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L'Ile Maurice racontée par Débézed

Publié le 09 juin 2009 par Abarguillet

Passer par La Réunion sans aller faire un tour à Maurice serait bien dommage ! Alors un petit saut de puce, 40 minutes en avion, et nous voilà sur cette ile !

Premier contact à l’aéroport qui se situe à l’opposé de notre destination finale, Grand Baie et l’hôtel Mauricia sur la baie des palaces, où les navettes , constituées d’une flotte de minibus sur lesquels il faut charger les bagages comme dans nos bons vieux cars provinciaux des années « soixante », vont essayer de nous transporter. La partie n’était pas gagnée d’avance car nous avons participé à une véritable course de vitesse entre les chauffeurs de bus qui n’hésitent pas à doubler sur les ronds points en «faisant l’intérieur » comme dans les Grands Prix de Formule 1, pour gagner une place dans la file et triompher de cet incroyable rallye. Après quelques frissons, voyageurs et bagages arrivent à bonne destination, à l’hôtel où la réception est très bien organisée. La première impression est plutôt flatteuse : côté rue l’hôtel impose une certaine majesté noyée dans les fleurs des flamboyants et la verdure des cocotiers, côté jardin, les piscines, les palmiers, la plage, les terrasses, les restaurants sous les arcades correspondent bien aux images que proposent toutes les brochures publicitaires que vous trouvez dans les agences de voyages. Tout est fait pour que vous n’ayez pas envie de sortir trop souvent de l’hôtel et que vous consommiez sur place. Mais, quand on y est ça n’est tout de même pas pareil et ce n’est pas franchement désagréable d’en profiter.

Les formalités d’hébergement et de restauration réglées, il faut penser à l’organisation du programme du séjour et là les solutions ne manquent pas, les sollicitations sont nombreuses, de la plage avec ses marchands à la sauvette, aux agences de voyages en passant par les chauffeurs de taxi et les loueurs de divers véhicules. Le touriste est l’une des principales ressources de l’île et il faut qu’il consomme tout ce qu’il peut avant de rejoindre son foyer. Là aussi, je n’ai pas donné dans la ruse et l’astuce, j’ai joué au bon touriste bonnard qui veut avant tout éviter tous les ennuis et aléas divers. J’ai donc choisi trois excursions auprès du tour opérator local qui représentait notre voyagiste sur l’île : Une virée dans le sud de l’ile, une journée en catamaran sur le lagon, pas de témérité inutile, avec une visite de l’île aux Cerfs et une visite du Jardin botanique de Pamplemousse. Pour le reste repos, baignade, lecture et visite de quelques boutiques, il faut bien sacrifier un peu à Mercure pour ne pas rentrer les mains vides. Si l’hôtel ne peut pas vous retenir tout pendant le séjour, il s’arrange avec les voyagistes qu’il accueille et qui lui versent, sans doute, une petite ristourne sur les excursions vendues aux pensionnaires.

Première expédition en direction de Curepipe, ville de l’intérieur noyée dans la verdure qui ne manque pas d’un certain charme bucolique mais qui comme toutes les villes mauriciennes conjugue la misère de ces quartiers pauvres et quelques constructions très modernes qui illustrent la mutation de cette ile en petit dragon de l’Océan Indien. Au passage, nous faisons une halte pour jeter un coup d’œil au Trou aux Cerfs qui est en fait le cratère d’un volcan qui n’attend qu’un peu de pression tellurique pour bouillonner à nouveau. L’œil du cratère n’est toujours pas recouvert par la végétation et le volcan n’est pas mort. Après cette halte géologique, descente à Curepipe pour la balade commerciale et la visite de la Maison coloniale qui héberge un magasin de produits de luxe allant des vêtements aux pierres précieuses et bijoux, tous des produits trop chers pour ma bourse. Et comme il nous reste quelques roupies, une nouvelle descente est programmée dans une boutique nettement moins luxueuse à proximité d’une fabrique artisanale de maquettes de bateaux en bois où on peut voir travailler quelques artisans qui font preuve d’une grand adresse et d’une réelle habilité pour confectionner ces maquettes d’une grand précision. Ayant largement sollicité la bourse des amateurs de souvenirs et autres produits locaux, ou dits comme tels, le guide nous conduit vers le Lac sacré où le culte de Shiwa rassemble des milliers de Mauriciens lors des grandes fêtes hindouistes. Le site comporte une statue du dieu digne d’un « Mandaron » et plusieurs temples qui peuvent être visités. Le site est magnifique avec son lac, son île, ses temples et ses statues même si le choix des couleurs ne correspond pas forcément aux goûts des Européens. Il faut se souvenir aussi que les hindous représentent soixante pour cent de la population mauricienne.

Le voyage se poursuit par un arrêt à la Vallée noire. La légende populaire raconte que La Réunion vaut par ses reliefs et paysages et que Maurice vaut par ses plages, je vous invite à faire un tour dans le sud de l’île Maurice et vous découvrirez des paysages étonnants et époustouflants comme cette vallée, la cascade de Chalmel qui rappelle sans conteste certaines cascades réunionnaises et les Terres des sept couleurs qui constituent un paysage étonnant de sable ou de roche aux couleurs allant du bleu au brun en passant par le rouge, l’orange, et divers bruns et ocres qui ne se rencontre nulle part ailleurs. Le voyage s’achève par un retour vers la côte ouest qu’on découvre au détour d’un virage dans un magnifique panorama sur la baie, à l‘ombre d’un morne, que l’on rejoint pour longer le bord de mer et la mangrove maritime et atteindre Port-Louis en passant par Tamarin et ses marais salants. Un périple extrêmement riche qui montre que Maurice possède aussi des paysages tout à fait étonnants avec des reliefs très variés où les mornes aux formes plutôt carrées côtoient des pitons très escarpés festonnés de roches aux aspérités saillantes dominant de profondes vallées ou des plaines dévolues à la déesse canne à sucre qui fait encore vivre une partie de l’île malgré la forte concurrence qu’elle rencontre sur les marchés internationaux. Dommage que les excursionnistes se croient obligés, ou le sont-ils réellement, de nous traîner dans les boutiques qui n’ont pas un grand intérêt quant aux produits vendus et aux prix pratiqués. On nous précise bien qu’il faut faire très attention à la conte-façon qui est sévèrement réprimée à la douane, pour que nous fassions confiance aux commerces dans lesquels on nous conduit. Ca sent tout de même un peu trop l’entente entre voyagistes et commerçants.

Déjà mercredi, c’est le jour de la grande expédition sur l’eau. Départ aux aurores pour traverser l’île et rejoindre la côte est, du côté de Trou d’eau douce, pour monter sur un grand catamaran pouvant accueillir une trentaine de personnes. L’expédition nautique commence sous un ciel bas, un peu humide mais l’autochtone prévoit le soleil pour bientôt. L’accueil sur le bateau se fait avec un punch pour la mise en forme avant de plonger avec les palmes et le tuba pour explorer les fonds marins à trois mètres de profondeur. Honnêtement, je n’ai pas vu grand-chose car j’ai bu de l’eau et j’ai ôté le masque vite fait. Les spécialistes ont pu nager jusqu’au corail et voir quelques poissons intéressants mais ce n’est pas la barrière de corail et ses habitants. Retour sur le bateau pour l’apéritif et une petite balade sur la rivière avec remontée en chaloupe jusqu’à une jolie cascade qu’on approche au plus près, jusque dans les embruns. Un pique-nique d’espadon grillé au barbecue nous attend sur le catamaran et c’est un moment divin de déguster cet excellent poisson allongé sur le bateau qui dérive au gré du vent sur le lagon, sous un ciel un peu gris qui voile le soleil mais qui laisse filtrer les u.v. dont nous constaterons les effets au retour. Double ration de Biafine ! Pour faire la digestion, petite balade sur l’île aux Cerfs qui possède l’une des plus belles plages du monde avec un sable aussi blanc et aussi fin que de la farine. Avec un petit groupe, nous traversons la toute petite île pour rejoindre la côte opposée où il y a des plages mais aussi des oursins et des coraux qui nous invitent à rester prudemment sur le sable malgré une chaleur moite et étouffante. Au retour, l’équipage nous emmène vers la barrière de corail pour faire bouger un peu le bateau sur les vagues qui se brisent sur la barrière et nous donner un aperçu des balades en mer. Retour à l’hôtel avec quelques rougeurs en plus, de belles images dans les yeux et le souvenir d’un moment très agréable partagé avec quelques amis.

Jeudi, c’est repos après deux journées passées dans les bus et sur le bateau, il est agréable de faire la grasse matinée et de profiter de la plage de l’hôtel pour lire un peu sous les cocotiers et nager dans le lagon. Mais, c’est là que j’ai commis l’erreur de m’appuyer sur le câble qui relie les bouées où des algues urticantes s’étaient déposées. Au début, je n’ai pas senti grand chose et j’ai fait ma séance de natation sans problème mais en sortant de l’eau et en me frictionnant avec ma serviette, j’ai favorisé une éruption de boutons et de cloques qui a rapidement marqué le haut de mon bras. Le patron de l’hôtel vers qui on m’a adressé, m’a assuré qu’il ne pouvait pas y avoir de méduses sur sa plage sans en être averti au préalable et qu’il me conseillait d’accueillir le médecin qu’il pouvait faire venir à l’hôtel où il n’y à pas de soins possibles. J’ai donc suivi son conseil et dix minutes plus tard, un médecin est venu dans ma chambre m’expliquer que j’étais victime d’une algue urticante qui était un peu plus sévère qu’une méduse mais moins que certains poissons, peut-être ce qui correspond aux vives chez nous. Il avait un traitement complet dans sa sacoche : piqûre de cortisone, cachets de cortisone, autres cachets et pommade, préparation maison livrée dans une boîte de pellicule photo, le tout pour la modique somme de soixante-cinq euros environ avancée par l’hôtel et que j’ai payée avec ma note au moment du départ. J’ai envoyé les papiers du toubib à la Sécurité Sociale et j’attends le remboursement. Un petit avatar, vite oublié après un cocktail au bar et un bon repas au restaurant avec les amis.

La fin du séjour s’annonce proche et nous en profitons pour faire notre dernière excursion au superbe Jardin botanique de Pamplemousse où il n’y a que des arbres et quelques fleurs tout de même. Ce jardin a été créé par un Monsieur Poivre qui ne serait pas sans relations généalogiques avec notre PPDA national, à l’époque où de La Bourdonnais était gouverneur de l’île pour le compte du Roi de France. Il comporte soixante espèces de palmiers différentes et une grande quantité d’arbres exotiques dont des baobabs, des aracoyas, des ylangs ylangs, des camphriers, des arbres du mariage, des arbres à saucisses, des ficus, des manguiers, … et un tout petit ébénier que le parc essaie de réintroduire après sa disparition presque complète de l’île. Il faut savoir que cet arbre ne pousse que d’un centimètre d’épaisseur tous les dix ans, la réintroduction n’est donc pas pour demain ! Le parc possède aussi de beaux bassins remplis de nénuphars nains ou géants et de lotus.

Cette visite s’achève par une petite balade à Port-Louis avec montée à la citadelle pour découvrir la ville vue d’en haut, puis descente dans la ville à travers le quartier musulman qui semble bien pauvre et bien sale tout comme le quartier hindou qui le jouxte. Le guide nous laisse à mi-chemin entre le marché traditionnel où les commerçants pratiquent une vente assez agressive et le centre commercial moderne où siègent les grandes marques de couture et accessoires. N’ayant nullement envie de subir la pression des commerçants locaux et n’ayant pas d’intérêt particulier pour l’achat de vêtements marqués vendus aussi chers qu’en France ou presque, nous optons pour une terrasse sur le port où nous pouvons boire une Phoenix, la bière locale, en regardant le comportement de la foule locale. Sans pénétrer plus avant dans la ville faute de temps, on découvre une ville de pays pauvre avec ses quartiers sales et miséreux et une ville de pays en voie d’explosion économique avec ses buildings, petits encore, arrogants, occupés par des banques ou autres compagnies et ses bâtiments kitchs comme dans toutes les zones commerciales du monde. La gare routière avec ses bus antédiluviens semble avoir besoin d’un bon toilettage et d’une remise à des normes plus conformes avec le transport de voyageurs.

Samedi, dernier jour complet à Maurice, nous profitons de l’hôtel et de ses agréments avec tout de même une petite visite chez le Chinois qui est peut-être Vietnamien, Cambodgien, Laotien ou … mais en tout cas il fait partie des asiatiques qui maîtrisent le commerce dans toute la région comme dans bien d’autres coins du monde. Les boutiques sont étroites et la marchandise envahit le moindre recoin. Le client cherche surtout le souvenir pas cher, pas lourd pour les bagages et tout de même assez sympa pour pouvoir l’offrir, un teeshirt par exemple. Nous ne coupons pas à la règle et nous préparons la garde-robe de nos petits-enfants pour les futures vacances estivales avec teeshirts Maurice, dodo, margouillat, paille en queue, etc. L’après-midi est réservée à la baignade dans la piscine cette fois et à la lecture sur le bord de l’eau.

Et dimanche, il faut faire les valises, prendre le bus pour rejoindre l’aéroport de l’autre côté de l’île, attendre l’avion, prendre l’avion jusqu’à Saint Denis, attendre l’avion à nouveau, s’envoler pour plus de onze de vol vers Roissy, récupérer les bagages, attendre la navette pour Paris, rejoindre Paris dans les embouteillages d’un lundi matin, attendre le train, prendre le train malgré la grève et attendre que le fiston nous récupère à la gare et ouf enfin à la maison après près de vingt-quatre heures de voyage ! Comme c’est loin les vacances là-bas ! Mais c’était bien quand même !

Qu’avons-nous rapporté de Maurice ? Des images : le lagon, les plages, les montagnes, les vallées, les flamboyants et autres fleurs,… des sensations, des odeurs, le chant des oiseaux mais surtout la chaleur de l’accueil et le sourire des Mauriciens. Mais tout ça ressemble un peu trop à une façade et on ne voit pas bien ce qu’il y a derrière ce mur. Les communautés qui peuplent l’île, semblent vivre en bonne harmonie bien que les émeutes de 1999, les fameux Jours Kaya décrits par Carl De Souza dans son roman du même nom, ne soient pas si lointaines. Les guides disent que les communautés communiquent bien entre elles mais cela fait sans doute partie du message qu’il faut transmettre pour que le touriste se sente en sécurité. On remarque malgré tout qu’un fossé sépare le monde des touristes hébergés dans des palaces et le monde des autochtones qui vivent plus ou moins bien, certains dans des bicoques en bois encore très pauvres. La canne à sucre ne vaut plus grand-chose, les entreprises délocalisées proposent un certain nombre d’emplois intéressants mais le tourisme de haut de gamme représente la source de revenus la plus sûre pour l’île et il faut donc la protéger du mieux possible et l’exploiter au maximum. On remarque immédiatement les effectifs pléthoriques mais pas forcément performants dans les grands hôtels et on ne peut s’empêcher de penser que ces établissements embauchent des personnels pour donner un emploi à des jeunes qui sont mieux dans ces jobs que dans les rues où ils pourraient rapidement devenir violents. Ca fait partie du prix à payer pour attirer et retenir des touristes à forts revenus. Maurice c’est un petit paradis pour les touristes, un investissement total dans le tourisme de haut de gamme, une reconversion à marche forcée de l’agriculture vers le tourisme et aussi un développement vers les nouvelles technologies avec une sorte de technopole à Port-Louis. C’est une île qui sort de l’isolement et qui tend à devenir un petit dragon de l’Océan Indien. Pourvu que la crise financière n’affecte pas trop les hauts revenus et que les investissements industriels ne soient pas ralentis par la crise économique car la chute pourrait être dure ! Mais tout cela n’est qu’une vue de loin, celle qu’un touriste qui est resté dans le monde qui est réservé à ce type de visiteurs !

Aucune idée de la vie culturelle sur l’île ! Le Prix Nobel de Le Clézio semble passer inaperçu, rien dans la boutique de l’aéroport, rien dans les hôtels, une guide cependant manifeste sa joie en évoquant le passé sur l’île de l’écrivain en répondant à nos questions. Il faudrait sans doute pénétrer d’autres milieux pour connaître la vie culturelle du pays qui doit être assez riche quand on constate le nombre d’écrivains mauriciens publiés en France (Appanah, De Souza, Devi, Unnuth, Pyamootoo, …). La musique locale est comme à la Réunion la sega que l’on vous fait danser le soir au bar au risque de vous faire passer pour un manche à balai (j’ai donné !). Loin de leurs concurrents, les Mauriciens ont du mal à progresser en sport mais les diverses disciplines s‘implantent progressivement et on n’oublie pas de vous citer le footballeur qui joue en France et dont j’ai oublié le nom. La culture et le sport ne sont pas pour les touristes sauf le golf qui est un des meilleurs produits touristiques de l’île avec sept grands golfes selon le dernier reportage proposé par la chaîne TV « Planète ».

En attendant, voir Maurice en novembre est un bien grand plaisir et une petite soustraction dans l’hiver européen !

Débézed


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