Il est 7h05, je patiente à l’aéroport Lennart Meri de Tallinn dans la file d’attente Estonian Air. Ma destination, Stockholm (raison professionnelle).
C’est également celle du Premier Ministre estonien, Andrus Ansip, que j’aperçois dans la file « business class » en train de retirer sa carte d’embarquement en compagnie de son fidèle garde du corps.
Je ne sais pas encore qu’il m’accompagnera à bord. C’est après le passage de la sécurité que je le rencontre avec un collègue en train de déambuler avec un journal et lance un solennel « Tere ». Oui, même si je ne suis pas un fervent supporter de sa politique, cela n’empêche pas d’être poli. Je ne sais toujours pas que l’on voyagera « ensemble »…
Je le réalise en me rendant à la porte d’embarquement et où je le retrouve assis, presque incognito. Là je me dis, tiens seul sans son garde du corps, il essaye de se mêler au peuple. Cette image sera vite brisée à bord.
Voyage en première classe et plateau repas préparé par un traiteur, voilà ce qui attend le Premier Ministre et ses collaborateurs à bord.
Je comprends que sa position lui offre des avantages mais en présence de « l’Estonie qui se lève tôt » (il était 7h50 environ) et afin d’être cohérent avec sa politique de réduction des coûts, il pourrait faire preuve d’un peu de retenue et/ou travailler son image « proche du peuple » ou tout du moins se montrer concerné.
Le voyage en 1ere classe ne me pose pas de problème particulier. Il faut bien quelqu’un pour occuper ces sièges, même si je suppose qu’une place assise en économie aurait été du plus bel effet! J’aurai peut être appelé cela de la démagogie (car il faut bien que je trouve du mal à redire !:D) mais cela aurait au moins eu le mérite d’être cohérent avec ses préceptes actuels.
Ce qui me gêne, c’est le fait que l’avion ait pris du retard parce que Môsieur Ansip avait commandé son plateau repas p’tit dej’ chez un traiteur. Le Premier Ministre est une personnalité qui doit (veut ?) se faire remarquer et ne mange pas ce que le petit peuple avale. Certes, le petit déjeuner servi en avion n’est pas digne d’une dégustation culinaire mais voilà une belle occasion ratée de redorer son image et de montrer que même le Premier Ministre fait des sacrifices pour réduire le budget national.
Ansip, c’est un peu comme la Police finalement, « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais »… ou vu d’une autre manière : « faites des économies et serrez-vous la ceinture pour que je puisse continuer à déguster mes gourmandises préférées en première classe avec votre argent ».
Merci Monsieur Ansip pour cette belle leçon de morale en altitude !