" Comme en Algérie avec les kabyles et les harkis, les gouvernements de la IVème République avaient tenté de rallier à la cause de l'Union française un certain nombre de populations, certaines catholiques et d'autre pas, comme les Méos, un peuple guerrier qui vivait dans les montagnes du haut Tonkin. Que de promesses on a faites à ce peuple dont bien sûr aucune n'a été tenue ! Assurés du soutien de la France, ils se sont battus à nos côtés mais lorsque le corps expéditionnaire, après les accords de Genève, a dû plier bagage, on les a abandonnés à leur sort, c'est à dire aux représailles sanglantes du Viêtminh. Des officiers ont bien sûr tenté de faire respecter la parole donnée : près de mille civils accompagnaient la Légion étrangère qui se refusait à les abandonner lors de l'évacuation de Cao Bang, au risque qui d'ailleurs lui fut fatal, de ralentir sa marche dans la jungle. Mais ces officiers n'ont pas eu plus de chance qu'avec les harkis. Le peuple méos a tenté de fuir à travers la jungle et les montagnes vers le Laos. Soutenu un moment par les Américains puis a nouveau abandonné, il a été décimé et continue de l'être par le régime communiste du Laos. Abandonné à son sort funeste sur les bas-côtés de l'Histoire, il meurt sans émouvoir personne. Un journaliste témoin de ces souffrances, Cyril Payen, a publié aux éditions Robert Laffont Laos, la guerre oubliée, un récit sur ce génocide dont la france ne semble guère se soucier. Voilà un dossier dont devraient pourtant se préoccuper kouchner et Rama yade en souvenir d'une parole donnée et non tenue...
Jean-Marie Rouart : " Cette opposition qui s'appelle la vie " Grasset 2009