Cela fait maintenant dix mois que deux pandores montent la garde, jour et nuit, devant le domicile d'un des personnages les plus considérables de la République, Christian Clavier.
C'est la suite d'un drame qui remonte au mois d'aout dernier. Dans la chaleur de l'été, quelques "natios" corses goguenards osent fouler le gazon entourant le faux mas bling bling de l'acteur Christian Clavier, ami personnel de Sarkozy. Et l'un de ces énergumènes jette sans ménagement un bibelot dans sa piscine. Sarko ayant pris ce lâche attentat pour une attaque personnelle, le préfet, responsable de la sécurité dans l'île, est illico limogé, pour la plus grande joie des cagoulés à qui il menait la vie dure.
Depuis, la gendarmerie veille, sans relâche. Combien a déjà couté cette protection du précieux gazon et de l'illustre piscine? Bizarrement, "la direction de la gendarmerie ne souhaite pas communiquer sur ce sujet. "Le Canard enchainé" a donc mené sa propre "enquête corse".
Reprenons: deux gendarmes mobiles font le pied de grue en permanence devant l'entrée du Sam'suffit de Clavier. Sachant que les gendarmes aussi ont droit, après huit ou dix heures de garde, d'aller dormir, de tomber malade ou de partir en permission, deux postes fixes mobilisent six hommes à plein temps. Chiffre officiel concédé par les chafs pandores. En fait, pour parer à tout imprévu, un poste équivaut putôt à quatre emplois. Ces huits fonctionnaires dévoués sont épaulés par trois éléments du "détachement de renfort et d'intervention" qui déambulent dans les parages. Soit, selon le même principe, du boulot pour douze personnes. Coût d'un jeune gendarme mobile: 24 000 euros par an. La présence de vingt d'entre eux autour du gazon de Clavier s'élève déjà à 400 000 euros en dix mois. Rien que pour les salaires.
Une estimation basse, car ne tournent pas dans le coin que des jeunots à la maigre solde. Et il faudrait comptabiliser aussi les ronds dans l'eau de la vedette de la gendarmerie maritime qui croise souvent devant la villa, sans oublier les rondes de leurs collègues de la "départementale". Laquelle est systématiquement réquisitionnée pour passer et repasser entre les villas fermées qui jouxtent le royaume du grand homme.
A plusieurs reprises, des officiers kamikazes ont enfilé un gilet pare-balles et courageusement demandé à leur hiérarchie l'allègement d'un dispositif disproportionné en période de rigueur budgétaire. Cela fait cher le mètre carré de pelouse. Il leur a été répondu que l'ami du Président aurait reçu des menaces.
Des menaces de sombrer dans le ridicule ?