Depuis dimanche soir, tous les commentaires vont bon train, sur le succès « incontestable » de Nicolas Sarkozy et de l'UMP qui sont arrivés largement en tête des élections européennes avec 27,8 % des voix et 29 sièges.
En fait, ce succès est tout relatif, puisque l'UMP qui a remporté ces élections est bien plus que le RPR de 1979 et bien plus aussi que l'UMP, puisque ses listes ont intégré aussi bien les radicaux valoisiens que les centristes du Nouveau Centre de Hervé Morin et André Santini. Il faut même y ajouter d'anciens socialistes de la Gauche moderne, tendance Jean-Marie Bockel.
« Sarkozy a bien joué »
Le Front national et le MPF n'ont pas rejoint l'UMP, mais le pragmatisme de Nicolas Sarkozy les a largement vidés de leur substance, ce qui fait dire à Roland Cayrol, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) qu'il s'agit d'une victoire « en trompe-l'oeil ».
Selon lui, « Nicolas Sarkozy a bien joué durant cette campagne en désignant comme enjeu de cette élection le fait d'arriver en tête le 7 juin. Quand on est uni dans un camp alors que l'autre présente des listes divisées, on arrive quasi automatiquement en tête ». Selon l'ancien directeur de l'Institut de sondages CSA, « si on compare les résultats de la droite française aux grandes droites, ils sont inférieurs ».
Ce résultat a été, selon lui, « très bien avancé avec l'aide des médias qui l'ont annoncé sans y réfléchir et sans complicité de leur part, parce qu'en France on n'est pas habitué aux élections à la proportionnelle. Cela nous a amenés à accepter cette espèce de fausse victoire ».
Ce sont des élections européennes à la proportionnelle et, ajoute Roland Cayrol, « c'est le scrutin rêvé pour des Français qui veulent adresser des messages sans frais à leurs dirigeants. En 2004, le PS est passé pour avoir réussi brillamment les élections européennes et il a été battu à la présidentielle suivante. »
Ce sont uniquement « des signaux de sondage en vraie grandeur que les électeurs adressent aux grands partis, ce n'est pas le comportement majoritaire des Français », résume-t-il.
En fait, le PS, que personne n'entend plus, avait du mal en effet à faire passer le message selon lequel le score cumulé des opposants dépasse largement les 50 %, sans même compter les voix du Front national.
Poursuite des « réformes »
Le président de la République a vu dans ce résultat, et surtout dans l'effondrement électoral du PS et du Modem, un encouragement à poursuivre sa politique de réformes et même à ouvrir de « nouveaux chantiers », a-t-il fait savoir hier dans un communiqué. Il devrait préciser rapidement lesquels à l'occasion d'une allocution télévisée pour « ouvrir une deuxième étape du quinquennat », selon Jean-François Copé.
Selon ce dernier, « il ne faut pas craindre d'expliquer maintenant vers où l'on veut aller pour le jour où l'on sortira de la crise ».