Nicolas Sarkozy écarte l’option d’un recours à la force pour contraindre l’Iran à renoncer à se doter de l’arme atomique, dans une interview publiée lundi par le New York Times.
Le président français, à New York pour participer à plusieurs réunions à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Onu, affirme cependant que les conditions d’un voyage à Téhéran de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ne sont pas aujourd’hui réunies.
“Les recherches iraniennes sur le nucléaire militaire font courir au monde un grave risque. C’est inacceptable”, dit-il. “Je suis prêt à expliquer que pour empêcher l’Iran d’avoir l’arme nucléaire, il faut renforcer les sanctions. Pour ma part, je ne prononce pas le mot guerre.”
Il prend ainsi le contrepied de Bernard Kouchner, qui a déclaré le 16 septembre que les pays opposés au programme nucléaire militaire iranien devaient “se préparer au pire” pour montrer qu’ils étaient “sérieux”. Le chef de la diplomatie française avait ajouté: “Le pire, c’est la guerre !”
Dans son discours devant les ambassadeurs de France, le 27 août, Nicolas Sarkozy avait insisté sur la nécessité de tout faire pour “échapper à une alternative catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran”.
“Nous ne sommes pas condamnés aux deux extrêmes”, réaffirme-t-il dans son interview au New York Times.
“Ce n’est pas vrai qu’il n’y a aucune solution entre la soumission et la guerre”, souligne-t-il. “Entre la soumission et la guerre, il y a une palette de situations, de solutions qui existe, comme le renforcement des sanctions qui finiront par produire leurs effets.”
“SANG FROID”, “FERMETÉ”, “RÉFLEXION”
Dans l’état actuel des choses, il recommande ainsi “très vivement” aux sociétés françaises de s’abstenir d’aller en Iran. Il souhaite également, en attendant que l’Onu vote de nouvelles sanctions, que l’Union européenne en adopte elle-même.
“Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait un véritable débat au sein de la société civile et politique iranienne pour voir que l’Iran, comme tous les autres pays du monde, ne peut survivre à un isolement total”, explique-t-il. “Plus tôt ils le comprendront, moins longtemps le peuple iranien, qui n’y est pour rien, aura à subir des souffrances.”
“C’est une crise internationale qu’il faut gérer avec beaucoup de sang-froid, avec beaucoup de fermeté mais avec beaucoup de réflexion”, ajoute-t-il. “C’est ce que j’essaye de faire. En tout cas, je n’irai pas au-delà. Parce que ce n’est pas la politique de la France. Cela ne sert à rien d’évoquer d’autres alternatives. C’est parfaitement contre-productif.”
“L’expression ‘toutes les options sont sur la table’ n’est pas la mienne et je ne la fais pas mienne”, insiste le président français.
Dans une interview accordée au Figaro la semaine passée, Bernard Kouchner se déclarait prêt à aller en Iran.
“Je pense que les conditions d’un voyage aujourd’hui à Téhéran ne sont pas remplies. Dans les couloirs de l’Onu, on peut discuter. Un voyage à Téhéran, c’est autre chose”, estime cependant Nicolas Sarkozy, qui est accompagné à New York par le chef de la diplomatie française.
Le gouvernement iranien a fait savoir dimanche qu’il ne voyait aucun inconvénient à une visite de Bernard Kouchner. De son côté, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad participe cette semaine à la 62e assemblée générale de l’Onu.
Source REUTERS