L'une des premières sorties officielles du nouveau président de la République sera pour le Stade de France. Le 12 mai, l'heureux ou l'heureuse élu(e) y assistera à sa première finale de coupe de France de football avant de remettre, comme le veut la tradition, le trophée au capitaine de Sochaux ou de l'Olympique de Marseille. Coïncidence, les deux clubs ont par le passé pris part à des "premières présidentielles" qui sont depuis entrées dans l'histoire de l'épreuve. Marseille ouvre le bal le 9 mai 1927 à Colombes.L'affiche, qui voit les Olympiens affronter le modeste club de l'US Quevilly, n'a pas déplacé les foules. Les tribunes du stade olympique, construit trois ans plus tôt pour accueillir les JO à Paris, sont garnies d'un peu moins de 24 000 spectateurs. Mais c'est du côté du carré des officielles qu'il faut chercher l'événement. Pour la première fois, un président de la République, Gaston Doumergue, honore la finale de sa présence. Sans doute avait-il pris goût au stade de Colombes, puisqu'il y avait déjà présidé en 1924 la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Toujours est-il qu'après lui, preuve de la popularité grandissante de l'épreuve, aucun de des successeurs ne dérogera à la tradition de venir assiter à la finale de la coupe de France, remportée cette année-là 3-0 par l'Olympique de Marseille. Le 3 mai 1959, c'est au tour de Sochaux d'être témoin d'une autre rencontre au sommet entre l'Elysée et le ballon rond. Pour la première fois, l'homme du 18 juin, le général de Gaulle, assiste à Colombes à la finale de la coupe. Premier président de la cinquième République, celui que certains chroniqueurs sportifs en verve n'hésiteront pas dès lors à surnommer "Deux goals" a droit pour cette séance inaugurale à un match nul 2-2 entre les Sochaliens et les joueurs de deuxième division du Havre athletic club. Rejouée deux semaines plus tard, la finale voit les Havrais, promus la saison suivante en première division, créer la sensation en s'imposant 3-0. Les Normands ne recevront pourtant pas le trophée des mains de l'homme de Colombey, retenu pour cet acte II par d'autres obligations… Sochaux n'en avait pas fini pour autant avec De Gaulle et la finale de la coupe. Le 21 mai 1967, cette fois dans l'ancien Parc des Princes, le président est tranquillement assis en tribune officielle pour assister au match qui oppose les Sochaliens aux Lyonnais. En cours de partie, un joueur dégage tant bien que mal le ballon dans les gradins, oui, mais pas n'importe où, puisque la balle tombe directement dans les bras du général… Illico presto, le grand Charles la renvoie des deux mains sur le terrain, devenant ainsi le premier président de la République à avoir effectué une remise en touche ! Malheureusement pour Sochaux, l'addition sera encore salée ce jour-là, avec à la clé une nouvelle défaite trois buts à zéro. Si la logique historique est respectée, la finale du 12 mai prochain entre Marseille et Sochaux devrait donc accoucher d'un nouvelle première présidentielle. La plus éclatante serait sans doute de voir la rencontre présidée par une femme. Mais, comme le disent si bien les observateurs avisés, un match de football n'est jamais joué d'avance. Une élection présidentielle non plus…