Octahedron
par The Mars Volta
Sortie : 23 juin 2009
Label : Mercury
Stéréotypes : Prog-rock
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J’attends toujours chaque album de The Mars Volta avec impatience, et encore plus depuis The Bedlam In Goliath qui m’a vraiment rendue fan du groupe (cf: ma chronique), après quelques disques que j’ai trouvé intéressants, mais pas détonnants. Non pas que j’en parle tous les jours à tous les gens que j’croise, mais à la moindre news du groupe de prog-rock américain. Tiens, savez-vous ce que veux dire “prog-rock” ? Littéralement, ça signifie “rock progressif”. Je trouve ce terme super-prétentieux. Les autres formes de rock sont stagnantes ou dépressives ?
Bon, mise de côté la mise en boîte énervante, j’dirais simplement que les groupes de prog-rock ont pour principale crainte de se retrouver catégorisés “mainstream”. Les structures des chansons sont donc différentes de tout ce qui passe à la radio (pour schématiser, vu que c’est le jeu), s’inspirant du free jazz, du rock psychédélique, des improvisations en tous genres… Pas de limites, que ce soit dans les instruments utilisés, la manière dont ils sont utilisés, la longueur des chansons, etc…
The Mars Volta avait balancé un album bien énervé et carrément jouissif de bout en bout avec The Bedlam…, et Octahedron devait être leur “album acoustique” selon les propres mots de Omar Rodriguez-Lopez, le génial guitariste du groupe. Bien entendu, ce n’est pas un album acoustique du tout, mais…
… mais oui, c’est un album plus “calme” que le précédent, mais aussi moins surprenant. Il y a bien entendu quelques grosses pistes épiques pour lesquelles le groupe s’est rendu célèbre : “Cotopaxi” et “Desperate Graves” sont un condensé de tout ce que j’aime chez le groupe, la voix aïgue incroyable de Bixler-Zavala, la batterie MONS-TRUEUSE de Thomas Pridgen, qui est impressionnant et étonnant tout au long de l’album, comme d’habitude ai-je envie de dire, et la guitare de Rodriguez-Lopez qui maîtrise comme toujours son sujet. Le groupe est toujours excellent, mais… il manque quelque chose. Ce disque est - mon dieu, oserai-je ? - presque accessible. Si.
Et ça, j’aime moyen. En fait ce sont les raisons pour lesquelles ce disque est plus accessible aux “non-initiés” qui me déplaisent. Les chansons sont… eh bien ce sont des chansons, déjà. Et la voix de Bixler-Zavala est moins soluble dans des chansons quasi-pop comme “Halo of Nembutals” qui n'est pour le coup pas surprenante du tout. Le groupe m’avait habitué à des choses plus intéressantes, et cette chanson, même si je l’écoute avec plaisir, manque de folie, d’originalité (encore une fois, par rapport à ce à quoi ils m’avaient habitué, parce qu’une chanson pareille par un autre groupe, je ne m’agenouille pas, mais presque, ‘voyez) …
Sur ces chansons plus calmes, moins déstructurées, les talentueux musiciens du groupe distillent toujours des arrangements qu’il est impossible de retrouver chez n’importe quel groupe, mais même si Axl Rose aurait rêvé d’avoir une chanson comme “Luciforms” sur son dernier disque, je ne peux m’empêcher de me demander en écoutant “Copernicus”, “With Twilight As My Guide” et “Since We’ve Been Wrong”, où je me suis ennuyée ferme (!!!), si Octahedron peut encore être qualifié d’album de “prog-rock”. Ou alors du “prog-rock alternatif” (sic).
Sentiment très mitigé donc, même si plusieurs sortent très clairement du lot. Si vous n’avez pas encore accroché à The Mars Volta, peut-être trouverez-vous ce disque à votre goût, mais moi il me manque ce que j’avais trouvé dans le précédent : de la folie, de l’incroyable, des structures de chansons complètement dingues, un émerveillement permanent… La musique du groupe est toujours complexe, avec des arrangements mélodiques à tomber par terre, les paroles sont toujours complètement incompréhensibles pour mon plus grand plaisir, mais voilà, ce n’est pas le Mars Volta que j’aime passionnément. C’est étrange parce que si j’avais découvert ce disque avant d’écouter The Bedlam In Goliath, je l’aurais sans doute mieux apprécié. Mais connaissant les capacités du groupe, j’ai l’impression qu’ils les ont moins bien exploitées sur celui-là.
Octahedron est tout de même un très bon disque, parce que les musiciens sont géniaux et le chanteur incroyable, mais je ne peux me défaire de ce sentiment de frustration.