Bengt Dennis, ancien directeur de la banque central suédoise et conseiller "spécial crise" du Gouvernement letton a déclaré que le pays aura besoin de dévaluer sa monnaie.
"Personne ne sait si cela aura lieu demain ou dans quelques mois et nous sommes passés au-delà de la question de savoir si oui ou non il faut dévaluer. Il faut maintenant se concentrer sur la façon dont cela va se produire" a-t-il précisé à la télévision suédoise SVT.
L'économie lettone a plongé de 18% au 1er trimestre 2009, obtenant ainsi la pire performance européenne de ce début d'année. Le Gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire ses dépenses afin de continuer à recevoir l'aide si précieuse du FMI (le contrat prévoyait une contraction de 12% du PIB cette année, or elle pourrait dépasser 18%).
Le Premier Ministre letton, Dombrovskis, apporte son commentaire et ajoute que les propos de Dennis sont ceux "d'un expert, une opinion personnelle", détachée du travail de groupe auquel il prend part au sein du Gouvernement. Il ajoute que ces commentaires sur la dévaluation ne constituent pas "la position du Gouvernement de Lettonie".
Moins couteux
"Cette annonce de la part de Dombrovskis confirme une fois de plus que le gouvernement reste fermement attaché à préserver un taux fixe" déclare Yarkin Cebeci, économiste à JPMorgan Chase & Co. Avec quelques mesures fiscales, cela reste pour le moment moins couteux, sur le plan économique et politique, qu'une dévaluation.
Les actifs des banques suédoises SEB et Swedbank soufriraient fortement en cas de dévaluation puisque ces établissements ont prêté en euros alors que les emprunteurs perçoivent leurs revenus en lati. Le remboursement des dettes serait alors difficile pour certains, impossible pour beaucoup d'autres.
Dans les pays baltes, la valeur des prêts de SEB représente 22 milliards $ (166 milliards de SEK), soit 13% de ses prêts totaux. Swedbank, elle a prêté plus de 200 milliards de SEK à la région.
Le débat sur la dévaluation
Il semble désormais plus ouvert que jamais.
Le gouvernement letton poursuit sa politique de coupes budgétaires afin de restaurer la compétitivité du pays et rééquilibrer l'économie tout en conservant un taux fixe avec l'euro (avec une marge de fluctuation autorisée de +/-1%). Cependant, il semble que la piste de la dévaluation, si longuement ignorée, soit aujourd'hui envisagée et même débattue.
Le Ministre de la Justice Mareks Seglins a déclaré que le gouvernement devait se réunir pour discuter d'une dévaluation du lats et surtout afin d'estimer les gains et pertes en cas de réajustement de la valeur de la monnaie nationale.
Il calme cependant jeu: "Je ne demande pas et ne dis pas que le lats sera dévalué, mais il doit y avoir débat".