Les résultats des élections du 7 juin obligent à tirer plusieurs conclusions.
1) Au plan national, la gauche n’a jamais été à la fois aussi divisée, et, en même temps, aussi forte. Symétriquement, l’UMP n’a jamais été aussi dominant, et aussi minoritaire…
L’extrême gauche est à 13%, les Verts à 16 et les socialistes à 17. Total : 46%. L’union de cet ensemble, pour difficile qu’il soit, n’est pas impossible, puisqu’il a eu lieu dans le passé récent (de fait, entre 1981 et 1995).
L’UMP est à 28%. Avec les divers droite – notamment Philippe de Villiers – on monte à 35%. Mais personne ne peut raisonnablement pensé que le Front national et autres mouvements dits d’extrême droite, qui assemblés ont obtenu 7% des voix, puissent se réunir avec le parti du Président. Et le Modem de François Bayrou, réduit à 8,50%, penche beaucoup plus à gauche qu’à droite.
C’est le premier et double paradoxe. Nicolas Sarkozy peut y trouver de nouvelles justifications de sa stratégie d’ouverture à gauche. D’autres – dont nous sommes – lui conseilleraient plutôt de cesser de faire la promotion de la culture de la gauche…
2) L’émergence des Verts est aussi impressionnante qu’inquiétante. Globalement, le parti de Cohn Bendit fait presque jeu égal avec le PS. Mais, à Paris, où la sociologie de l’électorat, plus bobo que partout ailleurs, grossit les phénomènes nationaux et souvent les anticipent, les Verts font près du double que le PS !
Or Dany-le-rouge est depuis longtemps partisan d’un compromis très simple avec ses vieux complices/ennemis sociaux-démocrates, qui peut ainsi se résumer : « à eux les places, à nous le programme ». Je crains que, sur une telle base, l’accord se fasse assez facilement et assez rapidement.
Les verts, en renonçant d’emblée au leadership, conforteraient leur influence réelle, qui est d’ors et déjà dominante dans les médias.
Si 85% des journalistes disent eux-mêmes voter plutôt à gauche, plus de la moitié de cette large majorité sont de sensibilité « écolo ».
C’est ce qu’on a encore vérifié avec la diffusion mondiale du film « Home » de Yann Artus-Bertrand, le 5 juin, ultime coup de pouce aux Verts. La politique dite de l’environnement est bonne pour les verts, comme la politique dite du logement social, ou de l’aide sociale est bonne pour la gauche. En ce sens, les hommes politiques de droite, depuis trente ans, auront beaucoup fait pour apporter des électeurs à leurs principaux adversaires…
3) À ce point de mon raisonnement, certains me feront remarquer que je me situe au plan de la politique politicienne. Mais il s’agit aussi d’un choix de société, le plus grave jamais posé… Si les catastrophistes de l’environnement et les réchauffistes du climat ont raison, si notre planète est en péril, à l’horizon des vingt prochaines années, alors il faut en effet fermer nos usines, en commençant par les mines et les centrales électriques, obliger le tiers-monde à en faire autant, et revoir complètement nos modes de vie et de consommation.
Car, au nom du réchauffement climatique, c’est ni plus ni moins à la croissance et au progrès, en commençant par notre liberté, que la terreur verte nous demande de renoncer.
Or, ce réchauffement climatique, proclamé par la pensée unique, n’est pas du tout certain ; au pire, il serait assez faible ; et probablement moins « industriel » que « naturel » (le CO2 est plutôt le fait des vaches que des usines !…). De toute façon les forces du marché sont plus efficaces pour s’y adapter que les réglementations étatiques.
Au nom d’un réchauffement climatique hypothétique, voulons-nous, oui ou non, renoncer à notre liberté ? Tel est l’enjeu de ce nouveau totalitarisme, dont les Verts de Daniel Cohn Bendit constituent l’avant-garde.
(Sur ce sujet lire impérativement, de Vaclav Klaus : « Planète bleue en péril vert »)
4) On vérifie une fois de plus que les élections à la proportionnelle sont à la fois plus justes, mais aussi qu’elles ouvrent la voie à toutes sortes de manipulations.
Le 7 juin au soir, en moyenne, dans toute l’Union Européenne, la droite et les conservateurs l’emportent. Et le 8 juin au matin, les écolos proposent une entente aux sociaux-démocrates pour essayer de barrer la route au président sortant de la Commission, Manuel Barroso, réputé de droite, en profitant de la dispersion des autres groupes.
On pense à certaines périodes de la Quatrième République, quand la victoire électorale d’un camp aboutissait à la désignation d’un Président du Conseil de l’autre camp…