Sur Twitter, François m'interpelle
:
je comprends pas ton assiduité à défendre la démocratie alors que c'est l'exemple vivant de sa débilité :D
Bonne question. Et bon constat. Mais la réponse est difficile. Et longue...
Pourquoi défendre la démocratie ? Personnellement, c'est juste une question de principe. Je pense en effet que la démocratie est la forme politique plus évoluée qui aurait pu permettre aux peuples de s'asservir des différents totalitarismes, du communisme au capitalisme en passant par le nazisme ou le "socialisme de marché", etc.
Or ce que je vois se produire aujourd'hui dans deux "démocraties" telles que la France et l'Italie me pousse à être très pessimiste quant à la capacité des peuples de s'asservir de ces totalitarismes en exerçant leur responsabilité, et leur discernement. Ou tout simplement leur esprit critique.
Dans l'article DÉMOCRATIE sur Universalis, l'auteur nous dit :
Le mot démocratie souffre d'un excès de signification.
(...)
C'est qu'en effet la démocratie n'est pas seulement une manière d'être des institutions, elle est plus encore peut-être une exigence morale. Or cette exigence n'est pas définissable dans l'abstrait, car son contenu est déterminé à la fois par l'insatisfaction que procure une situation présente et par l'image de ce que serait un ordre politico-social meilleur.
Il en résulte que le sens du mot démocratie varie selon le milieu et le moment dans lequel il est employé et selon le contexte doctrinal où il se trouve situé. Que cette ductilité du terme soit génératrice d'équivoque, c'est incontestable. Mais, à exclure l'ambiguïté pour élaborer une définition scientifique sans bavure, on risquerait de ne pas rendre compte du dynamisme qui est inclus dans l'idée démocratique et fait d'elle l'un des facteurs les plus puissants d'évolution des sociétés. Toute l'histoire prouve que la démocratie réalisée n'est jamais qu'un moment du mouvement démocratique. Un mouvement qui jamais ne s’arrête car, pour les hommes qui le suscitent, la démocratie c’est le Bien. Ainsi, elle n’est pas seulement une formule d’organisation politique ou une modalité d’aménagement des rapports sociaux ; elle est une valeur. Et c’est cette valeur, l’inaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif, qui constitue l’unité profonde de ce que, pour la clarté de l’analyse, on appelle les différentes conceptions de la démocratie.
(...)
Dans l’évolution de l’idée démocratique à l’époque moderne, on peut schématiquement distinguer trois phases.
- La démocratie a d’abord été considérée comme un moyen de la liberté. C’est à ce titre qu’elle s’est introduite dans les institutions sous sa forme exclusivement politique.
- Elle fut ensuite tenue pour un instrument de la justice, ce qui, outre les changements que cette interprétation entraînait dans l’organisation politique, provoqua son extension aux rapports économiques et sociaux.
- Enfin, et c’est l’étape dans laquelle sont engagées les sociétés hautement développées, la démocratie tend à assurer le contrôle de la collectivité sur la croissance économique et, à la limite, sur le bon usage de la prospérité.
Signé Georges Burdeau et non pas Paul Vaurs, qui a pompé presque entièrement l'article dans un billet à la gloire de Sarkozy, soit dit en passant. Sans vergogne, sans y changer une virgule et sans en donner la juste attribution à son auteur respectif. Décédé qui plus est, ce qui coupe court à toute contestation de sa part. On appelle ça du plagiat, Monsieur Vaurs, et il y a pour rendre hommage des moyens certainement plus élégants que de plagier en prétendant faire croire qu'on sait écrire...
Cette pauvre parenthèse étant fermée, revenons-en à la démocratie et à pourquoi la défendre. Car « elle est une valeur. Et c’est cette valeur, l’inaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif », que j'ai à cœur de défendre.
Car je n'arrive pas à me faire une raison de voir la facilité et la passivité avec lesquelles ces deux peuples se font manipuler à leur insu de leur plein gré !
Par deux hommes qui aimeraient faire croire qu'ils ont une stature de chefs d'état alors qu'en fait ce ne sont que de piètres candidats despotes en culottes courtes, petits moins par leur taille que par la mesquinerie de leur vision, au service exclusif de leurs intérêts et de ceux de leurs clans plutôt que des intérêts de ceux qu'ils gouvernent.
Deux hommes qui aiment à se copier l'un l'autre, qui ont vraiment beaucoup - trop - de points communs, et dont la mainmise sur les médias n'est certes pas le moindre.
Disons pour simplifier que l'un les possède, l'autre les contrôle, et tous deux les occupent en terrain conquis, les vampirisent avec un objectif commun : parvenir à aliéner « l’inaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif » ; or au vu des résultats, ils y parviennent très bien.
En confisquant chaque jour un peu plus cette soi-disant démocratie dans des institutions ne représentant plus qu'elles-mêmes et les "élites" familières des CdA (comme l'observe fort justement Nicolas Voisin, « Nous ne sommes plus représentés »...), en contaminant quotidiennement les esprits par une propagande de régime qui mélange les mots dans tous les sens jusqu'à le leur faire perdre, une désinformation permanente visant à caresser la majorité des peuples dans le sens du poil, et les peuples suivent en bons petits troupeaux ! Du bétail, vous dis-je, voici ce que nous sommes aux yeux de nos gouvernants. Voire moins que ça, mais sûrement pas plus...
Or l'un des premiers - et derniers - moyens d'expression d'une démocratie serait le vote. Oui, mais voilà, « le vote est un truc bien trop sérieux pour être laissé au peuple », qu'il convient donc de confiner dans une ignorance béate en l'entretenant de tout et de rien, de panem et circenses mais surtout pas des choses qui comptent, histoire d'éviter qu'il réfléchisse par lui-même, des fois que ses femmes et ses hommes seraient tentés d'exercer leur « inaliénable vocation (...) à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif »...
Risque désastreux qu'il vaut mieux éviter à tout prix. Et quoi de mieux pour l'éviter que de fausser le cadre d'ensemble ? Par exemple en continuant contre vents et marées à proposer la dichotomie manichéenne éculée droite-gauche, impertinente et politiquement incorrecte, dont chacune des composantes n'existerait pas plus sans l'autre...
Pour développer ma réflexion, je voudrais vous proposer la pensée de deux intellectuels italiens de premier plan, Norberto Bobbio et Giovanni Sartori.
Je commencerai donc par un extrait des leçons que le second tirait du premier, en ne définissant pas la démocratie comme un système politique mais en retenant la définition procédurale a minima qu'en donnait Bobbio : « Un ensemble de règles (primaires et fondamentales) établissant qui est autorisé à prendre les décisions collectives contraignantes et selon quelles procédures », pour mieux caractériser la démocratie en termes d'idéaux, d'idées et d'opinions :
En ces termes, nous pouvons déclarer que la démocratie est :Attention : seule la démocratie (démocratie libérale) peut être caractérisée de cette manière. Pas les autocraties. Car seule la démocratie se pose le problème de construire une « cité bonne », les tyrans n'ayant pour objectif que de construire une « cité forte », gouvernée par la force. D'où l'on peut en déduire que si les autocraties sont des régimes « élémentaires », la démocratie est un régime compliqué, « difficile » à concevoir et difficile à gérer. La question est donc de savoir si nos démocraties affrontent bien ou mal, avec succès ou non, les difficultés qui les caractérisent. Selon moi, mal ou, pour le moins, pas bien.
- un gouvernement d'idéaux, alimenté et enrichi par des idéaux ;
- un gouvernement d'idées (idéocratie) pour expliquer que la démocratie doit être raisonnée et comprise ;
- un gouvernement d'opinions, fondé sur le consensus et les opinions des citoyens.
Donc on ne va pas bien. Suis-je un pessimiste pour autant ? Norberto Bobbio a écrit de lui-même que « l'attitude pessimiste convient mieux à l'homme de raison que l'attitude optimiste », ce qui revient presque à dire que le réel n'est jamais rationnel, et qu'il est donc négativement interprété par l'homme de raison. Nous connaissons par ailleurs sa prédilection pour la formule selon laquelle le pessimisme de la raison doit être combattu par l'optimisme de la volonté. D'accord. Cependant, il y a pessimisme et pessimisme. Face au verre à moitié plein de l'optimiste et à moitié vide du pessimiste tous deux ont raison, mais si le verre est presque vide et que l'optimiste refuse de l'admettre, il a tort, un point c'est tout. Donc au-delà du pessimisme comme inclinaison, le problème est de savoir si un diagnostic est vrai ou faux (en tout ou en partie), et un pronostic fondé (crédible, probable) ou dénué de fondement. Or mon diagnostic est que la démocratie s'étend provisoirement dans l'espace mais n'avance pas sur le fond, et mon pronostic que sur le long terme son avenir est à risque.
- Le gouvernement des idéaux a été extrémisé par une vision perfectionniste de la démocratie, trop maximaliste et prescriptive, qui finit par buter sur les dangers opposés.
- Le gouvernement des idées, et, donc, de la force des idées et de la raison, est profondément érodé par l'avènement de l'homo videns, qui atrophie notre capacité d'abstraction et, partant, notre compréhension.
- Le gouvernement des opinions est de plus en plus confisqué par le gouvernement qu'exercent les médias, et notamment la télévision, sur l'opinion.
Entendons-nous bien : sa grande force est que dans le monde moderne (qui ne peut accepter le droit divin, la théocratie), la démocratie comme principe de légitimité n'a pas d'alternative. Toutefois ce principe de légitimité ne pourrait être qu'une coquille, une coquille vide, vidée de sa substance et dans sa substance. Et mon analyse craint avant tout cet évidement. J'ai dit plus haut que si un pessimiste a raison, il a raison : inutile alors de tenter de le disqualifier en le taxant de pessimiste. Toutefois l'autre travers consiste à être trop pessimiste, à excéder dans le pessimisme. Il se peut donc (l'optimisme de la volonté me conduit à l'espérer) que j'exagère. Or même si c'était le cas, pourquoi pas ? Dans l'univers théorique, il arrive que de fausses prophéties s'autoréalisent (ce fut le cas du marxisme), et que de vraies prophéties s'autodétruisent. Je propose donc pour ma prophétie (permettez-moi de l'appeler ainsi) l'autodestruction. Et dans ce but, exagérer ne nuit pas. Car si les gens commencent à craindre de perdre la démocratie, ils réagiront pour la sauver. Sinon ils resteront assis en passant leur temps à se plaindre. Le pessimisme n'est dangereux que s'il induit à se rendre, tandis que vouloir l'optimisme ou tranquilliser à tout prix en induisant les gens à ne pas réagir fait plus de mal que de bien. En conclusion, ..., (p)armi les trois points faibles que j'ai mentionnés, quel est le plus faible ?
Je dirais le second, à savoir l'affaiblissement des idées, la chute verticale du savoir à tous les niveaux. Le fait est que ne pas comprendre ce qu'est la démocratie implique qu'elle est bêtement et mal critiquée d'un côté, mal défendue et mal promue de l'autre. Et le fait est que depuis une trentaine d'années j'assiste avec horreur (oui, horreur) et terreur au déclin et à l'appauvrissement de la théorie de la démocratie, théorie qui n'est autre que le savoir qui explique ce qu'est la démocratie. Bobbio et moi sommes parmi les rares intellectuels qui ont cru et croient encore à la transmission des connaissances (qui est selon moi la première mission du docte), et qui lisent avant d'écrire ce qu'ont écrit leurs prédécesseurs. En revanche les nouvelles vagues de jeunes auteurs écrivent de plus en plus de livres sans bibliographies, puisés aux sources de leur génie. À quelques exceptions près, leurs (trop rares) lectures remontent à vingt ans auparavant, et ils ne font que citer des pairs et des compagnons de route aussi inexpérimentés qu'eux-mêmes.
Faites comme moi, lisez et relisez ce passage, vous verrez comme il est lourd d'implications...
Gouverner (dans son sens premier, qui veut dire "diriger", "conduire", "mener", etc.) des idéaux, des idées, des opinions, en voici une déclaration programmatique de mise en œuvre de la démocratie !
Or regardons autour de nous : quels sont aujourd'hui les idéaux de nos "gouvernants", quel est le pouvoir des idées (selon l'acception première d'idéocratie, qui tire son étymologie du grec ίδεα « idée » et κράτος « pouvoir », mais certes pas dans le sens d'une pensée unique érigée en idéologie), où va la soit-disant "opinion publique" ?
Des corps aux esprits, des êtres aux pensées, tout est réifié, marchandisé, uniformisé (par le bas, et non pas par le haut), lobbyisé (même racine étymologique que "lobotomisé" ?), écrasé, broyé sous le protéiforme pouvoir d'imposition des États-Nations, tout est récupéré au profit des puissants, qui monétisent ensuite en transformant le tout en prises de bénéfices...
Et quand je dis "tout est récupéré", il est clair que ça commence par les mots. Des mots qui finissent par n'avoir plus de signification tellement ils en ont, pratiquement une par locuteur, que les gens utilisent dans la vie de tous les jours sans plus aucune référence à un sens commun ! Demandez au citoyen lambda quelle différence y a-t-il, selon lui, entre une idée et une opinion ? Dans une dérive quotidienne qui va du révisionnisme au négationnisme purs et durs des enseignements de l'histoire. Je n'en donnerai qu'un exemple, ô combien parlant.
En Italie, le 25 avril est la fête de la libération. Où l'on entend par libération l'Italie libérée du régime fasciste et des nazistes. Qui fut en grande partie le fait de la résistance communiste. Ce qui explique aussi pourquoi pendant plus d'un demi siècle la présence des héritiers politiques du fascisme aux commémorations annuelles n'a jamais trop été à l'ordre du jour. Jusqu'au 25 avril dernier où Berlusconi a décidé de s'inviter (rappelons que le PDL est une espèce de foutoir qui intègre, entre autres, des "post-fascistes" de tous horizons), dans un souci de "réunification nationale"...
Il l'a fait à Onna, en plein cœur des Abruzzes sinistrées par un tremblement de terre, ajoutant symboles sur symboles (Onna, détruite par le séisme, avait déjà été le théâtre de représailles nazies en juin 1944, lorsque les allemands fusillèrent 17 villageois), où il prononça un discours d' « unité nationale renouvelée » que j'ai analysé ici (en italien). Je vous ferai grâce des "détails", en insistant juste sur le glissement sémantique que propose Berlusconi dans son discours, qu'il conclut ainsi :
Viva il 25 Aprile la festa della riconquistata libertà!
Vive le 25 avril, la fête de la liberté reconquise !
C'est très habile : sur le fond, aucune différence entre « libération » et « liberté reconquise » ; sur la forme, « reconquise » ne dure que le temps du discours et dès les premiers commentaires dans les médias, la « Fête de la Libération » devient la « Fête de la Liberté », dans un élan révisionniste et négationniste qui n'a heureusement trompé personne...
Voilà donc un exemple lumineux de la façon dont la politique et les politiques de tous bords récupèrent les mots pour en contourner et en récupérer le sens, ce en quoi ils sont d'une extrême habilité, entourés par des armées de conseillers en com et en pub, pour mieux nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Comme on dit en italien, ils nous pissent dessus et ils disent qu'il pleut...
Voici maintenant un autre exemple de la façon dont Berlusconi en particulier, et les politiques en général, pratique(nt) et insuffle(nt) subrepticement la haine. Lors de son discours pour la création du PDL, il a osé affirmer
:
N'oublions jamais qu'il y a eu dans notre pays des millions d'adorateurs de tyrans sanguinaires comme Staline, Mao ou Pol Pot.
"Non dimentichiamoci mai che nel nostro Paese ci sono stati milioni di adoratori di tiranni sanguinari come Stalin, come Mao, come Pol Pot".
Des mots injustifiables en 2009, des mots qui incitent à la haine, indignes d'un chef d'état ou de gouvernement. Mais surtout des mots qui proposent et reproposent à outrance la dichotomie gauche-droite, comme si nos sociétés n'avaient pas évolué depuis la IIe Guerre Mondiale, ou pour le moins depuis une vingtaine d'années avec la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide.
Selon moi c'est criminel de continuer à insister comme il le fait depuis 15 ans, depuis son arrivée en politique, sur cette opposition gauche-droite, pour monter les uns contre les autres, et en tout état de cause, comme toujours, il fait très exactement le contraire de ce qu'il dit. D'ailleurs, de Silvio l'Imposteur, Norberto Bobbio nous avertissait déjà :
L'une des raisons de la force (et, selon moi, de la dangerosité) de Berlusconi est qu'il s'est présenté comme le fondateur d'un nouveau parti, en opposition directe aux partis traditionnels, considérés décadents, de même que les fascistes s'étaient présentés en opposition vis-à-vis des partis politiques de l'Italie libérale". (de 1860 jusqu'à l'arrivée du fascisme)
"Una delle ragioni della forza (e per me anche della pericolosità) di Berlusconi consiste nel presentarsi come fondatore di un partito nuovo in contrapposizione ai vecchi partiti considerati decadenti, come i fascisti si presentavano nei confronti dei vecchi partiti dell'Italia liberale".
Il y a deux jours encore, dans son marathon télévisé à la veille des élections, il continuait à se présenter en entrepreneur forcé de lutter contre tous les professionnels de la politique, comme si lui-même n'était pas le premier et le parangon de ces politicards professionnels !
Qui n'existent que CONTRE mais jamais AVEC ! Or il est clair que la politique aujourd'hui ne doit plus se faire CONTRE tous ceux qui pensent autrement, mais AVEC toutes les forces vives de la société. Dans une pluralité gage de diversité, une complémentarité gage de richesse.
Car de fait, l'insistance obstinée de la politique politicienne sur cette distinction droite-gauche conduit forcément à une impasse, un "vicolo cieco" comme on dit en italien, une destination "aveugle". Aucune vision derrière, aucune perspective, aucun horizon.
Donc plus que jamais il est temps de contester cette distinction, pour faire en sorte que les notions de “droite” et “gauche” ne soient plus exclusives l'une de l'autre, ni ne rendent compte à elles seules de la totalité du champ politique, ce qu'elles sont et font depuis plus de deux siècles :
8. Droite et gauche sont rigoureusement dépendantes l'une de l'autre : que l'une vienne à disparaître et l'autre perd du même coup sa raison d'être. C'est ce qui s'est passé en Italie après la chute du fascisme : la droite était alors si décrédibilisée et marginalisée que la seule façon pour les tenants de cette position de s'affirmer dans le champ politique fut de nier la validité des notions de gauche et de droite, à la fois pour occulter leur propre faiblesse et pour dévaluer l'adversaire.
9. Or, la chute du Mur reproduit ce mouvement, mais cette fois aux dépens de la gauche. Certains sont tentés d'y voir une obsolescence des notions de droite et gauche, puisque cette dernière aurait disparu avec le communisme. (...)
10. Enfin, le dernier argument en faveur de la disparition de la dyade est apporté par ceux qui, constatant que les partis politiques mettent en avant des programmes électoraux de plus en plus semblables, en viennent à considérer l'opposition entre droite et gauche comme mensongère...
C'est ainsi que dans sa réflexion très poussée sur la démocratie et sur la participation active et non manipulée des citoyens à sa mise en œuvre, Norberto Bobbio nous invite à tenir haut le flambeau des idéaux de liberté politique & justice sociale.
Or que font nos politiques aujourd'hui ? Ils ont confisqué la liberté politique pour leur usage personnel et clanique et, surtout, ont transformé la justice sociale, attente légitime des peuples, en injustice sociale, condition illégitime des peuples.
Qui n'ont pas su ni voulu, ou les deux, en bref qui n'ont pas été capables d'exercer leur « inaliénable vocation (...) à prendre en charge leur destin ».
Quel dommage !
Est-ce que ça changera ?