Regardé par curiosité un documentaire sur la trois, hier soir. Des caméras suivaient des femmes et des hommes qui ont gagné des millions. Dont le compte en banque a basculé d'un coup d'un seul via La Française des Jeux. Très intéressant, ce reportage.
Il y a bien sûr le fameux : et moi qu'est-ce que je ferais ?
Impossible de ne pas y songer, et de se le demander.Il y a, évidemment, ces parcours finalement étonnants par rapport à ce que j'aurais pensé de prime abord. Ils ont gagné, en euros, 1, 2,4, 27 millions. Tout a évidemment a été chamboulé. Mais pas tant que ça, s'obstinent-ils tous à dire et à montrer. Parfois un peu trop. Ca dit beaucoup j'ai réalisé mes rêves et ces rêves, voyez comme ils sont su rester modestes.
C'est vrai : ça ne voyage pas trop, ça parade pas tellement, c'est très raisonnable, finalement. C'est vrai, la plupart ne pète pas trop plus haut que leur cul, tentant de rester eux-mêmes, y croyant en tout cas. Mais ils ont tous changé de vie. Peu ou prou.
Cet homme, ancien restaurateur, qui est devenu... berger peinard dans sa vallée après son gain et qui a fini par quitter le bled usé par les jalousies. Il a choisi d'aller au milieu de ceux qui ont des sous. On le voit à bord de son jet, bénévoler avec le Rotary local, se choisir des fringues huppés "dont je connais le prix à 100 ou 200 € près...". Il est en même temps terriblement seul.
Ce barman qui a racheté son restau avec sa soeur, qui continue de bosser, qui offre tout ou presque à sa famille. Des chèques, des cadeaux, une maison en face du camping où tous naguère allaient passer les étés. Une ombre passe quand il évoque 12, 13, 14 années d'une autre vie. Il est parti. Il est revenu. Une cousine précise que c'est bien que la chance soit tombée sur lui. De nous tous, elle dit, c'est lui qui le méritait le plus.
Ce couple entouré de perruches, de la lapins, qui a quitté sa banlieue où lui fut SDF et où elle faisait le ménage "dans des tours". Ils se sont mariés, 7 000 € le mariage mais ont était passé par un traiteur, ont acheté une bicoque dans les Alpes, ils rêvaient d'un chalet, elle lui a offert une voiture à Noël et ils vont tous les jours à la pêche.
Cette femme, originaire des Philippines, qui gagne suffisamment pour aider toute sa famille là-bas elle qui vit en France depuis 20 ans, et qui peut revenir au pays. Argent accélérateur de particules. Des années qu'elle le souhaitait. Le mois suivant elle déboule, avec son mari. On la voit rire, et rire encore au milieu des siens qu'elle abreuve de cadeaux, de nourriture, de chèques. Elle demande que l'on ne dise pas la somme gagnée. Pas la peine de leur faire du mal, semble-t-elle dire.
Cet homme, enfin, qui compte sur ses doigts le nombre de maisons qu'il a finalement, six, ou sept, ou huit, ô, je ne sais plus. Qui a choisi d'investir dans ses passions. 500 ha pour chasser en Sologne, la maison de famille qu'il refait avec architecte et sans compter, une maison et un bâteau en Bretagne.
On apprend aussi que la FDJ organise régulièrement des rencontres entre gagnants. Sont comme une caste. Racontent comme s'ils disent autour d'eux qu'ils ont gagné, n'aiment pas trop non plus le témoigner. Non. Ils n'ont pas changé. Quoique.