Le télétravail semble être devenu la solution idéale pour travailler sans sortir de chez soi et sans souffrir des affres des déplacements, des bouchons, de la pollution des grandes villes. Il permet notamment de continuer à vivre à la campagne, sans devoir obligatoirement changer d’emploi. Les progrès de l’informatique, d’internet, les téléconférences facilitent grandement les choses.
Si vous interrogez certains salariés, certains cadres, je suis certaine qu’un certain nombre d’entre eux encenseraient cette nouvelle façon de travailler. Ils pensent d’emblée qu’ils pourront gérer leur travail comme ils l’entendent, qu’ils ne seront pas soumis à des horaires stricts, qu’ils pourront faire ce qu’ils veulent. Toutefois, cette façon de penser n’est peut-être pas la bonne. En régissant ainsi, ils risquent fort d’être débordés et de ne pas remplir leurs tâches en temps et en heure. Le télétravail demande une discipline de fer. Pas question de se laisser-aller et de laisser filer les heures sans fournir le moindre travail. Le télétravail peut d’ailleurs avoir un effet pervers : vous faire travailler davantage qu’il ne faut. Comme vous n’êtes pas tenu par des horaires stricts, vous pouvez finir par travailler sans arrêt par peur justement que l’on pense que vous ne travaillez pas assez.
D’un autre côté, le télétravail n’est pas considéré comme la panacée par tout le monde. Certains salariés ne veulent pas en entendre parler et ne jurent que par le travail en entreprise. Cela leur permet de rencontrer d’autres têtes, de sortir, de ne pas rester enfermés chez eux, de travailler en équipe, de mieux savoir où ils en sont et dans quelle direction aller. Ce type de réaction est tout à fait compréhensible.
La semaine dernière, un projet de loi sur le télétravail a été examiné au Parlement. Jusque maintenant, rien d’aberrant, bien au contraire, puisque le télétravail n’est pas réglementé en France. Pour les entreprises et les employés, c’est le flou le plus complet que ce soit pour la rémunération, le temps de travail, la sécurité, la surveillance, etc.
Mais, les discussions ont été âpres surtout à partir du moment où un député UMP, Frédéric Lefebvre, a proposé un amendement visant à soumette au télétravail les personnes en congés maternité ou en arrêt maladie. Ainsi, vous continuerez à travailler bien que vous soyez malade ou que vous occupiez de votre enfant. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ce qui est sûr, c’est que cette proposition a soulevé un tollé au sein de l’Assemblée pas seulement parmi l’opposition mais aussi parmi la majorité.
C’est à se demander comment ce député ait pu même concevoir une telle proposition. Imaginez, par exemple, que vous ayez un cancer et que vous suiviez un traitement de radiothérapie, pensez-vous vraiment que vous pourrez continuer à travailler de chez vous, avec le télétravail ? Je ne pense pas que vous en aurez les capacités physiques ou intellectuelles.
Je suis certaine que certains diront que, au moins, cela fera passer le temps. Dans ce cas-là, si vous avez les capacités de continuer à travailler, pourquoi ne pas continuer à aller au travail, pourquoi demander un arrêt maladie. Soit vous êtes malade et votre maladie vous empêche de travailler, soit vous n’êtes pas malade, il n’y a pas de situation intermédiaire.
Certes, le télétravail reste une bonne solution pour ceux qui le désirent et qui se sentent capable de l’adopter. Mais, il faut être raisonnable et ne pas vouloir l’appliquer dans des situations inadaptées. Surtout, il faut que le législateur garde son sérieux et réglemente cette nouvelle façon de travailler, pas encore très utilisée en France mais qui risque de se développer dans un avenir proche.
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