Le moins que l'on puisse dire c'est que les résultats des européennes de dimanche auront des conséquences. Il faut s'attacher à en tirer les enseignements pour les français d'abord, pour la gauche et pour le PS également. Disons-le tout net : la leçon donnée aux socialistes est sévère. Admettons qu'elle est méritée. Faisons tout pour qu'elle soit salutaire !
Lire la suite...Pierre Regnault
Je pourrais, car c'est vrai, vous dire qu'à La Roche sur Yon la gauche a plutôt bien résisté. Que La Roche est l'une des rares villes où le PS est encore en tête, avec Saint Nazaire et Saint Herblain. Je pourrais vous dire que le PS a perdu beaucoup d'électeurs socialistes qui ne sont pas venus voter, que d'autres se sont portés sur les Verts, et c'est plutôt bien, mieux en tout cas que d'aller se perdre ailleurs, car les verts sont nos partenaires. Je pourrais vous dire que le parti du président est très minoritaire.... Mais il y a plus important.
Pour les français la note sera salée !
Au plan européen, la politique libérale ne peut pas ne pas se poursuivre, sans doute à un rythme plus soutenu avec la place désormais encore plus importante des partis de droite.
Que deviendront les directives européennes sur les services d'intérêt général et donc quel avenir pour les services publics ? Quelle politique sociale ? A quand une véritable lutte contre les paradis fiscaux en dehors d'un affichage au dernier G 20 d'autant plus consensuel qu'il en ressort peu de mesures concrètes ? Bref c'est mal parti pour une Europe plus progressiste avec un Barroso qui va sans doute rester à sa tête. Les conséquences pour les français et les Européens sont incalculables.
Au plan national, nul doute que Sarkozy va accelérer sa politique de casse et de régression sociale. Lui aussi devrait faire attention : les français savent le moment venu, faire payer la note. Ils viennent de le démontrer avec une certaine efficacité.
Convenons également que l'Europe est perçue comme très éloignée des préoccupations des français, alors que ses directives impactent chaque jour un peu plus la vie de nos concitoyens. Ce "GAP" démocratique n'augure rien de bon pour l'avenir et laisse perdurer un terreau propice au développement des extrémismes ...
Le plus désolant est que les français qui auraient le plus besoin d'une Europe sociale forte, d'une Europe de gauche, les plus défavorisés d'entre nous, sont justement ceux qui se sentent les plus éloignés de l'Europe et votent le moins !
Pour la gauche qui est en France majoritaire, les perspectives de revenir au pouvoir s'éloignent !
Le fait, qu'à travers ces résultats, la gauche ressorte très fragmentée, très éclatée, laisse à penser qu'elle a peu de chance, du moins à court terme, de constituer un bloc solide, uni et crédible aux yeux des français. Même si les écologistes sortent, notamment en France, renforcés, ils ne peuvent à eux seuls, pas plus que le PS, constituer une force suffisante pour revenir au pouvoir.
Le premier enseignement, est qu'il faut absolument travailler à construire une gauche de gouvernement unie et soudée autour d'un vrai projet. Point positif : les contacts que j'ai eu aujourd'hui montrent que cette volonté là existe à gauche. Tout le monde prend conscience, un peu tard il est vrai, que le temps presse.
Pour le PS la leçon est sévère ...et méritée !
Nous le sentions tous depuis longtemps. Il n'y avait aucune raison que les électeurs ne nous fassent pas un jour payer la note des divisions de notre parti. Divisions débutées en 2002, amplifiées à l'occasion de la présidentielle, accentuées au congrès de Reims.
Le travail de Martine Aubry et de l'équipe dirigeante allait dans le bon sens. Mais pour reconstruire il faut plus de temps que pour démolir... et plus on commence tôt...
Cette situation était d'autant plus sérieuse, grave, finalement dangereuse, que la sociale démocratie, dans son ensemble, ne va pas bien dans l'Europe entière.
Pourtant les français, les européens ont besoin de nous !
Qui peut penser un seul instant que la droite peut gérer la crise mieux que nous. Elle le fait certes, mais au service d'une minorité de privilégiés.
Qui peut penser que la droite peut défendre les intérêts des plus modestes, des classes moyennes, du plus grand nombre ?
Les principes, les idéaux de progrès, de justice sociale, de préservation de la nature sont des principes actuels et des idées toujours neuves, modernes.
Tous les jours nos concitoyens nous le disent : arrêtez de vous diviser, travaillez, redevenez vous mêmes. On a besoin de vous !
Redevenir des militants solidaires, unis, fraternels est une nécessité. Ce n'est pas suffisant !
Il faut retravailler notre projet, qui est devenu illisible. Pas parce qu'il n'existe pas, mais parce qu'il est masqué par le spectacle attristant de nos divisions.
Il faut le co-produire avec les français, la société civile, les organisations syndicales, les partis de gauche. Il faut le rendre crédible, s'appuyer sur nos expériences nombreuses, réussies, de nos collectivités locales, sans oublier celles de nos années de gouvernement.
Il faut travailler à faire émerger de nouveaux talents, se choisir un leader en acceptant la loi de la majorité.