Il n'aura pas fallu bien longtemps pour trouver sur le net les analyses du résultat des élections européennes de dimanche. Pendant que je me tapais le gentil nanar new-âge de YAB, le monde continuait de tourner et la France de votouiller mollement. Et ce matin, c'est l'avalanche de commentaires.
Au passage, on notera par contraste la quasi-absence de commentaires sur les pirouettes diplomatiques du D-Day par le couple franco-américain. A part quelques Ruminances, et de bien jolies photos proposées par Rubin, on ne trouve pas grand'chose. Au fond, c'est logique : l'enjeu de la visite obamesque est plus faible que celle des élections.
Et c'est donc tout normalement qu'on retrouve une floppitude mousseuse de commentaires, de qualités diverses. On pourra passer quelques minutes à lire avec avantage les analyses de Toréador qui croit voir dans le crash du PS en rase campagne une opportunité pour la Dinde du Poitou, ou, en version orientée Modem, celle de l'Hérétique, pas tendre et à raison avec le chef François. On pourrait même voir dans ces élections une victoire d'un homme, celle de Cohn-Bendit, comme le fait Aurélien...
Beaucoup plus rigolo - ne boudons pas notre plaisir - , on pourra se fendre la pipe à la lecture du leader des blogs de la gauche pastel au style inimitable d'approximations et de fautes de frappe. Pour lui, la branlée mémorable du PS n'en est pas réellement une puisqu'en réalité, cette élection est surtout une défaite de l’UMP. C'est une façon amusante de minimiser la débâcle, la déculottée, la rouste musclée des socialistes officiels du PS devant les socialistes honteux de l'UMP qui ont pu minimiser la casse, probablement sur un malentendu, mais peu importe...
Soyons clairs : l'UMP, c'est 11.3% des électeurs, et le PS, c'est 6.68% soit pas grand-monde.
Eh oui, avec autant de pêcheurs et de pique-niqueurs, les socialistes de droite forment un micro-parti de rien du tout pour aller pas loin, le plus grand des petits partis, pendant que les socialistes de gauche, le plus petit des grands partis, se diluent en pleurnichant dans l'écologie, le centro-mollisme, et les excités de l'extrême. Autrement dit, le président rassemble un gros électeur sur 10, ce qui est, soyons clair, minable, mais dans la droite ligne de ce qu'il est capable de faire, alors que le petit électeur sur 15 qui vote pour le PS semble de plus en plus encerclé par les autres formations.
Je n'ai regardé que quelques minutes les jérémiades des uns et les fanfaronnades stupides des autres à la télé, mais je n'ai pas pu m'empêcher de sourire aux trémolos mal contrôlés dans la voix d'Aubry, et j'ai repris deux fois des cacahouètes en apprenant que cet abruti d'Hamon n'était pas élu. Au passage, on peut rapidement évoquer le score tout à fait cocasse du NPA qui me donne à chaque fois que je le lis une banane lolifiante - 4.67% des votants, un peu en dessous des 5% fatidiques, hu hu hu, soit, excusez du peu, moins de 2 électeurs sur 100. A ce sujet, on pourra se moquer facilement du ridicule billet d'un des militants de cette pathétique bande de fascistes mal assumés : il y pleurniche sur la mélanchonite aïgue qui a empêché la marmotte révolutionnaire d'emporter la victwâre méritée. Hasta nunca la revolución, mierda !
Pour la revolución, c'est pas gagné.
Au total, je dirai que :
- conformément aux habitudes, les sondages, toujours aussi mal boutiqués, ont été assez mauvais
- l'abstention montre la réelle qualité du débat européen en France
- les clowns qui nous gouvernent et ceux qui rêvent de le faire ont bien du mal à gagner un tantinet de crédibilité.
- pour le collectiviste qui veut vraiment voter utile à gauche, il lui faut voter UMP.
- quand même les extrêmes pataugent, c'est que la crise est sévère.
Mais si l'on dépasse la vision purement franco-française, on notera la percée de la droite conservatrice au détriment de la gauche, et de la poussée générale des verts (le printemps, sans doute). Et, de façon plus anecdotique mais très intéressante, l'arrivée à Strasbourg d'un député du Parti Pirate, résolument pro P2P et qui, pour changer, saura de quoi on parle lorsqu'il y aura internet et les NTIC au menu des parlementaires.
La prochaine étape européenne importante sera le renouvellement de la Commission, dans les prochains mois. Barroso est pressenti pour conserver son poste, mais gageons qu'il va y avoir de solides empoignades sur les autres commissaires, alors que la crise continue de s'installer et pourrait même s'aggraver. C'est d'ailleurs à la lueur de la férocité de ces empoignades et devant l'absence assez pathétique de campagne pour le renouvellement du Parlement qu'on pourra mesurer le centre réel du pouvoir européen.
Et pendant ce temps, en France, ... on fait encore une grève.