Je ne résiste pas : je vous fais partager dès maintenant quelques idées de lecture supplémentaires, en attendant
que je les commente ici ou ailleurs davantage.
Il y a un peu de tout et c'est tant mieux car ces petites découvertes très variées sont ma foi bien divertissantes, exotiques.
Puisque j'aime procéder dans l'ordre nous avons :
Comme un mensonge,
de Anne Luthaud, de chez Verticales.
Cet ouvrage fonctionne presque comme un conte, puisqu'il s'agit d'une réécriture morderne de Barbe bleue. Mais l'intérêt de l'histoire présentée est que pour une fois, on donne la
parole aux femmes, donc aux victimes. On peut enfin savoir qui sont ces 6 femmes (la septième réussit à s'échapper souenez-vous) qui ont trouvé la mort, pourquoi, et comment.. du moins le
croit-on. ;) Car l'histoire réserve des surprises puisqu'il nest pas de réécriture efficace d'un conte dont on connaît la fin par coeur sans inventer soi-même une autre chute surprenante : Anne
Luthaud l'a bien compris, et ça marche.
La belle endormie, de Gérard de Cortanze, aux éditions Le serpent à plumes.
Ici, pas de chambre obscure où un vieux japonais viendrait caresser quelques jeunes femmes alanguies. Ne vous méprenez pas sur le titre, il ne s'agit pas, cette fois, d'une réécriture des
Belles endormies de Kawabata. En l'occurrence, Gérard de Cortanze prend plutôt l'Italie pour théâtre. Il s'agit d'un livre érotique, où le monsieur s'amuse à user d'un vocabulaire
suranné dans une histoire qui se passe en 2008, mais qui repose sur des intrigues morbides et sexuelles mêlant ses ancêtres et quelques fantômes d'aujourd'hui... Vous vous y retrouverez très vite
cependant parce que l'intrigue est rondement menée. En outre, l'érotisme est un prétexte car on a surtout envie de comprendre l'intrigue et de connaître le funeste destin de la revenante
ensorceleuse...
Parfois les Brötchen croquent sous la dent, de Hermann Kant, aux éditions Autrement.
Nous voilà partis en Allemagne. Le narrateur est un fana de Brötchen, ces drôles de pains grillés qu'on ne trouve que dans les pays de l'Est. Pour s'en procurer, il va tomber dans un engrenage
absurde, se mettre en tête de pouvoir les obtenir grâcieusement, et faire tourner plus vite encore les rouages dudit engrenage dans lequel il finira par se coincer les doigts... moralité de
l'histoire : on a rien sans rien, surtout pas de quoi satisfaire sa gourmandise, puisque c'est un vilain défaut. :D Très raffraîchissant, drôle, original.
Le diable sur le divan, de Christophe Allanic, aux éditions Cheminements.
Monsieur Serin a de bien étranges patients : Le diable, une fourchette, une vache anorexique, un banc, un caméléon... voici une petite série de séances de psychanalyse pour le moins originales. A
vrai dire, c'est carrément poilant ("Madame Fourchette n'était pas dans son assiette...") car les jeux de mots et différentes blagues qui nous sont servies n'arrivent jamais lorsqu'on s'y attend.
Ici la psychanalyse compte beaucoup sur la phonétique bien sûr, clé de voûte des névroses en présence. C'est léger, mais parfois, le ton est si sérieux qu'on se demande où on est tombé... Très
amusant !
La femme qui dort, de Natsuki IKEZAWA, aux éditions Philippe Picquier.
En voilà une japonaise qui dort ! En fait, il s'agit d'un recueil de 3 nouvelles absolument fabuleuses. Il s'agirait presque de contes tant la poésie investit chacune des histoires en présence.
On reconnaît bien là le style japonais mais sans l'hermétisme de Ogawa, sans la mélancolie de Kawabata, l'originalité de Murakami en moins. Etrangement, l'esprit du Japon est là, et l'écriture
s'attache justement à s'y intéresser dans chacun des textes. Mais l'auteur, qui a vécu à l'étranger (en Grèce, en France) semble vouloir adopter les techniques de narration occidentales pour
relater des histoires dont l'étrangeté et l'esprit oriental ne font aucun doute. C'est tout simplement magique.
Bonne lecture !