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Militaire et technologies

Publié le 08 juin 2009 par Raymond Viger

Sylvain Sarrazin

(Agence Science-Presse) – Albert Einstein condamnait l’utilisation de ses travaux à des fins militaires. Tous ne l’ont pas suivi. Les scientifiques engagés par les gouvernements pour perfectionner leur matériel de défense se comptent par milliers. Et les trouvailles ont de quoi étonner, quand elles ne font pas frissonner. En tête de bataillon, on retrouve sans surprise l’Oncle Sam, plus important – et de loin – investisseur en matière de recherche militaire. Si les États-Unis aiment jouer aux petits soldats, ceux-ci ont souvent de gros bras, très bien équipés…

Jeux vidéos de combat

En janvier 2009, l’armée américaine débarquait en trombe… dans les centres commerciaux! Elle tentait de recruter du sang neuf par le biais de jeux vidéo. Des simulations de combat, bien sûr… très loin des champs de bataille irakiens. Les militaires se joueraient-ils des jeunes? Eh bien, pas tout à fait. Car une fois leur contrat signé, les engagés auront peut-être l’occasion de s’entraîner à nouveau de la sorte.

Au moment même où la jeunesse s’éclatait dans les arcades, des brigades entières de militaires professionnels ont pu tester un programme de réalité virtuelle, baptisé Joint Fire Coordination Exercise. Investis d’une mission, les participants contrôlent leurs moindres faits et gestes sur un terrain d’entraînement où ils peuvent être abattus à tout instant. Le principal avantage de cette nouveauté est qu’elle permet de s’exercer aux tirs groupés (plusieurs unités font feu sur la même cible), une manœuvre difficile à mettre en place dans une situation réelle.

Nanotechnologie et stratégie militaire

Ce divertissement très sérieux ne semble être qu’un amuse-gueule au vu des parties de cache-cache qui se profilent. Des scientifiques de l’Université de Berkeley viennent de présenter un nouveau matériau en trois dimensions complètement invisible à l’œil nu, une première. Grâce aux nanotechnologies, la lumière n’est plus reflétée par les objets; or, c’est ce processus qui permet à l’être humain de les capter visuellement. Le matériau redirige la lumière autour du sujet, un peu comme si elle le contournait.

Des formes simples sont actuellement employées pour la recherche, mais l’armée américaine planche sérieusement sur la mise au point d’une cape électromagnétique qui permettrait aux soldats de jouer à l’Homme Invisible. À terme, un char d’assaut entier pourrait se fondre dans le décor, ce qui présente un avantage certain sur l’adversaire au cours d’opérations militaires délicates. Au placard, la vieille tenue camouflage de papa…

Avions téléguidés

Ce n’est pas tout. Les militaires de tous pays tentent de renouer avec les joies des avions téléguidés de leur enfance. «La grande tendance internationale est centrée sur les véhicules sans pilote, quel qu’en soit le genre. On essaie de retirer la contribution humaine au plus loin des théâtres», indique Olivier-Pierre Jacquotte, chef de service de coopération de défense pour l’ambassade de France à Washington.

Ainsi, de la Chine à la Turquie, chacun mise sur les drones, ces avions contrôlés à distance (le Predator, appareil aux allures futuristes et initialement conçu pour récolter des renseignements, en est l’exemple type), afin de les perfectionner.

Véhicules hybrides

En Europe, où la collaboration technologique est active entre les pays membres de l’Union, la bataille se joue à 20 000 lieues sous les mers. Les voitures ne sont plus les seules à être branchées «hybride»: le sous-marin nucléaire Barracuda, attendu pour 2012, sera muni d’un turbopropulseur doublé d’un moteur électrique, ainsi que d’un équipement complet en suspension. Le signal acoustique émis, principale trace trahissant la présence du sous-marin, est ainsi quasiment étouffé. Au sein du monde du silence, être muet comme une carpe est un atout majeur!

Le milieu marin est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille de la recherche militaire canadienne. Peu étonnant au vu de l’étendue des eaux territoriales. Là aussi, les sous-marins jouent à cache-cache. Deux nouvelles technologies viennent de voir le jour pour échapper aux détections infrarouges, qui guident les missiles. La première autorise un refroidissement de la coque, la seconde réduit la température des gaz à échappement produits.

Bref, tout autour du globe, chacun aiguise son équipement en ayant recours aux toutes dernières technologies. Mais l’avantage n’est pas forcément acquis à celui qui est armé jusqu’aux dents. «L’équipement n’est pas une garantie de victoire, rappelle Yves Bélanger, directeur du groupe de recherche sur l’industrie militaire et la sécurité. Il faut aussi de la détermination et une stratégie adaptée.» Dans le cas du conflit israélo-palestinien, le chercheur indique que l’État hébreu «peut gagner la guerre, mais perdre la paix, tout comme les Américains en Irak.»


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