"Mes amis, aux ordures et à la poubelle ces oméga 3, on veut des graisses saturées ! Ras le cul de ce régime ! (...) Ni dieu ni maître mais des frites bordel !"
Apologie de la frite. Il y a quelque part en Bretagne une mamie qui donne à ses frites 14 bains. Quatorze bains ! Ou peut-être 7, je ne me souviens plus très bien... Quoiqu'il en soit, elle fait ça avec art et amour pour ses petits enfants. J'aime penser que chacune de ces frites est un petit miracle gustatif, croustillant, moelleux et parfaitement salé.
La frite est une miraculée. Elle doit sa place au Panthéon de mes plaisirs gourmands grâce à de rigoureuses règles. Oubliez-les et le pauvre tubercule maltraité arrive alors farineux, pitoyablement blanc, dans votre assiette. Bien moins connue que le nombre de bain - nécessairement supérieur à 1 -, notez l'importance de la température de cuisson. Si la frite est plongée trop tôt, elle s'imbibera d'huile telle un éponge. Si elle est plongée au moment opportun, elle sera moelleuse et légère à cœur, bronzée à l'extérieure.
J'assène alors une nouvelle vérité diététique (trouvée sur Wikipédia, pas à l'INRA, il faudra peut-être vérifier mes sources) : "La friture en bain d'huile est une méthode de cuisson plus diététique et produit des pommes de terre moins grasses."
Pour finir en beauté ce petit précis de la frite, j'aimerai saluer Thomas Dutronc et son improvisation culinaire : Les frites bordel.
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« Chère mamie, cette petite carte de Vendée où nous sommes pour quelques jours...
Oui, vous vous rappelez ces cartes postales quand on était petit, il fallait toujours se forcer à les écrire. Il y avait, voilà, fallait écrire à notre tante, notre grand tante, notre grand oncle...Et puis, bah, ça nous barber, alors nos parents, ils écrivaient la carte et puis on signait en bas...Puis maintenant, le temps a passé. Quand on ouvre notre boîte aux lettres, c'est nous qui aimerions bien recevoir plus de carte postale. Je me rappelle de mon grand père à la fin de sa vie, il avait 86 ans, sa femme était morte, il rentrait tout seul. Il avait du mal à pousser sa porte, elle était lourde et puis, il y avait sa boîte et dedans il y avait des conneries de serrurerie, des prospectus, des machins et puis, je me suis dit putain, je lui écrivais pas assez de cartes, j'aurais voulu lui écrire plein de cartes et voilà, le temps passe et bordel !
Le temps passe toujours trop vite hélas. Nos amis souvent les plus chéris, les meilleurs sont partis, sont loin, sont malades, sont morts...Parfois, dans la nuit, on ne sait plus très bien qui on est, on ne sait plus où l'on va. Parfois, l'angoisse nous prend le coeur, parfois, la personne qui dort à côté de nous est un étranger.
Alors moi je sors et je me commande un steak-frites, un bon gros steak avec des frites bordel ! Y'en a marre de ce poisson grillé ! De ces haricots verts ! A mort le haricot ! Vive la choucroute !
Un bon gros morceau de viande et des pommes de terre bien grasses. La révolution du saucisson est en marche ! Venez avec moi vous roulez dans la paella, vous vautrez dans le couscous ! Mes amis, aux ordures et à la poubelle ces oméga 3, on veut des graisses saturées ! Ras le cul de ce régime !
Prenez des tubercules, des pommes de terre, vous savez ces tubercules, coupez les en fines lamelles, plongez les dans l'huile bouillante, salez les et vous aurez des frites !
Ni dieu ni maître mais des frites bordel ! »
Thomas Dutronc (Comme un manouche sans guitare)