Magazine Politique
Ces élections européennes,pour le NPA/Front de Gauche, c'est un peu Nadal et Federer à Roland Garros cette année. Nadal n'est pas allé en finale. Federer a ENFIN gagné, mais pas contre Nadal.
Du point de vue des communistes, plusieurs choses ressortent de ce scrutin du 7 juin 2009.
1 ° L' Union Européenne, en tout cas, son soi disant "parlement", est vécue et perçue comme une arnaque capitaliste, en tout cas, disons au moins, une construction profondément anti-sociale, non démocratique, tout juste bonne à s'occuper d'écologie (et encore faut-il entendre ce que l'on appelle "écologie" dans le contexte actuel).
2° Une bonne part des abstentionnistes est, à l'évidence, constituée de citoyens qui refusent cette construction-là, qui méprisent la classe politique actuelle dans son ensemble, classe politique qui se tutoie sur les plateaux de télé alors qu'elle est supposée être composée de gens qui défendent des projets de société différents, voire, opposés. Classe politique qui a un point commun, à de très rares exceptions, vouloir imposer par les faits ce que certains disent même rejeter en paroles, se mettre, en tout cas, d'accord, pour continuer à cautionner la fausse démocratie bourgeoise et pour empêcher toute alternative d'une véritable perspective révolutionnaire et d'une démocratie prolétarienne.
Oui, l'abstention est à la fois le signe d'un profond mépris et d'un refus obstiné. Certes, l'abstention en général n'est pas "plus de droite que de gauche" par essence, mais elle l'est plus ou moins en fonction des enjeux et des scrutins. Et l'Union Européenne, normalement, et si ma mémoire ne me joue pas des tours, ça fait voter , depuis toujours, les gens de droite qui ont compris, eux, depuis belle lurette, ce qu'était l"euro-impérialisme et quels avantages ils avaient à la bichonner.
3° Les communistes qui se travestissent prennent immanquablement des gifles. Le Front de Gauche, s'il a officiellement vu la victoire de 4 de ses candidats, dont Mélenchon (qui devient ainsi momentanément un bon "cumulard), est EN RÉALITÉ un échec pour le PCF, par rapport à 2004, car si on fait correctement les comptes, le PCF "soi-même" perd même un élu (de l'ile de France) au profit d'une transfuge du PS "militante féministe" qui me semble plutôt "mélenchoniste" que communiste.
4° Les forces anticapitalistes qui ne savent pas être unitaires et ouvertes aux autres le paient aussi assez chèrement. C'est sans doute une des raisons du score mitigé du NPA, qui est resté très tourné vers lui-même pendant la campagne et n'a présenté quasiment que des militants NPA sur une ligne "100 % NPA".
NPA comme Front de Gauche ont affiché tous deux, chacun à leur manière, une volonté hégémonique, ou disons, une conception de la politique toujours "verticale", pensée en termes de "leadership", qui n'est plus en phase avec l'air du temps, puisque le temps semble venir enfin de la sortie de l'enfance politique réclamant une tutelle, la délégation de pouvoir, et un "homme providentiel".
5° Les restes de la vieille sociale-démocratie sont en train de disparaître définitivement. Le PS a pris la veste méritée après s'être essuyé les pieds sur le dos de notre vote "NON" de 2005, lorsque par abstention, il a collaboré avec l'UMP le 4 février 2008 pour faire passer le Traité de Lisbonne. C'est le moment de faire le ménage. Nous avons fait le ménage. Nous le ferons encore.
En d'autres termes, le score, tous partis confondus, de ce qui se revendique (à tort ou à raison) de "la gauche de gauche", compte tenu de l'abstention, est à peine satisfaisant.
Et c'est la conjonction de plusieurs "maladies", dont chaque partie, chaque "Nomenklatura" a sa part. Il n'y a pas plus de victoire du Front de gauche que de victoire (ou de défaite) du NPA. A peine le Front de Gauche est-il un peu moins démuni que le NPA puisqu'il emporte donc "4 élus" - mais si on doit se contenter de cela pour crier "hourra" on est mal barrés....
Il me semble que l'électorat communiste ( qui existe encore, on en a la preuve ici et ailleurs tous les jours) a simplement renvoyé dos à dos, ENCORE UNE FOIS, tous les succédanés de communisme qu'on lui présente sans discontinuer depuis des années: "collectifs unitaires anti-libéraux", "gauche populaire et anti-libérale", "front de gauche", "anti-capitalisme"...et a critiqué, encore une fois, l'absence de possibilité unitaire réellement radicale.
Cela témoigne en revanche d'une (très) bonne santé mentale de l'électorat communiste ou sympathisant communiste, socialiste révolutionnaire, qui, lui, et contrairement à ses soi disant "leaders médiatiques", n'a pas perdu complètement sa boussole ni certaines de ses valeurs fondamentales.
Mais partant du juste principe que "la pourriture est le laboratoire de la vie", à condition que toutes et tous nous nous retroussions les manches pour remonter la maison communiste sur des fondations solides, avec ou sans le PCF, avec ou sans le NPA, (avec tout le monde, ce serait mieux) tout n'est pas perdu et loin s'en faut.
Il faut être optimiste. Ne serait-ce que parce que, en ce 7 juin 2009, malgré tout ce que les médias menteurs nous diront, l'UMP et Sarkozy ont pris leur vraie première claque depuis mai 2007.
Nous avons, je pense, des raisons de l'être, optimistes.
Moi je le suis en tout cas. Pas par la méthode Coué, ni parce que j'ai abusé de ma moquette, mais parce que l'analyse des résultats "électoraux" doit nous incliner à être optimistes, SI, si nous savons à nouveau penser sur le long terme, de façon à la fois pragmatique, visionnaire, et radicale, si nous savons reprendre le contrepied exact de la pensée dominante, dans l'objectif unique de construire un projet politique révolutionnaire anti-capitaliste ( et ça, ça s'appelle donc un projet communiste, désolée...)
Nous, communistes, où que nous soyons, sommes une force. Une force éparpillée, une force en convalescence (ces 20 dernières années ont été tellement dures pour nous toutes et tous, depuis la chute du mur de Berlin, en gros), une force renaissante, mais une force réelle quand même.
Nous sommes confrontés à un éveil des consciences politiques chez nos semblables, dans notre classe, que nous devons absolument saisir.
Non pas pour nous rendre plus "sexy" en nous camouflant, non pas en essayant de coller à ce que les médias bourgeois nous tendent comme miroir aux alouettes. Non pas en allant faire des danses du ventre pour "remplacer" le PS.
Le Front de Gauche seul ne sera rien, pour des raisons de fond, tenant strictement à ce qu'il propose comme "vision du monde" (une énième resucée de la vieille social-démocratie, sans aucune perspective révolutionnaire).
Le NPA seul ne sera rien non plus, pour des raisons de stratégie, tenant principalement à ses relations avec le mouvement en général et les communistes dans le mouvement en particulier (une sorte de "grande LCR" donc).
C'est comme cela, je pense, qu'on peut analyser le résultat Front de Gauche/NPA : pour des raisons différentes, les électeurs "de gauche de gauche" ont renvoyé les deux formations plus ou moins dos à dos.
L'équation ne sera pas résolue en faisant simplement l'addition, factice, "Front de gauche + NPA". Certainement pas.
Pour être tout à fait complets, il est évident aussi que la galaxie communiste "activiste", principalement issue de l'éclatement progressif du PCF, est éparpillée sur toute la France, de façon très groupusculaire, sans parvenir à dépasser cela, ni à se fédérer, sans qu'aucune formation ne puisse prétendre à elle seule , remporter "le leadership", et c'est TANT MIEUX.
On ne sortira de ce cercle vicieux qu'en s'y collant toutes et tous, en reconstruisant un mouvement COMMUNISTE, où la liberté et le respect de l'autre seront la règle fondamentale, et dont l'objectif sera la mise au point, dans un travail collectif (et tant pis si nous sommes une addition de 150 "groupuscules"), d'un projet politique révolutionnaire susceptible de donner force et courage à tous les lutteurs en France, qui se battent contre le capitalisme.
On s'en sortira si on arrête de penser d'abord et exclusivement "parti" ou "formation", et qu'on recommence, majoritairement, enfin, à penser d'abord et avant tout "classe". PROLÉTARIAT. Alliés objectifs du prolétariat.
On ne s'en sortira, on n'avancera, nous, prolétaires, - dont les communistes doivent être, en effet, un "fer de lance" - , qu'en faisant, pour certains, acte d'humilité (au moins les pendules sont définitivement remises à l'heure ou presque, à part quelques obstinés, plus aucune formation communiste ou se réclamant du socialisme ne peut se prétendre plus "fine" ou plus "maligne" que les autres), pour d'autres, en abandonnant certaines vieilles lunes ("faire renaître le PCF" par exemple, ou "reconstruire le PS" ou "l'union de la gauche"), en acceptant ENFIN que le communisme n'est pas monolithique, qu'il n'est pas d'un bloc, que de ce point de vue il faut faire l'effort de sortir d'un point de vue théorique, du mauvais héritage de la IIIème Internationale.
Que, au contraire, le communisme connaît de nombreux courants, mais sur des bases communes intangibles (validité de l'analyse marxiste, combat contre le capitalisme, la bourgeoisie, leurs instruments de toute nature, perspective révolutionnaire n'excluant pas certaines réformes d'envergure, primat de la politique sur "l'économisme"...) et que, néanmoins, en toute logique, si nous ne sommes pas devenus toutes et tous complètement siphonnés, ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui nous divise.
Pour conclure donc, commençons par rassembler tous les communistes et sympathisants communistes en France, dans un projet enthousiasmant, celui de la construction d'une perspective politique révolutionnaire.
Je ne me joindrai plus à un mouvement qui prétendrait "reconstruire le PCF", même si je comprends les camarades qui en font encore leur cheval de bataille. En revanche, et comme tant d'autres, je participerai avec grand plaisir à des débats qui auront pour but cette refondation nécessaire, cette construction, non pas d'un "sujet politique" mais d'un PROJET POLITIQUE pour le communisme au 21ème siècle.
DU PASSE, FAISONS TABLE RASE!