Laurence WITTNER réponds aux questions d'Archipel Parfums

Publié le 09 juin 2009 par Archipelparfums

Laurence, votre parcours en quelques lignes …

Je suis journaliste depuis plus de 20 ans maintenant. J’ai travaillé d’abord en tant que généraliste en télévision (France 3, LCI…), puis je suis devenue indépendante et me suis spécialisée dans les sujets relatifs au bien-être (médecines alternatives, nutrition…) jusqu’à ne plus m’occuper aujourd’hui que de cosmétiques. L’idée directrice de mes dernières années de travail a été de donner aux consommateurs les clés de compréhension des produits (connaissance des ingrédients, décryptage des étiquettes) pour que chacun puisse agir en consomm’acteur et choisir les produits qui lui conviennent le mieux et correspondent à ses attentes.

Comment vous est venue l’idée de créer le Palmarès des Cosmétiques ?

Les cosmétiques sont des produits complexes, qu’il est assez difficile d’évaluer correctement quand on n’a pas des connaissances de chimiste, de pharmacien, de dermatologue, d’allergologue, de toxicologue, de juriste, d’esthéticienne, de coiffeur… et j’en oublie sûrement.
J’avais écrit un livre destiné à donner les bases permettant de bien choisir ses produits, mais il est apparu que certains consommateurs (et assez nombreux) attendait quelques chose de plus simple d’accès. D’où l’idée de réunir un jury d’experts réunissant toutes les compétences nécessaires à une bonne lecture des cosmétiques, pour établir un classement des « meilleurs » cosmétiques disponibles sur le marché, et vers lesquels chacun pouvait s’orienter en toute confiance.

Qui sont vos collaborateurs ? Comment fonctionne votre équipe ?

Lejury qui évalue les produits est composé de deux cosmétologues, enseignantes et chercheuses de l’université de pharmacie de Nantes ; deux dermatologues-allergologues exerçant en cabinet (une à paris, une à Nice) ; une esthéticienne qui travaille avec l’équipe de son Institut (Peausitive à Paris), un coiffeur qui travaille avec l’équipe de son salon (Coiffure et Nature à Paris), une pharmacienne-esthéticienne… Leurs évaluations sont complétées au besoin de consultation de toxicologues. Tous sont indépendants de toute marque de cosmétiques.
Je travaille, pour la coordination du jury, les relations avec les fabricants de cosmétiques et la rédaction des livres, avec Hélène Le Héno, rédactrice et documentaliste indépendante. Nous avons créé ensemble le site Internet
L’Observatoire des Cosmétiques.

Votre site l'Observatoire des Cosmétiquesest créé depuis quelques mois, que souhaitez vous apportez à vos lecteurs ?

La cosmétique est une matière très riche et en perpétuelle évolution. Un site internet permet des actualisations quasi en temps réel pour mieux suivre les innovations ou les orientations du marché.
L’Observatoire des Cosmétiques a été conçu pour regrouper en un même lieu toutes les informations utiles pour bien appréhender le monde des cosmétiques, ses produits et les ingrédients qui les composent.
On trouve souvent des informations partielles, voire partiales, qui émanent d’un secteur ou d’un autre, d’une marque ou d’un groupe d’intérêt… et qui de ce fait, ne sont pas toujours des plus pertinentes ou des plus exactes. Le principe du site est d’apporter des informations exhaustives, fiables et scientifiquement vérifiées, et surtout complètement indépendantes sur les cosmétiques, pour démêler le vrai du faux, dépasser les idées reçues ou les a priori, se démarquer des querelles de chapelles, et, en suivant de près les publications scientifiques, les lancements de produits, les connaissances nouvelles sur les ingrédients ou les évolutions de la réglementation, devenir une base de données qui puisse servir de référence.

Des fiches produits et ingrédients sont disponibles en ligne, sont-elles destinées au professionnels, aux particuliers, ou pour tout public ?

Les fiches Produit ou Ingrédient sont destinées à tous ceux que les cosmétiques intéressent. Elles sont rédigées de manière à être accessibles à tous les publics, et à donner des informations utiles à tous.

Pour avoir un accès « complet » à ces fiches, une participation financière est demandée, pouvez-vous nous expliquer l’intérêt et les plus que nous apporteront ces fiches ?
L'accés payant à certaines parties de ces fiches n’était pas une volonté au départ. J’aurais bien sûr préféré que tout le site soit en total accès libre ! Mais l’indépendance a un prix, et comme nous refusons tout budget publicitaire ou tout contrat préférentiel avec toute marque de cosmétiques, nous avions besoin d’assurer la viabilité financière du site en demandant une contribution financière aux internautes pour la consultation de résultat du travail des experts.
C’est en effet un travail considérable.
La partie payante des fiches Produit contient la synthèse des évaluations de tous les experts sur un produit, avec les notes qui lui ont été attribué : à la fois la note globale qui permet de juger rapidement de l’intérêt d’un produit, mais aussi les notes détaillées, critères par critères (efficacité, tolérance cutanée, principe de précaution, confort à l’utilisation, rapport qualité/prix, etc.), ce qui peut permettre de mieux orienter son choix en fonction de ce qui est le plus important pour chacun.
La partie payante des fiches Ingrédient contient tous les éléments d’informations qui sont disponibles sur une matière première cosmétique (effets indésirables connus, risques de toxicité pour la peau ou la santé, potentiel allergisant, caractère polluant pour l’environnement, etc.). Là encore, une note globale est proposée par les experts, ainsi que des notes détaillées par critères.

Peut-on contacter via  l'Observatoire des Cosmétiquesdes professionnels de la cosmétique, et les questionner ? Si oui, comment ?
Un espace sur le site est en effet dédié au dialogue entre les internautes et les experts de L’Observatoire. Dans la rubrique « Questions aux experts », chacun peut poser sa question. Elle sera orientée vers le ou les experts les plus habilités à lui apporter une réponse, qui est ensuite publiée sur le site.
Et les internautes peuvent aussi discuter entre eux sur le forum, où les experts font aussi parfois de petites interventions…

Parlez-nous un peu de votre nouveau livre : « bien choisir vos cosmétiques » que pouvons nous y trouver ?
Ce livre se propose d’être un guide dans la découverte des cosmétiques, pour mieux les comprendre et les choisir, en préservant sa peau et sa santé, sans oublier de se faire plaisir ! De façon très accessible, il emmène pas à pas le lecteur vers une bonne lecture des étiquettes, en commençant par ce qu’on voit le plus évidemment (et qui est souvent aussi le moins informatif !), et décodant la signification des différentes mentions et allégations (et en soulignant les pièges à éviter), en donnant la signification précise des logos et des labels, et en terminant par les clés pour bien comprendre la partie la plus importante : la liste des ingrédients. Il fait le point sur les connaissances disponibles à ce jour sur ceux qui sont les plus décriés, et propose un mémo des bons ingrédients et de ceux qu’il vaut mieux éviter pour chaque type de peau.

Quelles sont pour vous les 3 matières les plus « beurk » et pourquoi ?
Difficile d’établir un « trio perdant » ! Certains ingrédients, particulièrement à éviter pour certaines catégories de personnes ou certains types de peau, peuvent être plus acceptables pour d’autres…
Mais il apparaît de plus en plus évident que les perturbateurs endocriniens, qui interagissent avec notre système hormonal et peuvent être responsables de malformations des fœtus ou jouer un rôle dans la baisse de la fertilité masculine, doivent être exclus des produits pour bébés ou pour femmes enceintes. Parmi eux, on trouve certains conservateurs, certains filtres solaires…
À déconseiller également, les conservateurs libérateurs de formaldéhyde. Ils sont susceptibles en effet de laisser « échapper » cette substance qui constitue un cancérogène avéré. Bien sûr, on n’est pas en contact avec une dose importante à chaque fois, mais puisqu’on connaît des moyens d’assurer autrement la bonne conservation des cosmétiques, pourquoi continuer à courir ce risque ?
Grosse prudence aussi vis-à-vis des colorations capillaires. Elles font partie des composés cosmétiques les plus allergisants, et également, pour certaines, associées à un risque de cancer important. Quand on connaît la liste et l’importance de leurs effets indésirables, on commence à se dire que des cheveux blancs, c’est très joli !

Quelles sont pour vous les 3 matières les plus « hum » et pourquoi ?
Il y en a tant ! Parce que les cosmétiques sont aussi pleins d’actifs vraiment intéressants pour la peau et tout à fait inoffensifs pour la santé !
Les huiles végétales constituent le top en matière d’hydratation, de respect de la peau et d’apports bénéfiques (acides gras essentiels, vitamines…).
Les actifs végétaux, si nombreux et divers, apportent aussi leur lot d’actifs antioxydants, apaisants, tonifiants, raffermissants, lissants, purifiants… j’en passe !
Et dans ce top 3, il serait injuste de ne pas citer les tensioactifs de la famille des glutamates ou ceux dérivés du sucre. Ils remplacent avec bonheur les substances traditionnellement utilisés dans les shampooings et les gels-douche mais beaucoup plus irritants pour la et/ou allergisants. Ils sont aussi beaucoup plus chers pour le fabricant, mais quand on le repère dans un produit, il ne faut pas hésiter à les choisir !