La théorie de l’évolution du consommateur
Publié le 09 juin 2009 par Pierre
La société de consommation avait fatalement fini par entraîner chez l’homme d’importantes mutations évolutives. Constamment à la recherche des prix les plus bas, le consommateur imposait à son corps des contraintes de plus en plus dures : yeux rivés sur les rayons du bas, dos plié en deux et main baladeuse pour atteindre le pack de yaourts à 2€50 ou le paquet de lessive moins cher que les autres.
Se pencher au ras du sol au supermarché devint rapidement une question de survie : les consommateurs les moins souples ne pouvant atteindre que les rayons intermédiaires, ils ne pouvaient bénéficier des meilleures réductions. Leur pouvoir d’achat se dégradant rapidement, mal nourris, ils finissaient généralement par dépérir. Seuls ceux se déplaçant facilement à 4 pattes pouvaient boucler leurs fins de mois et finalement s’en sortir à peu près correctement.
La théorie darwinienne s’appliquant sans coup férir, les gènes du « consommateur à 4 pattes » finirent par se généraliser dans la population. Bientôt, on ne put que très rarement observer de consommateurs se déplaçant sur deux jambes, vestiges inadaptés d’une société déjà oubliée.
Evidemment, le lecteur avisé ne s’y laissera pas prendre : ce coup d’œil fictif dans notre avenir proche n’a que peu de chances de se réaliser. En effet, avec l’épuisement des ressources et des énergies fossiles, notre consommateur à 4 pattes ne trouvera bientôt plus rien dans les rayons du bas de son supermarché préféré. C’est plutôt dans les champs qu’on pourra le trouver en train de gambader pour se nourrir de racines, de champignons et de graines.