Après 2002 et 2007, le Parti socialiste vient de vivre un troisième échec lors d’un scrutin national en sept ans – ce qui fait beaucoup. Certains commentateurs inattentifs, de moins en moins nombreux heureusement, ont cru à chaque fois y déceler des « accidents ». L’épisode de ce 7 juin aura peut-être, enfin, le mérite de convaincre les récalcitrants qu’il n’en est rien. Ces défaites à répétition ne sont pas des accidents, ce sont des crises révélatrices de la maladie mortelle dont souffre le PS depuis de nombreuses années. Seulement, cette fois, comme il s’agit d’une élection différente, avec un mode de scrutin et des enjeux loin de ceux de la présidentielle ou des législatives, cette nouvelle défaite sonne le glas des espoirs de sursaut longtemps placés dans les élections intermédiaires. Même l’illusion des victoires à répétition aux élections locales semble, enfin, se dissiper.
Cette fois donc, rien n’y fait. Le jeu de dupes est terminé. Le PS est à l’agonie, personne ne peut oser prétendre le contraire. Ce parti ne peut tout simplement plus apparaître comme susceptible de représenter une alternative crédible pour le gouvernement du pays. On pourra encore tenter d’objecter que le malaise est général en Europe, que le manque de réactivité historique de la famille sociale-démocrate face à la crise actuelle compte pour une part de l’échec socialiste ; mais les insuffisances nationales ont aussi la leur, prépondérante, déterminante.
Le PS ne possède en effet plus rien de ce qui a fait de lui, pendant près de vingt ans, un grand parti de gouvernement, même s’il reste encore (mais pour combien de temps ?) une puissante association d’élus locaux. Il n’a plus ni leader capable de le sortir de l’ornière, ni projet à proposer à une société française largement désemparée devant ce vide abyssal, ni stratégie électorale cohérente, ni même une organisation suffisamment solide pour encaisser les coups en attendant le renouveau. Et, last but not least, conséquence directe de tout cela, il n’a pratiquement plus d’électeurs – on sent d’ailleurs que ceux qui lui restent encore fidèles, malgré tout, sont tellement désabusés qu’ils pourraient bien lâcher prise à leur tour.
L’heure n’est donc plus ni à la « rénovation », qui était il y a quelques semaines encore le mot d’ordre de la nouvelle direction, ni aux appels à une unité de façade, à l’instar de ceux qui ont tant servi à François Hollande pendant les années d’immobilisme de son premier secrétariat. L’heure est désormais à la refondation totale du parti, à l’abandon du vieux PS, celui du XXe siècle, pour créer un nouveau parti socialiste (appelons-le ainsi pour le moment) : ouvert, populaire, riche d’idées et de personnalités diverses, venues de tous les horizons sociaux, professionnels, générationnels, culturels… Bref, à rebours de tout ce qu’il est aujourd’hui. C’est à la fois une tâche historique pour la gauche française et une tâche d’utilité publique pour la démocratie, surtout en ce moment.
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