Magazine Culture
A première vue, j'ai été un peu déçue par le choix retenu pour Masse Critique chez Babelio. Il s'agissait d'un livre de tout petit format des éditions first (il est à un prix défiant toute concurrence aussi, je crois que votre porte monnaie ne boudera pas cette fois). Heureusement, la taille dans ce domaine comme dans celui que je vais évoquer plus bas n'est pas forcément un critère judicieux...
Du Moyen Age au XXIe siècle, la sensualité inspire bien des plumes ! Après une présentation du parti de cette publication (érotisme et pornographie, oui, éros qui flirte trop avec thanatos, non (donc Sade and cie, bye bye)), Gilles Guilleron propose une sélection de courts textes introduits par quelques mots, non dépourvus d'humour. Un petit cartel indique ensuite rapidement qui était l'auteur et ce qu'il a écrit. C'est donc un ensemble assez didactique qui se veut accessible à tous. Malgré cela, j'y ai fait quelques intéressantes découvertes comme Douin de Lavesne ou Papillon de Lasphrise. Mais j'ai aussi retrouvé des "classiques" du genre comme La Fontaine, Mirbeau, Louÿs, Verlaine, Réage... et je regrette un peu de ne pas avoir découvert plus de textes étonnants. Je connaissais tous les textes XVIIe et médiévaux sauf Trubert. Beaucoup des XVIIIe, XIXe et XXe... En fait, je crois que c'est le terme anthologie qui me gène. J'imaginais un panorama plus vaste et détaillé que ce charmant florilège. Je vais arrêter de me plaindre de la finesse de ce recueil, vous allez vous imaginer que mon appétit de textes érotiques est insatiable !
Attention, la suite peu choquer les âmes sensibles.
Voici quelques extraits pour vous faire partager cette découverte : On commence par Louÿs, un roi du genre, avec son manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maison d'éducation (et dire qu'il n'y a pas si longtemps, j'y étais...) que j'ai longtemps cherché avant de le trouver en ligne.
"Ne dites pas : "J'aime mieux la langue que la queue".
Dites : "Je n'aime que les plaisirs délicats".
Ne dites pas : "Elle se laisse enculer par tous ceux qui lui font minette".
Dites : "Elle est un peu flirteuse".
Ne dites pas : "Je l'ai vue baiser par deux trous."
Dites : "C'est une éclectique."
Ne dites pas : "Sa pine est trop grosse pour ma bouche".
Dites : "Je me sens bien petite fille quand je cause avec lui"."
Désolée pour ceux que ça choque, moi je trouve ça très bien vu et assez drôle !
Puis un autre de Bernard de La Monnoye :
"Lise en un bal, s’étant démis la hanche,
Macé le jeune, aussitôt fut mandé.
Bon r’habilleur. Lise était drue et blanche,
Macé dispos, gaillard et peu vidé.
Il vit l’endroit, l’objet meut la puissance,
D’où l’on peut bien juger en conséquence,
Que travaillant sur un si beau sujet,
Pas ne manqua d’être ému par l’objet.
Or, quand la hanche en état fut remise,
Le gars voulut prendre congé de Lise.
« Que vous faut-il, lui dit-elle, Macé ?
- Rien, chou pour chou, répond le bon apôtre.
Je vous ai, Lise, un membre redressé
Vous avez su m’en redresser un autre".
Si ça ne vous donne pas envie de découvrir le reste tout ça...