Pas de vide au Japon. La sagesse impose l’expérience et un nom. Trente ans après son père ,Takeo ,le conservateur modéré Yasuo Fukuda, 71 ans, a été officiellement adoubé à Tokyo pour succéder au Premier ministre démissionnaire Shinzo Abe, 53ans, et sortir la droite japonaise du PLD (parti libéral-démocrate) de la grave crise qui menace sa mainmise sur le pouvoir.
L'ancien numéro deux du gouvernement a obtenu 330 voix de parlementaires et de représentants régionaux du PLD contre 197 à son unique adversaire, le nationaliste Taro Aso, 67 ans. A l'annonce du résultat, M. Fukuda, s'est incliné devant ses pairs avant de faire sa première déclaration à la tribune. Ouverture et confiance.
"Je souhaite faire de mon mieux pour ressusciter le PLD. Je veux qu'il renaisse pour retrouver la confiance de la population et puisse mettre en oeuvre sa politique"", a dit le futur chef du gouvernement qui a déjà un joli record à son actif : il a été porte-parole du gouvernement durant1.289 jours de 2000 à 2004. On le dit « expert en dénouement des conflits ».
Cette éminence grise de l'ex-Premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), était jusqu’à présent un "homme de l'ombre", pondéré et consensuel, attaché à l'alliance américaine mais soucieux aussi des intérêts du Japon en Asie.
En politique étrangère, M. Fukuda s'est engagé à resserrer les liens avec la la Chine, répétant qu'il ne se rendrait pas au sanctuaire shintoïste du Yasukuni à Tokyo, haut-lieu spirituel du nationalisme nippon.Les visites du populiste Koizumi au Yasukuni avaient été en partie à l'origine d'une grave crise diplomatique entre Pékin et Tokyo en 2005-2006.
M. Fukuda a aussi laissé entendre qu'il préfèrerait la carotte au bâton dans le dialogue complètement bloqué avec la Corée du Nord et il ne paraît pas pressé de réformer la Constitution « pacifiste », contrairement à M. Abe qui se voulait plus tourné vers un renforcement des moyens d’actions militaires
Au plan intérieur, celui qui doit être investi PM ce mardi a promis de tout faire pour améliorer le lot quotidien des Japonais, en s'attaquant aux disparités sociales attribuées aux réformes libérales de M. Koizumi.
Mais la tâche qui l'attend est très ardue: désormais majoritaire au Sénat, l'opposition de centre-gauche a juré d'utiliser sa capacité de blocage pour forcer des élections législatives anticipées (avant l'échéance normale de 2009).
Habile stratège, le chef de l'opposition, Ichiro Ozawa, est déterminé à y parvenir en empêchant la reconduction de la mission navale japonaise de soutien à la coalition internationale en Afghanistan, au grand dam de Washington.Son Parti démocrate du Japon (PDJ) a réclamé à nouveau aujourd’hui la dissolution de la Diète et des élections "aussitôt que possible".