Autrement (Mondes et Nations) / 125 p.
L'Egypte est un sujet qui a été maintes fois traité, que ce soit sur le plan politique, économique, social ou encore religieux. Diverses analyses se sont ajoutées aux précédentes, apportant une nouvelle vision du « pays aux cinq rentes ». L’Egypte entre démocratie et islamisme, le système Moubarak à l’heure de la succession, en présente une autre, traitant une problématique d'actualité. Le politologue Jean-Noël Ferrié y évoque les bouleversements craints dans un pays à l’aube d’une ère nouvelle, en proposant une interprétation de la dynamique politique de L’Egypte alors que sonne la fin proche du règne du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
L’Egypte est donc à la veille d’un changement. La succession à venir lève certaines interrogations dans ce pays au régime présidentiel et autoritaire, en particulier depuis que le fils du président, Gamal Mobarak, est pressenti pour prendre la relève. Va t-il vraiment lui succéder, et surtout, comment va se dérouler cette passation de pouvoir, et quelles conséquences cela peut-il entraîner ? Cela s’avère poser plus de problèmes qu’un simple changement de président comme on peut l’entendre d’un point de vue occidental. Hosni Moubarak est au pouvoir depuis l’assassinat d’Anouar Al-Sadate, soit 27 ans de pouvoir et toute une génération qui n’a connu qu’un chef politique. Et beaucoup se méfient de ce qui pourra se passer. Le régime présidentiel de Moubarak a su, à force d’autoritarisme féroce, imposer un soi-disant équilibre politique. Malgré un pluripartisme de fait, le parti de Moubarak, le Parti National Démocratique (PND), a su se montrer indétrônable pour éviter aux autres partis de prendre un peu trop de place. Avec une certaine réislamisation du pays, le PND s’inquiète de la montée d’un adversaire de taille : les Frères musulmans. Cette organisation panislamiste qui rêve d’instaurer un grand état islamique fondé sur la charia, a su s’imposer comme nouvelle puissance incontournable dans l’échiquier politique.
Changer de chef pourrait bouleverser cet équilibre déjà précaire entre une démocratie peu ouverte et un islamisme galopant. Les Egyptiens ne semblent pas attendre une révolution, cela fait trop longtemps que leur sort n’est plus une priorité pour les dirigeants, l’autoritarisme autorise une lenteur des réformes. Pourtant, bien que les dirigeants ne soient pas dangereusement soumis à la sanction de l’opinion, les électeurs doivent-ils s’inquiéter de ce qu’il va arriver ?
Pour appuyer son argumentation, l’auteur, spécialiste du monde arabe, propose à chaque nouvelle analyse, une rétrospective de l’Egypte sous les « règnes » de Gamal Abdel Nasser et d’Anouar Al- Sadate pour comprendre la situation du pays aujourd’hui. Cette compréhension est facilitée grâce à des tableaux récapitulatifs ainsi qu’une chronologie de l’Egypte moderne et contemporaine en annexe. Les néophytes peuvent donc tout à fait se retrouver dans cet ouvrage et comprendre dans sa globalité la problématique posée dans l’intitulé.
C. V.