L’étude du placement d’un emprunt EDF auprès des particuliers vient d’être confirmée. Au-delà d’EDF, ce type d’opération pourrait intéresser d’autres entreprises et illustrer les conséquences de la crise financière sur l’endettement tout en y répondant. Qu’il s’agisse de la dette de l’Etat ou des entreprises, la question du financement mais aussi de son coût seront au cœur du jeu
pendant les prochaines années. Mais si ces opérations venaient à se concrétiser, même si leur impact ne peut être qu’à la marge sur le plan des volumes, elles viendraient accroître le jeu concurrentiel sur le coût de la dette tout en ouvrant davantage par ricochet l’accès au crédit pour les PME ou les entreprises plus en difficultés.
On peut lire à l’envi depuis plusieurs mois que cette crise financière est avant tout une crise de la dette et que s’achève la fin de l’ère de la dette facile. Ce constat, aujourd’hui évident pour tous, est anxiogène car si on ne peut que constater la baisse durable de l’effet de levier sur les fonds propres des banques, les pistes sérieuses et les techniques financières pour financer l’économie demain ne sont pas claires pour autant. Disposer de cash ou avoir un plan de financement supérieur à trois ans relève aujourd’hui de l’exploit pour bon de nombre de directeurs financiers.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Le potentiel de financement des marchés obligataires et des banques s’est nettement rétréci avec notamment un taux de croissance des crédits divisé par deux depuis 2007. En parallèle, les marges des banques sont nettement supérieures à ce qu’elles étaient avant la crise financière et sont revenues à un niveau comparable à la période précédent la dernière phase de dérégulation financière. La concurrence entre banques s’est singulièrement réduite du fait de la faiblesse structurelle d’un certain nombre d’entre elles et ces mêmes établissements sont plus désireux de reconstituer leurs marges pour faire face à une évolution du coût du risque. Au final, les belles signatures s’en sortent bien en accédant au crédit mais elle le paie relativement cher par rapport à la période précédente ; les moins belles signatures sont elles condamnées à être moins bien servie voire à attendre.
Il faut donc étudier des modalités alternatives de financement, qui vont au-delà de l’approche cosmétique et transitoire du médiateur du crédit. Pour cela, il faut développer de nouvelles techniques financières permettant de redonner confiance aux outils existants, par exemple de la traçabilité dans la titrisation, mais aussi en élargissant le panel des outils de financement. A ce titre, les rumeurs de marché qui ont entouré le placement d’un emprunt obligataire de EDF auprès des particuliers ont suscité un véritable intérêt. En premier lieu, une telle opération serait le symbole d’un retour à des techniques vieilles d’il y a 25 ans, ce qui constitue en soi tout un symbole. Ensuite, ce montage permettrait d’abaisser son coût du crédit inférieur pour EDF – dans les années 80, les banques de réseau se rémunéraient autour de 1.5% - et, s’il était déployé à d’autres grandes entreprises, cela soulagerait les tensions sur le financement pour les PME ou les grandes entreprises moins bien notées. En cumulant le potentiel de ces grandes entreprises, à condition que les réseaux bancaires acceptent d’y prendre part, il semblerait alors possible d’émettre jusqu’à 10 Mds par an, soit près d’un quart des émissions long terme annuelle des entreprises sur la période 2005-2007. C’est peu en montant mais significatif pour libérer de l’espace de financement dans un contexte particulièrement contraint.
En procédant ainsi, l’intérêt particulier d’un EDF rencontrerait l’intérêt général de l’économie française et bien vendue, une telle opération pourrait également rencontrer l’intérêt populaire des épargnants.