger Gilbert-Lecomte : Pierre Minet, Antonin Artaud, Arthur Adamov, René Daumal, Roger Vailland, Bernard Noël, Jean Roudaut, André Richaud, Roger Caillois, Kenneth White (parmi beaucoup d’autres)
Voir aussi
Cédric Demangeot, Roger
Gilbert-Lecomte, votre peau n’a pas toujours été votre limite, Jean-Michel
Place, 2001
et l’Anthologie des
poètes du Grand Jeu, réalisée par Zéno Bianu, en Poésie / Gallimard
Une photo et un
choix de textes
Un
grand article de Pacôme Thiellement dans la Revue des Ressources (site)
Un dossier (en cours
de réalisation) sur les Phrères simpliste, le Grand Jeu et le Surréalisme
Un beau site sur Le Grand Jeu